Ancienne plaque de cocher de la R.N.73 peu avant Beaune (photo: MV, avril 2010).
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SOURCES ET DOCUMENTS: Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959); carte Bourges-Mâcon n°69, Michelin (1963); carte Beaune-Evian n°70, Michelin (1929, 1982); Bulletin des lois de l'Empire français, Imprimerie impériale (1859) Bulletin des lois, Imprimerie nationale (1849, 1865); Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, A. Rousset (1854); Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais, Hachette (1965); «Le Finage antique et médiéval», Gérard Chouquer et Hans De Klijn, Gallia (1989); «Le pont Saint-Andoche a été réparé de nombreuses fois», Claude Chermain, dans le Journal de Saône-et-Loire (23 avril 2016); «Les origines de Seurre», Emile Thevenot, publié sur le site bm.dijon.fr (1955); «L'urbanisme d'Augustodunum (Autun, Saône-et-Loire)», Alain Rebourg, Gallia (1998); «Mémoire sur les routes romaines de la Bresse chalonnaise», B. Gaspard, Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône, imprimerie Dejussieu (1854); Notice sur les eaux minérales de Bourbon-Lancy, par le docteur Rérolle, imprimerie de Louis Perrin (1849); «Quelques généralités sur les voies de terre de la France suivies d'une description sommaire des routes situées dans l'arrondissement de Beaune», J. Carlet, Mémoires, volume 3, de la Société d'archéologie de Beaune (Côte d'Or). Histoire, lettres, sciences et arts, Impr. Beaunoise (1878); Statistique du département de Saône-et-Loire, Camille Ragut, Dejussieu (1838); «Voies romaines d'Autun à Beaune», Roland Niaux, Histoire et archéologie en Morvan et Bourgogne, sites.google.com/site/vniaux/home (1998); bourbon-lancy.fr; corberon.fr; gdhabitat.fr; luzy.fr; remparts-beaune.fr; Wikipédia, Wikisara. Remerciements: le Géoportail de l’IGN, Persée, CartoMundi.

BOURGS ET VILLAGES TRAVERSES EN 1959
Dole, Choisey, Tavaux, La Borde, Chemin, Annoire, Pourlans, Clux, Trugny, Seurre, Labergement-lès-Seurre, Corberon, Reullée, Beaune, Pommard, Volnay, Monthelie, Auxey-Duresses, Petit-Auxey, Melin, La Rochepot, Nolay, Saisy, La Drée, Creusefond, La Grande-Montée, La Chapelle, Saint-Pierre, Autun, La Guinguette, Chevannes, Les Quatre-Vents, Maison-de-Bourgogne, Les Châtaigniers, Les Clous, Bussière, Luzy, Maltat, Bourbon-Lancy, Le Fourneau, Garnat-sur-Engièvre, Chevagnes, Lusigny, Le Vernois, Yzeure, Moulins.
Après Beaune, la route tournicote entre les plus célèbres vignobles du bourgogne: un régal! Ici, nous sommes un peu avant Auxey-Duresses, en direction de Nolay (photo: MV, avril 2010).
Une voie romaine au beau milieu d'un rond-point! C'est à Autun et nulle part ailleurs (photo: MV, avril 2010).
Ce panneau Michelin (1966) bien conservé est à dénicher aux abords de Luzy (photo: MV, avril 2010).
A VOIR, A FAIRE
Seurre: l’hôtel-dieu, l’écomusée du Val-de-Saône; non loin, l’église de Bagnot et ses fresques.
Beaune: le merveilleux Hôtel-Dieu, la collégiale Notre-Dame et le centre ancien (place Fleury, rue et place Monge). On peut se promener autour du centre-ville en empruntant le circuit des remparts.
Pommard: son château, du XVIIIe, posé au milieu des vignes! Et, non loin, les jolis villages vignerons de Volnay, Monthelie et Auxey-Duresses. A Meursault, juste à côté, le château et ses 3500 m2 de caves, l’église Saint-Nicolas, la léproserie.
La Rochepot: un château de carte postale… reconstruit de 1897 à 1927 sur les plans d’une forteresse médiévale par la famille Carnot, qui fut, un temps, propriétaire de l’endroit.
Nolay: de vieilles halles du XIVe siècle et un quartier ancien à visiter le nez en l’air…
Autun: presque «sœur» et émule de Rome, la cité se visite avec les yeux grands ouverts. Des promenades en compagnie d'un guide-conférencier pour approcher les richesses de la ville sont recommandées. L'Autun romain montre de vastes restes (le théâtre romain, les portes d'Arroux et de St-André, le temple de Janus, les remparts); la ville haute médiévale (la cathédrale St-Lazare, le musée Rolin).
Luzy: l’hôtel de ville et ses huit tapisseries d’Aubusson.
Bourbon-Lancy: son quartier médiéval (maison à pans de bois, le beffroi, l’ancienne porte de la ville), le musée Saint-Nazaire (vestiges gallo-romains).
Moulins: les amateurs de travaux publics iront voir le beau pont Régemortes sur l’Allier (XVIIIe siècle) et la Citévolution (maquettes montrant l’histoire de la ville); la cathédrale Notre-Dame et la chapelle des évêques (voir le beau triptyque du Couronnement de la Vierge); le beffroi du Jacquemart, la Mal-Coiffée (plus ancien monument de Moulins); le musée Anne-de-Beaujeu; la place d’Allier (cœur de la cité).


Belles routes de France
R.N.73: LA GRANDE TRAVERSEE (II)
Après Dole, voici la région agricole du Finage et la vaste -et un peu ennuyeuse- plaine de la Saône. La route suit les traces de la grande chaussée romaine Besançon-Chalon. Puis notre R.N.73 historique s'oriente à l'ouest pour s'adonner aux joies bacchiques de la Bourgogne vineuse à Beaune avant de passer au large de l'austère Morvan et de finir tout en douceur au bord de l'Allier à Moulins... Un périple d'environ 400 kilomètres, nous indique l'Atlas des grandes routes de France Michelin de 1959 dont voici la deuxième partie Dole-Moulins. Faites ronfler le moteur! Un nouveau texte a été mis en ligne en mai 2020.

Après Dole, la route chemine avec de grandes lignes droites jusqu'à Beaune. La plaine de la Saône s'allonge devant le capot du véhicule... Une bonne raison pour reluquer en direction des bas-côtés (photo: Marc Verney, avril 2010). En cliquant sur l'image vous continuez sur la R.N.7 après Moulins!

A la sortie de Dole, la longue avenue Jacques-Duhamel emmène la D973 jusqu’à Saint-Ylie. La carte de Cassini (XVIIIe), publiée par le site Géoportail de l’IGN, mentionne une «route de Seurre» jusqu’aux limites du département du Jura et au-delà. On sait aussi que l’on se trouve sur un itinéraire antique Besançon-Chalon que l’on quittera peu après Annoire. En 1959, la sortie de Dole vers Beaune est plutôt agreste: il n’y a aucun bâtiment sur le coteau qui domine la vallée du Doubs et le canal Rhin-Rhône… Quelques années plus tard, «à partir de 1966», indique le site du Grand Dole, gdhabitat.fr, la butte des Mesnils-Pasteur verra «fleurir» la première Z.U.P. de la cité… On passe le hameau de Saint-Ylie, «qui occupe le sommet d'une éminence dont la base est baignée par le Doubs. Les côtes de la Bourgogne, les gradins du Jura, les pics du Mont-Blanc, la ville de Dole avec son majestueux clocher, des plaines d'une merveilleuse richesse (...), lui offrent de ravissantes perspectives», dit, en 1854, le Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté... Bon, c’est vrai, les choses sont un peu différentes aujourd’hui! Après être passé au large de Choisey, notre R.N.73 historique franchit le canal du Rhône au Rhin au niveau de l’écluse de Bon-Repos. Peu de répit, ici, pour le voyageur des anciennes routes, les infrastructures modernes ont totalement recouvert le paysage de leur empreinte de béton gris. On passe sous le viaduc de l’A39, puis l’on traverse le rond-point (d’où l’on laisse partir le contournement de la ville –D905- vers Poligny) en direction de Tavaux. A gauche, voilà encore l’aérodrome de Dole-Tavaux, mis en service peu avant la Deuxième Guerre mondiale comme plate-forme de secours (ou de dégagement) à la base aérienne de Dijon-Longvic. Et, à notre droite… voici les hautes cheminées de l’usine chimique Solvay, implantée dans la région depuis 1930… De 1932 à 2007, l’entreprise a utilisé le sel de Poligny pour produire différents produits (détergents, plastiques…).

La fertile et vaste plaine du Finage s'étale jusqu'à la Saône (photo: Marc Verney, avril 2010).

A Tavaux, la R.N.73 de 1959 traversait le village; elle y porte désormais le numéro D673e depuis le contournement des années 90. La chaussée, parfaite ligne droite, s’enfuit à l’horizon vers le village de Chemin, 9 km au sud-ouest de Tavaux. Ici, signale l'article «Le Finage antique et médiéval» de Gérard Chouquer et Hans De Klijn, le tracé de la «voie Chalon-Besançon se confond avec le tracé actuel de la R.N.73». Le village d’Annoire (restes d’une motte castrale du Xe) s’appelait, au Moyen Age, Grand-Noir, en opposition à la localité de Petit-Noir, située plus à l’est, entre deux boucles du Doubs. Le Doubs et ses caprices ont modelé cette plaine, fertile, mais soumise aux caprices de la rivière… On passe, pour quelques kilomètres, en Saône-et-Loire, après le petit pont sur la Sablonne, où l’on trouvait un moulin au XIXe siècle. Notre chaussée longe Pourlans et atteint Clux, d’où part, sur la gauche, la «voie romaine» qui s’orientait sur Chalon en passant le Doubs à Pontoux (Ponte Dubris), «sur un pont dont les vieillards du XVIIIe ont encore vu les piles et dont on reconnaît encore maintenant les débris, lors des basses eaux. Des restes de la route ont été aussi constatés sur cette commune», relate B. Gaspard en 1854 dans l'article «Mémoire sur les routes romaines de la Bresse chalonnaise». A la sortie de Clux, il faut suivre Beaune en Côte d'Or. L'atlas routier Michelin de 1959 nous montre effectivement que la route nationale 73 historique (D973 désormais) obliquait au nord vers Seurre alors que c'était la RN83bis (classée ainsi de 1839 à 1972) qui s'orientait à l'époque vers Chalon. On file jusqu’à Trugny où se trouvait, sous l’Ancien Régime, l’ancien carrefour de la route menant à Chalon. La carte de Cassini (XVIIIe) le montre bien, faisant passer ce chemin par l’actuelle D35d et la «route de Mont-les-Seurre» jusqu’au gué de Navilly. Un pont y est construit par l’ingénieur chalonnais Emiland Gauthey entre 1782 et 1790.

Le pont sur la Saône à Seurre (photo: Marc Verney, avril 2017).

Aux portes de Seurre, voilà Jallanges, traversée par la rue du Faubourg-Saint-Georges. Les lieux furent construits au Xe siècle lorsque les habitants du Vieux-Seurre durent évacuer leur village, dit le site jallanges.fr. Le bourg passe sous l'influence des comtes de Vienne qui y bâtissent un château-fort. Plus tard, la place fut en partie démolie par le duc de Guise en 1549 et ses matériaux utilisés pour la fortification de la ville de Seurre. Dans un article ancien publié sur le site bm.dijon.fr, Emile Thevenot déclare que «dès les premières décades de l'époque romaine, le port de Seurre apparaît florissant. (...), comme l'un des entrepôts, égrenés au bord de la Saône, d'où les amphores et leur contenu s'en allaient, par voie de terre, vers les bourgades de l'intérieur». Mais, par contre, le site ne semble pas être, dès cette époque, un point de passage principal sur la rivière, puisque, souligne encore Thevenot, «la voie d'Autun à Tavaux et Besançon ne passe pas à Seurre, mais traverse la Saône au gué de Glanon», une dizaine de kilomètres au nord. L'histoire du franchissement de la rivière à Seurre même nous est contée par un panneau d'information placée sur la culée de l'un des anciens ouvrages... Passage délaissé jusqu’au XIIIe siècle, notamment par l’important trafic commercial du sel en provenance du Jura, on trouve ici au Moyen Age un ouvrage en bois qui tiendra bon jusqu'aux guerres de Religion. «En 1617, lit-on, Roger de Bellegarde, gouverneur de Bourgogne et duc de Seurre, ordonne la construction d'un nouveau pont de pierre à péage (...). Lors de la crue de 1709, il est emporté à son tour par les eaux de la Saône». Des années de déconvenues s’annoncent: pourtant réalisé par des ingénieurs de renom, un pont pratiquement réalisé s’effondre en 1731 et 1741. Le pont de bois qui suivra à la fin du XVIIIe siècle ne vivra que jusqu’en 1812… Et ses frères ne feront pas long feu non plus! «Entre 1868 et 1965, c'est un pont en fer, sorti des ateliers du Creusot, qui relie les deux rives de la Saône. Il sera partiellement détruit au cours des guerres, en 1870, 1940 et 1944. Ce pont est finalement remplacé en 1965 par un pont en béton armé», précise encore l'affichage touristique de la cité de Seurre. De l’autre côté, depuis le lieu-dit le Portail, on prend la direction de Beaune. Jusqu'à Pouilly-sur-Saône, la chaussée est supportée par une longue levée dont les travaux initiaux ont été réalisés entre 1612 et 1621, supprimant une très ancienne «vie de Seurre» qui serpentait dans les champs jusqu’à Labergement. Il y avait trois ponts permettant de rouler sur cette levée, raconte J. Carlet dans un article publié en 1878 par la Société d'archéologie de Beaune: «Ils étaient destinés à donner passage aux eaux d'inondation de la Saône. Ces ponts qui ont, chacun, une longueur de 23 m entre les culées ont été construits antérieurement au XIXe siècle et étaient composés de trois travées. La dernière restauration, opérée en 1871-1872, a consisté, pour le premier pont, dans la confection d'un nouveau tablier en charpente; pour les deux autres, dans le remplacement du tablier par des voûtes en arc de cercle». A Pouilly, la route n°73 d'antan laisse partir au nord l'ancienne R.N.396 (Dijon) pour filer en quasi ligne droite vers Beaune. A l'horizon, immanquable d'ailleurs, la belle côte des vins de Bourgogne s'impose peu à peu aux regards des automobilistes!

R.N.396: DELICES DE BOURGOGNE...
Voilà une route qui vous surprendra! Une vraie promenade de plus de 300 km sur un axe qui mérite le label "route buissonnière" (lire)

Gros plan sur la plaque de Labergement (photo: Marc Verney, avril 2010).

Là, précise J. Carlet, le prolongement de la chaussée de Seurre vers Beaune n'a été «commencé qu'en 1751 sous la direction de l'architecte Quinard. Autrefois, ce grand chemin allait de Beaune à Bray (aujourd'hui Gigny) et empruntait, à partir de ce village, la voie romaine jusqu'au pont de la Chargeolle». Une rectification légère de la chaussée est mentionnée dans le Bulletin des lois de 1865 à Labergement-les-Seurre au lieu-dit «la Rue-de-Pouilly». Peu avant Corberon, et au niveau de l’étang de Champ-Jarley, notre chemin croise le tracé d’une voie antique nord-sud très bien tracée sur la carte d’état-major du XIXe siècle publiée sur le site de l’IGN. Celle-ci, dénommée voie de «Lyon à Trèves» sur ce document, était sans doute la «voie du Rhin», un itinéraire stratégique romain de première importance. D'ailleurs, avance le site municipal corberon.fr, «des vestiges de construction situés le long de cette voie laissent supposer ici la présence d’un poste militaire». Une douzaine de kilomètres à l’ouest, se dessinent sous nos yeux les premiers faubourgs de Beaune. La petite cité est ceinturée par une série de boulevards qui séparent le centre historique des faubourgs. Le long de ces chaussées, bien pratiques pour éviter les étroites ruelles du centre, on voit encore une grande partie des remparts. C’est «une des plus exquises cités françaises», s’exclame le Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais de 1965. Beaune, fut, nous rappelle le guide, sous le nom Belna, le chef-lieu d’une portion du territoire des Eduens durant la période gallo-romaine. Depuis la charte d’affranchissement octroyée en 1203 par le duc de Bourgogne, la ville connaît une période de grande prospérité et se développe loin du castrum le long de la voie de Chalon à Dijon. «C’est ainsi qu’au XIIIe siècle se dessine le plan de Beaune avec un tracé des rues presque inchangé à ce jour», lit-on sur le site remparts-beaune.fr. Du Moyen Age au XIVe siècle, la cité est considérée comme la troisième ville de Bourgogne par les ducs, qui en font un lieu de villégiature. «Après la mort de Charles le Téméraire, en 1477 et l’annexion du duché de Bourgogne par Louis XI, Beaune se soulève et prend parti pour Marie de Bourgogne, fille du Téméraire», raconte encore le site remparts-beaune.fr. Mal lui en prend: un siège de cinq semaine en vient à bout et le royaume de France renforce les fortifications de la place, devenue quasiment ville frontière avec la Comté, restée terre d'Empire. En 1674, l’annexion de la Franche-Comté par Louis XIV –qui repousse la frontière française à l’est- rend inutile les remparts de Beaune. Les fortifications ne sont pas réellement détruites mais transformées en promenades plantées à la fin du XVIIIe siècle. De même, on modifie les entrées de la ville afin de faciliter la circulation. Aujourd’hui, tours et bastions restants servent de caves à vin… préservant de ce fait, près des trois-quarts des ouvrages! Aujourd'hui, Beaune est considérée dans le monde comme la capitale des prestigieux vins de Bourgogne. On y entre par la «route de Seurre» qui se faufile jusqu’au boulevard Jules-Ferry par le faubourg de la Madeleine. Dans l'Antiquité tardive (et jusqu'au XIIIe siècle), l'afflux de trafic en provenance et à destination des ports de la Saône, «favorise, dit le site beaune.fr, la fixation de populations burgondes qui s’installent hors des limites du castrum, donnant naissance à ce qui deviendra, côté est, le faubourg des Eschaliers, futur faubourg Madeleine. Il englobe l’actuelle rue d’Alsace et la rue du Faubourg-Madeleine». Au XVIIIe siècle, poursuit le site municipal, le faubourg connaît une «forte croissance, passant de 820 habitants en 1700 à 1170 en 1788. Il est occupé par des artisans et vignerons aux revenus modestes»; cependant, le trafic de la Saône entretient toujours plusieurs auberges.

La porte Saint-Nicolas à Beaune (photo: Marc Verney, août 2019).

R.N.470: DES COLLINES ET DES MONTS
Entre Bourgogne et monts du Jura, la route nationale 470 historique se faufile au travers des plus belles contrées de la région (lire)

R.N.74: DE L'EAU DANS LE VIN...
En 1959, la route nationale 74 relie l'Allemagne à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) en passant notamment par Sarreguemines, Nancy, Langres, Dijon, Beaune... (lire)

Dans la région de Beaune, le vin est roi (photo: Marc Verney, avril 2010).

Dès lors, on va faire le tour quasi complet de la ville par les boulevards extérieurs pour atteindre la rue du Faubourg-Bretonnière… Il est amusant de constater que Beaune est déjà dotée d’un contournement, visible sur la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par le Géoportail qui relie –par l’est- les chemins de Dijon et de Chagny! Le faubourg Bretonnière était l’un des principaux points d’entrée (et de sortie) à Beaune: «Dès 1231, signale beaune.fr, la "porte de Bretenière" est citée: elle donne directement sur la rivière, à l’extrémité nord de l’actuelle rue Maufoux». Là, en direction de Chalon, des auberges se sont installées, comme l’Ecu de France. La plus importante était sans doute l’hôtel de l’Arbre-d’Or, devenu l'hôtel de la Poste, héritier de l’ancienne poste aux chevaux. Il y avait en cet endroit une porte de ville, tout comme au nord, se trouvait la porte Saint-Nicolas. Elle est terminée, nous dit le site municipal, «en 1782 sur les plans du voyer Quinard». Mais, trop étroite pour absorber l'important trafic, elle est démolie moins de cent ans plus tard par décision municipale en novembre 1869... Rapidement, on laisse partir sur la gauche, la départementale 18, qui n’est autre que l’ancienne route de Chalon qui s’orientait vers Bligny-les-Beaune (déjà marquée comme telle sur la carte de Cassini!). Quelques centaines de mètres plus loin, voilà le carrefour de la Croix des Levées (Cassini), d’où s’échappe, à gauche, la route de Chagny, et, à droite, la chaussée de Nolay (R.N.73 historique). Derrière les hauts murs de pierre blanche, se trouvent les vignobles réputés. Et les noms chantent aux papilles des amateurs de grands crus bourguignons: Pommard, Volnay, Auxey-Duresses, Monthélie... Dès lors, la route, dessinée sur la carte du XVIIIe publiée par l’IGN virevolte au coeur des ceps. A quatre kilomètres de Nolay, le village de la Rochepot, est célèbre pour son château de carte postale (reconstruit au XIXe siècle) et la fameuse côte de la R.N.6 historique qui était d'ailleurs l'une des principales difficultés de cette route Sens-Lyon jusque dans les années cinquante... A l’époque, la route Moulins-Bâle croisait directement la nationale 6 (devenue D33) aux portes du village. Depuis 1955, un contournement, débutant à Saint-Aubin, utilisant en partie l’ancien tracé de la D33 par le bois de la Manche, et évitant largement l’âpre montée, permet à la R.N.6 (devenue D906) de grimper plus progressivement vers le lieu-dit de Bel-Air, où se trouvait un des célèbres restoroutes de cette route Paris-Lyon. Aujourd’hui, vers Nolay, le pont de la déviation est supprimé en faveur d’un rond-point en service au XXIe siècle.

On traverse la belle côte des vins de Bourgogne (photo: Marc Verney, avril 2010).
Auxey-le-Petit (photo: Marc Verney, avril 2010).

R.N.6, LA ROUTE DES ALPES
Chalon, Mâcon, Lyon, Chambéry, suivez le jeu de piste de la N6 historique (1959) jusqu'en haut du col du Mont-Cenis. Ca décoiffe de visiter les belles routes des Alpes... (lire)

On arrive à Nolay et ses belles halles du XIVe siècle par l’avenue Eugène-Spuller. Là, dit le site nolay.fr, se trouvait «un site gallo-romain. Le bourg est cité pour la première fois en 885. Après les invasions barbares, la ville s'était dotée d'un château, situé à l'emplacement de l'actuelle place Carnot et qui, au XVe siècle, a abrité les ducs d'Aumont. Il n'en reste pratiquement rien aujourd'hui». La petite cité, bien mignonne, est la patrie de la famille Carnot: Lazare Carnot (1753-1823) fut membre de la Convention, Son petit-fils, Sadi Carnot (1837-1894), a été successivement député de la Côte d’Or, préfet, ministre, puis président de la République... Juste après Nolay, la route s'élève et côtoie, un temps, l’ancienne ligne de chemin de fer entre Santenay et Epinac, où l’on remarque les viaducs de Rochabec et de Cormot ainsi que le tunnel de Changey. On passe, en même temps que la frontière départementale entre Côte d'Or et Saône-et-Loire la ligne de partage des eaux entre le bassin du Rhône et de la Loire. On longe Changey sur une chaussée rectifiée pour arriver à la Pierre-de-Saisy puis à la Drée où l’on traverse la rivière du même nom. Cet itinéraire, visible sur la carte de Cassini (XVIIIe), semble bien avoir été réalisé sous l’Ancien Régime. D'après l'historien Emile Thévenot, cité par Roland Niaux dans l'article «Voies romaines d'Autun à Beaune», le chemin antique d'Autun à Beaune se dirigeait sur Epinac par Creusefond pour ensuite rejoindre Molinot, et à partir de là, poursuit Niaux, «sous le nom de "Terreau de Beaune", tendait vers Saint-Romain, par Santosse et le bois de Salège». Cet itinéraire aurait perduré jusqu'à l'époque moderne: Molinot, écrit encore Roland Niaux «est resté en effet une cité-étape et un relais de diligence sur l’ancienne route de Lyon à Paris. La voie d’Autun à Beaune par Molinot est restée une voie Autun–Molinot, voie de rattachement d’Autun à l’axe Paris–Lyon. Dans les mêmes temps, on se rendait d’Autun à Beaune, non plus par Molinot ou par Aubigny, mais par Nolay et la Rochepot». Quoi qu’il en soit, la route, sinueuse à souhait, monte et descend le long de belles collines boisées environnées de champs où paissent, placides, de lourds boeufs charolais. A l'horizon, voici maintenant Autun, belle cité à l'histoire millénaire qui s'étend en amphithéâtre sur le versant boisé de la montagne de Montjeu. De par ses monuments antiques, c'est l'une des villes les plus intéressantes de France. Car Autun est l'ancienne Augustudunum. Installée sur l'axe Lyon-Boulogne, la ville gallo-romaine, florissante, fut célèbre par la splendeur de ses bâtiments et le rayonnement de ses écoles. Il s'agissait aussi de «ringardiser» Bibracte, la capitale des Eduens, toute proche... Plus tard au XVe siècle, Nicolas Rolin, avocat originaire d'Autun est nommé chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon. Au cours du XVIe siècle, la cité est la deuxième agglomération de Bourgogne. C'est encore aujourd'hui une sacrée ville-carrefour avec des échappées vers Château-Chinon et Chalon-sur-Saône (ex-R.N.78), Saulieu et Le Creusot (ex-R.N.80), Dijon, Beaune, et donc Moulins... L’ère industrielle s’ouvre à Autun avec l’exploitation des schistes bitumineux sur le site des Télots, dont on extrayait une huile comparable au pétrole. Dans les années trente, le site, où il ne reste aujourd'hui que deux grands terrils, produisait jusqu'à 70 millions de litres d'essence par an. On entre dans la cité par la «route de Beaune» et l’avenue du Deuxième-Dragons.

R.N.78: LE JURA PAR LE MORVAN
La RN78 de 1959 relie Nevers à St-Laurent en Grandvaux en passant par le Morvan, les beaux vignobles de Bourgogne et Lons. Une route pleine d'histoires à suivre ici (lire)

R.N.80: UN TRAVAIL DE (GALLO) ROMAINS!
Entre Châtillon-sur-Seine et Cluny, la route n°80 rencontre de belles cités de caractère et zigzague au milieu de paysages nobles et sereins marqués par la patine du temps... (lire)

En prenant la direction de la gare, on quitte la ville par la rue du Faubourg-Saint-Andoche qui mène au carrefour de la Légion. Mais auparavant, il faut traverser l’Arroux. «Le pont Saint-Andoche, jeté sur l’Arroux à l’entrée de la ville, n’existait pas à l’époque romaine», écrit Claude Chermain, le correspondant autunois du Journal de Saône-et-Loire, dans un article consacré à l'ouvrage qui supporte aujourd’hui le trafic des anciennes R.N.73 (vers Moulins) et R.N.78 (vers Château-Chinon). Un premier pont en pierre, continue le journaliste, réalisé avec des matériaux récupérés sur des édifices romains est attesté dès le XIIIe siècle. Il subira maintes fois les colères de l’Arroux avant d’être «reconstruit à neuf en 1781, avec quatre arches au lieu de deux». Au lieu-dit la Folie (auj. carrefour de la Légion en hommage à un combat de la Libération), on voit clairement se séparer, sur la carte de Cassini (XVIIIe), les routes de Moulins et de Château-Chinon. Ici, ces chaussées remontent donc au moins à l’Ancien Régime. Il ne faut pas oublier qu’elles recouvrent aussi des voies antiques, comme celle de Bourbon-Lancy pour notre R.N.73 historique, ainsi que le stipule Alain Rebourg dans son article «L'urbanisme d'Augustodunum (Autun, Saône-et-Loire)». L’actuelle D681 prend désormais la direction de Luzy. Au rond-point, en sortie de ville, la municipalité a recréé quelques mètres de voie romaine... Sur sept kilomètres, la chaussée suit la vaste vallée de l'Arroux, puis laisse filer sur sa gauche l'ancienne N494 (D994) menant à Toulon-sur-Arroux. Au loin, sur la droite, la masse imposante du mont Beuvray (810 m, panorama). On passe au large de la Comelle, «située près de la route royale n°73, de Moulins à Bâle», nous dit la Statistique du département de Saône-et-Loire de 1838. C'est au niveau du hameau de Bourgogne (ou Maison-de-Bourgogne) que la route entre dans la Nièvre. Au niveau du hameau de la Bussière, signale la carte de Cassini (XVIIIe), notre voie laisse partir sur la droite un «ancien chemin des Romains» qui s’oriente vers Decize par le Grand-Marié, la Garde et Avrée. Plus loin, après avoir traversé un paysage de collines accidentées, nous arrivons à Luzy par le faubourg d’Autun et l’avenue du Docteur-Bramard. La petite ville est située sur la rivière Alène, dans une sorte de cuvette environnée de petites bosses boisées. «Luzy a été construite sur le site d’une probable importante villa gallo-romaine, indique le site municipal luzy.fr. C’était alors un castrum (un camp fortifié) qui commandait le cours de l’Alène». Au castrum succède la forteresse féodale. La ville est affranchie au XIIIe siècle par les seigneurs du lieu, Héloïse et Henri de Brancion, qui octroient une charte aux habitants au mois d’avril 1252. Plus tard, «au XIVe siècle, poursuit luzy.fr, les barons donnèrent à la ville l’autorisation de se protéger en construisant une muraille». Enfin, la réalisation du chemin de fer de Nevers à Chagny, ouvert en septembre 1867, favorisa le développement des activités commerciales. C'est là que la R.N.73 historique croise la «route buissonnière» en provenance de Nemours (ou de Lyon, lorsque l'on arrive du sud).

A Maison-de-Bourgogne, cette ancienne plaque bien rouillée porte, visible cependant, le n°73 (hoto: Marc Verney, avril 2010).

LE COUP DE LA "ROUTE BUISSONNIERE"
Route alternative et vraiment mignonne pour rejoindre Lyon, la "route buissonnière" sillonne depuis Nemours des régions un peu oubliées et pleines de charme... (lire)

On quitte Luzy par l’avenue Marceau (D973). Au niveau du hameau de Saint-André, la route ancienne filait tout droit vers Cruze (le domaine Creuze, sur la carte du XIXe). Un décret impérial du 23 avril 1859 mentionné dans le Bulletin des lois de l'Empire français décide d’une rectification évitant les champs des Combes. Plus loin encore, le bitume suit le bucolique val de Somme sur un tracé récent, entre Pont-de-Vaux et Crécy. L’ancienne chaussée, dénommée «route de Marly» (d’avant 1862, selon Wikisara), partait de Chaunat, ondulait autour de Saint-Loup, Maucru et piquait vers Cressy-sur-Somme et le lieu-dit Au-Pont par le Baraudat. Plusieurs autres rectification sont à remarquer sur cet axe bien remanié: entre Lavault et Saint-Clément, où l’on trouve désormais une carrière sur le tracé rectiligne de la voie, à Maltat, où il faut suivre la D281 jusqu’au Caboulot pour rester fidèle à l’ancien chemin d’avant 1851 (Wikisara) et à l’Engarde, où la «rue d’Autun» file beaucoup plus droit que l’actuelle D973.Dans la région, le Bulletin des lois de 1849 aura, de son côté, pointé les projets de rectification de la «route nationale n°73, entre le pont du Fourneau et le pont de Vaux, sur le plan présenté par l'ingénieur en chef, à la date du 27 novembre 1847». L’étape suivante, Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire), est une station thermale connue depuis des temps très anciens. La ville, écrit la Notice sur les eaux minérales de Bourbon-Lancy, «est assise aujourd'hui à la place du château-fort qui protégeait l'ancien Bourbon. Bâtie en amphithéâtre sur une colline élevée, dernier anneau de la chaîne granitique des montagnes du Morvan, elle domine au loin la vallée de la Loire. (...) Le surnom de Lancy viendrait d'un ancien seigneur nommé Ancellus. Suivant Courtépée (historien bourguignon, NDLR), Bourbon était habité du temps des premiers empereurs romains». Après un quasi oubli au Moyen Age, les thermes reprennent du service au XVIe siècle: à l’époque, écrit le site bourbon-lancy.fr, nombre de riches et illustres personnages font des cures thermales et bien des «hommes de science» y viennent pour tenter d'expliquer le jaillissement des eaux chaudes. «Réputées soulager les douleurs articulaires et autres sciatiques, écrit le site municipal, elles auraient aussi guéri les stérilités féminines». L'établissement thermal actuel a été construit au XIXe siècle à l'emplacement des anciens bains romains. La route nationale 73 historique traverse la ville en tournant à angle droit au niveau de la place de la République en y croisant l’ancienne route Nevers-Mâcon (l’ancêtre de la R.N.79) qui file, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, vers Digoin par Les Guerreaux. On laisse Bourbon-Lancy pour suivre l’avenue Emile-et-Claude-Puzenat en direction en direction du port du Fourneau, sur la Loire. Un peu avant, au carrefour de Menaud, notre voie croise la D979 (la R.N.79 historique Nevers-Macon, réalisée après le milieu du XIXe et visible sur la carte au 1:200.000 de 1881 publiée par CartoMundi).

Beaucoup de charolais dans le décor de cette R.N.73 historique.... (photo: Marc Verney, avril 2010).
Gros plan sur une ancienne plaque indicatrice de la R.N.73 à l'entrée de Bourbon-Lancy (photo: Marc Verney, avril 2010).

R.N.79: DU CHAROLAIS AU JURA
En 1959, la route nationale 79 nous conduit de Nevers à La Cluse sur la commune de Montréal-la-Cluse dans le département de l’Ain (monts du Jura). Des paysages plein la vue!(lire)

Le franchissement de la Loire, explique bourbon-lancy.fr, remonte ici à l'empire romain. «Toutefois, continue le site municipal, les crues de la Loire et les guerres ont suspendu cette voie et jusqu'au Moyen Age, il n'y a eu aucun pont entre Decize et Digoin sur 70 km. Entre Bourgogne et Bourbonnais, la Loire était aux temps médiévaux, un moyen de défense convoité. Aussi de tout temps, a-t-il existé à cet emplacement un passage à gué». En 1836, on y ouvre un pont suspendu à péage et à tablier de bois qui est, hélas, emporté par une crue du fleuve dix ans plus tard... En 1849, un nouveau pont suspendu voit le jour; mais sa faible résistance impose son remplacement. Ce qui est fait de 1931 à 1934, précise le site bourbon-lancy.fr. Ce nouvel ouvrage est en béton, il est composé de cinq arches pour une longueur de 250 mètres entre les deux culées. La chaussée est de 6 mètres de large; il y a des trottoirs d'un mètre longés par des garde-corps en béton.

Le pont du Fourneau, après Bourbon-Lancy (source: Wikipédia, photo: Glabb). Image signalée libre de droits par l'auteur.
En arrivant sur Moulins.... (photo: Marc Verney, avril 2010).

La route en profite pour pénétrer dans le département de l'Allier. Grâce au Géoportail de l’IGN, on remarque que le chemin est tracé dès la carte de Cassini (XVIIIe). Son ultime but, Moulins, n'est plus qu'à une trentaine de kilomètres. On saute le canal latéral à la Loire (entre Digoin et Briare, il est en service depuis 1838) à la hauteur de Garnat-sur-Engièvre puis c'est une longue ligne droite qui nous fait passer en douceur du bassin de la Loire à celui de l'Allier. Après Chevagnes et Lusigny, on laisse, à gauche, le château de Pomay (fin XVIe) où la mère et la femme du surintendant Fouquet se retirèrent après sa disgrâce. Là, il ne faut pas tenir compte du numéro bizarre attribué à la chaussée actuelle (D779)… On est bien toujours sur la R.N.73 historique! Quasiment dans les faubourgs de Moulins, voilà Izeure (église romane du XIe et XIIe siècles). On arrive dans Moulins par la rue de Bourgogne (logique!). Bâle et la Suisse semblent bien loin!!

Marc Verney, Sur ma route, mai 2020

R.N.7: LA ROUTE DES MILLE BORNES
La N7 est sans doute la plus connue de nos nationales historiques. Voilà la plus sympathique des balades vers la Côte... A faire tranquillement depuis Moulins (lire)

R.N.9: SILLON D'AUVERGNE
La RN9 de 1959 relie Moulins à l'Espagne en passant par Clermont-Ferrand, Millau, Béziers et Perpignan. Une route lascive et belle comme le vent sur le Causse. (lire)

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