En  1959, la R.N.76 historique débute au pied de l’ancien domaine de Grandmont à  Tours, au carrefour avec la R.N.10, qui, elle, va escalader la montée de  l’Alouette après avoir traversé Tours par la percée Nord-Sud réalisée sous  l’Ancien Régime. La «route de Nevers», créée à la sortie de Tours dans la  seconde moitié du XVIIIe siècle, suit, dans un premier temps l’actuelle route  de Saint-Avertin. Ce village, à l’histoire très ancienne, fut un point de  passage du Cher entre Loches et Tours: Henri II Plantagenêt y aurait fait bâtir  un pont en 1162, remarque Wikipédia. De fait, la carte de Cassini  (XVIIIe) publiée par le Géoportail de l’IGN montre les traces d’un  ouvrage sur la rivière au niveau du lieu-dit la Haute-Arche (celui-ci aurait  été détruit au XIVe siècle). La D976 actuelle coupe cette ancienne voie à la  hauteur du quai Carnot. Mais, concernant la R.N.76 historique, les cartes nous  montrent une autre histoire. En 1958, le village de Saint-Avertin est au bord  du Cher et la R.N.76 emprunte les rues de Grandmont et de Larçay. De vastes  travaux rectifiant le cours de la rivière vont avoir lieu dès le début des  années soixante, signale le site tours.fr: coupant la boucle de  Saint-Avertin (qui subsiste sous forme de plan d’eau) le lit du Cher est  implanté en partie dans la prairie de Grandmont (avec le lac des Peupleraies).  Ce fut, écrit encore le site municipal, «l'un des plus grands chantiers  hydrauliques d'Europe qui a permis de modifier le cours naturel du Cher, afin  de mettre en oeuvre un vaste programme d'urbanisation, permettant à la ville de  Tours d'étendre son assise territoriale». A la sortie de Saint-Avertin, la  route longe le coteau, dominant le Cher, percé de nombreuses caves (carrières),  qui ont servi de réserves de pierre pour l’agglomération tourangelle dès le  Moyen Age. «C’est de ces hauteurs, écrit Georges Touchard-Lafosse en  1851 dans La Loire historique, pittoresque et biographique, que des  canaux, passant sous le lit du Cher, portent une eau limpide et pure dans les  fontaines de Tours». Le même auteur évoque «la route royale» qui  suit ce «littoral». 
            
              
                 
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                RN10: 
                  AUX BASQUES DE LA GIRONDE... 
                  Au compteur de la 4CV, le trajet Paris-Hendaye, ça fait "à l'aise" plus de 750 km km depuis la porte de Saint-Cloud. Une sacrée promenade... (lire) | 
               
             
            Voilà  maintenant le petit village de Larçay. Dans l’Antiquité, les lieux sont  fortifiés, au IIIe siècle, un castellum semble y contrôler la voie  fluviale sur le Cher et plusieurs axes secondaires. Archéologues et experts  s’interrogent encore aujourd’hui sur l’utilité de ce fortin -d’ailleurs  inachevé- à proximité immédiate de Tours, cité puissamment fortifiée au  Bas-Empire. Non loin, à Véretz, notre route longe là encore le Cher au plus  près sur le quai Henri-IV. A une ferme gallo-romaine au IVe siècle, succède ici  une place-forte conquise par l’occupant anglais durant la guerre de Cent Ans  narre le site veretz.com. Débarrassés des Anglais, les artisans lancent  l’industrie de la soie qui voit le jour dans l’une des salles du château. Puis,  au XVIIIe, ce sont les bateliers qui entretiennent la prospérité des lieux  raconte encore le site municipal. Un pont réalisé en 1847 sur le Cher permet à  la D85 de rejoindre Montlouis au nord. Vers Bléré, on peut lire ceci dans  l’ouvrage Montlouis à travers les siècles: «Le 29 septembre 1786, une  corvée est fournie par Montlouis pour la continuation de la route de Véretz à  Bléré»… Quatre kilomètres après Véretz, voici Azay-sur-Cher. Le village  fut, de 1912 à 1932, le terminus du tramway venant de Tours; celui-ci suivant  fidèlement le tracé de la R.N.76, dit le site azaysurcher.fr. Plus loin,  l’ancienne «route royale de Tours à Nevers» passe au large d’Athée-sur-Cher, où  l’on peut encore voir (tout comme à Véretz) des vestiges de l’aqueduc gallo-romain  de Fontenay construit sous le Haut-Empire et qui alimentait Tours (Caesarodunum)  en eau potable. La route s’oriente maintenant vers Bléré, à 24 km de Tours. 
            
              
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                | Belle plaque de cocher à Véretz   (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            
              
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                | Le pont de Bléré (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            On  y entre par la D376 et le lieu-dit la Haute-Borne. «Il y avait ici,  explique le site municipal blere-touraine.com, un passage sur le Cher  dès la période gallo-romaine et le bourg se trouvait à l'intersection de  plusieurs grandes voies». Le pont primitif du XIIe siècle «a  certainement été construit, comme c'est souvent le cas, à l'emplacement d'un  ancien gué sur le Cher», précise encore blere-touraine.com. Placée  sur le trajet entre Amboise et Loches, la ville a longtemps été, du Moyen Age  au XVIIIe siècle, une étape sur l’itinéraire de Paris à l’Espagne. Du XIIe au  XVe siècle, le bourg étend ses fortifications. «Les tablettes de voyage de  Philippe-le-Bel indiquent que le roi a dormi à Bléré le 23 août 1301»,  écrit Wikipédia. L’ancien ouvrage sur le Cher, situé en face de  l'actuelle rue du Pont, «totalisait pas moins de quinze arches, réparties  sur 228 mètres», découvre-t-on dans l’article «Histoire: le Cher, rivière  de passage», publié en août 2016 dans La Nouvelle République du Centre-Ouest.  Le pont actuel, plus large, est bâti de 1900 à 1904. Pour suivre la route  nationale 76 de 1959, il nos faut maintenant traverser le Cher en direction de  la Croix-en-Touraine. On passe le faubourg de Finispont (qui porte bien son  nom!). La canalisation du Cher au XIXe siècle y a multiplié les activités,  lit-on dans le document touristique édité par le service patrimoine de  Loire-Touraine, «deux mariniers (dont l’un construisait et réparait des  bateaux), un maréchal-ferrant et deux cafés qui louaient et vendaient des  bateaux». Au bout de la chaussée, le village de la Croix-en-Touraine aurait  été fondé à l’époque de la colonisation romaine par un certain Quintinus.  «La situation de carrefour, entre l’ancienne voie romaine Tours-Bourges et  l’axe secondaire Amboise-Loches, est sans doute à l’origine du terme "croix"», raconte encore la plaquette Laissez-vous conter Bléré et  la Croix-en-Touraine. Au XIIe siècle, une tour à feu dominait le bourg:  elle servait à annoncer l’arrivée des ennemis. Au bout de la rue Nationale, il  faut tourner à droite vers la rue de Chenonceaux. C’est actuellement la  départementale 40, mais ce fut la route principale «de Tours à Nevers»  de 1831 aux années 70-80. Après, une voie fut établie sur la rive gauche  (l’actuelle D976), rétablissant partiellement l’ancien tracé de 1824. Notre  chemin va désormais côtoyer durablement la ligne de chemin de fer de Tours à  Vierzon (mise en service en 1869). 
            
              
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                | Vers Civray  (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            
              
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                | La borne de limites départementales entre Indre-et-Loire et Loir-et-Cher (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            Voici  le village de Civray-de-Touraine. Seule commune de Touraine à s’étendre de part  et d’autre du Cher, Civray a été coupée en deux durant la Seconde Guerre  mondiale en raison de l’établissement par les Allemands de la ligne de  démarcation qui passait par le Cher. Un peu plus loin, on atteint Chenonceaux  et son fameux château (Chenonceau –sans x), édifié sur la rivière au XVIe  siècle. Les abords de la chaussée restent assez fortement urbanisés jusqu’à  Chisseaux. Ce bourg, écrit le site mairie-chisseaux.fr, «est, selon  la tradition, l’une des six paroisses de Touraine créées par saint Martin à la  fin du IVe siècle. La commune, d’abord traversée par un chemin gaulois puis par  la voie romaine Tours-Bourges, devenue l’axe Nantes-Lyon, est pourvue en 1840  d’une écluse sur la rive droite du Cher et, vers la même époque, d’une gare  qu’elle partage avec Chenonceaux». La route entre maintenant dans le  Loir-et-Cher (D176). En juin 1940 à Chissay-en-Touraine (la localité suivante  de notre chemin), Paul Reynaud, alors président du Conseil, se replia au  château du village avec son administration. Notre prochaine étape, Montrichard,  se blottit entre le coteau et la rivière. Terre anglaise au XIe siècle, la  Touraine est fortement disputée entre le roi de France et le roi d’Angleterre  jusqu’au XIIe siècle. Rattachée à la France après 1204, la région reste  tranquille jusqu’à la guerre de Cent ans. Puis, Montrichard voit, le passage,  en 1539, de l’empereur Charles Quint, en route vers Chenonceau avec toute la  cour de François Ier, écrit le site lesamisduvieuxmontrichard.com. Prise  par les catholiques en septembre 1589, la cité est réinvestie par Henri IV un  mois plus tard. Sur ordre royal, l’imposant donjon est en partie démantelé. Le  dernier roi à venir à Montrichard est Louis XIII, en juillet 1614. Plus de  trois siècles plus tard, le 14 juin 1940, un lourd bombardement touche le champ  de foire et le quai du Cher: «300 victimes sont à déplorer», raconte  l’association «Les Amis du Vieux Montrichard» sur son site. Mais revenons à  l’histoire de la route… «On se représente mal, écrit Georges Gaume dans  l'article «L'énigme de la voie romaine Tours-Bourges», quelle était la  pauvreté des chemins de communication dans cette partie du val avant 1840 (date d'établissement de la route n°76, ndlr). Il n'existait, de Montrichard  à Noyers, et dans la traverse du bourg de Thézée, qu'un seul chemin vicinal des  plus primitifs». En 1803, le Conseil municipal de Thézée indiquait «qu'à  un certain endroit, ce chemin se trouvait fréquemment coupé par une étendue  d'eau qui était de nature à effrayer tous les voyageurs qui ne connaissaient  pas le gué». 
            
              
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                | Les quais du Cher à Montrichard (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            
              
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                | Vers Noyers  (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            A  Thézée (ou Thésée), au lieu-dit les Mazelles, en bordure de la D176, on trouve des ruines  romaines imposantes. Difficile, encore aujourd’hui, de comprendre à quoi  pouvait servir cet ensemble de bâtiments… «On suppose, écrit le site tasciaca.com, qu'il s'agit de bâtiments à fonctions multiples, en relation avec leur  position géographique et particulièrement à leur proximité de la voie romaine  et de la rivière Cher. On pense à une sorte de relais de poste, à un ensemble  public, administratif, fiscal, judiciaire, peut-être aussi marché, basilique  civile, Bourse de commerce...». Mais il y a un hic: dans son étude sur la  voie Tours-Bourges parue dans la Revue archéologique du Centre de la France,  Georges Gaume explique que «depuis Tours, et au moins dans toute la  traversée du département du Loir-et-Cher, aucun élément de cette voie n’a été  identifié de façon certaine. (…) Il n’est même pas possible de savoir si  elle empruntait la rive droite du Cher ou la rive gauche». Pour l’auteur,  la configuration du site des Mazelles prouve «manifestement» que les  lieux «n’avaient point fonction de "mansio" (de relais, ndlr), et que, par conséquence, la présence de la voie romaine à proximité doit  être mise en doute». Des fouilles n’on rien révélé vers le Cher, ni sous la  voie ferrée… «L’ultime hypothèse que la voie romaine a pu être recouverte  lors de l’établissement de la route royale n°76 (1835-1840, ndlr) ne  résiste pas à l’examen des anciens cadastres et des configurations actuelles en  surface», avance encore Georges Gaume. Pour cet auteur, c’est le Cher  lui-même qui servait de voie de circulation… et le site des Mazelles aurait peut-être  été le point de transfert fleuve-route pour le voyage Tours-Bourges (un hub, quoi...). Au-delà,  un itinéraire routier semblait aller de soi, déjà, entre Vierzon et Bourges  (voie ancienne Orléans-Bourges), mais aussi entre Noyers-sur-Cher et Vierzon  puisque Georges Gaume affirme avoir consulté des documents d’archives datés de  1828 dans les communes de Langon, Mennetou et Châtres stipulant que le  creusement du canal du Berry avait «entraîné la disparition de l’ancienne  voie romaine de Nevers à Tours, qui, sur les territoires de ces communes et  bien que sinon bonne mais au moins praticable et ferrée sur une grande étendue  assurait auparavant le trafic entre ces communes et les marchés et foires de  Villefranche et Romorantin». Un travail plus récent effectué par Elisabeth  Latremolière dans la Revue archéologique du centre de la France en 1999  «soupçonne» l'existence d'une voie sur le coteau. L'attestation de cette  voie «est cependant sujette à caution à Thésée alors qu'elle est assurée à  Saint-Georges, Chisseaux et Nouan-en-Garçais»... Rive droite ou rive  gauche… le débat reste ouvert! 
            
              
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                R.N.675: LA FRANCE DES DOUCES COLLINES 
                        Voilà une de ces routes qui font encore le charme de notre pays… petits bourgs croquignolets, échappées vertes, auberges de campagne…  (lire) | 
               
             
            Après  Avigne, la route n°176 rejoint la –plus moderne- D976. C’est, par là, en tous  cas, que se situait la «dernière lacune de la chaussée» Tours-Nevers,  raconte Georges Reverdy dans Les routes de France du XIXe siècle. Voilà  le carrefour de la «Croix-Verte» où notre R.N.76 historique croise la R.N.675  historique. De l’autre côté du Cher, il y a le bourg de Saint-Aignan, qui était  cité dans le décret de décembre 1811 (classement des routes impériales) comme  ville traversée par la route n°94 de Nevers à Tours (tracé placé alors rive  droite depuis Tours jusqu’en 1831…). On entre maintenant dans Noyers-sur-Cher  par la D176b (rue Saint-Lazare et rue Nationale) qui longe l’amorce du canal de  Berry. Le Cher étant canalisé de Tours à Noyers grâce à seize barrages à  aiguilles doublés d’écluses, vers Bourges, Montluçon et Nevers, c’est cette  voie d’eau, creusée de 1809 à 1841 qui permettait de transporter les  marchandises (charbon, pierres, acier, huile, bois, sucre et vins). Le point  culminant du trafic commercial sur le Cher s’est situé entre 1845 et 1920. Ce  canal (désaffecté en 1955, parfois comblé maintenant) sera, pendant de nombreux  kilomètres, le compagnon de la R.N.76… Après Noyers, notre route du XIXe siècle  file droit vers l’intersection avec la R.N.156 (D956) en provenance de Contres.  Ce n’était peut-être pas le cas auparavant. Les anciennes cartes montrent un  itinéraire beaucoup plus sinueux entre Noyers et Selles passant par Châtillon et  le Pont-de-Sauldre où il franchissait la rivière du même nom pour approcher  Selles-sur-Cher. 
            
              
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                | L'arrivée à Selles-sur-Cher   (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            
              
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                | En sortant de Selles-sur-Cher   (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            
              
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                | Un court moment de Sologne pour la R.N.76 historique   (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            Après  avoir franchi la Sauldre, voici Selles-sur-Cher. La bourgade doit son nom au  latin cella, qui désigne une cellule d'ermite, indique le site valdecherromorantinais.fr:  «C'est en effet sur les bords du Cher que St-Eusice établit son oratoire,  probablement dans la plaine inondable du Cher. Sa piété attire l'attention de  ses contemporains, qui constatent que le Cher, dans ses plus hautes eaux,  respecte sa cellule de branchages. À sa mort, vers 540, une basilique est  construite sur son tombeau, à l'emplacement de son oratoire. Elle donnera  naissance à la ville de Selles-sur-Cher». On prend dès lors la direction de  Villefranche-sur-Cher. Notre route effleure la Sologne, les paysages évoluent,  forêts et terres sablonneuses remplacent les coteaux du Cher. Entre 1917 et  1919, lors de la Première Guerre mondiale, toute cette, région au sud de  Romorantin, va vivre à l'heure américaine, découvre-t-on sur valdecherromorantinais.fr...  C'est en effet là que va s'installer, vers Gièvres, un immense dépôt logistique  (General Intermediate Supply Depot), «apte à ravitailler en vivres et  en matériel l'armée américaine sur une ligne de front s'étendant de Dunkerque  jusqu'en Italie. La deuxième plus grande usine frigorifique de l'époque, après  Chicago, y a été construite», explique encore le site. En reste aujourd’hui  «l’entrepôt des alcools» et le camp des Landes, un espace géré par l’IGN.  Villefranche-sur-Cher n’est qu’à 8 km au sud de Romorantin mais notre chemin ne  croisera pas celui de la «capitale» solognote puisque notre R.N.76 historique  prend maintenant la direction de Vierzon qui se trouve à 25 km. Après Langon,  voilà Mennetou-sur-Cher, très ancien bourg fondé au VIe siècle par la fille de  Clotaire Ier qui y établit un monastère. Celui-ci, ravagé par les invasions  normandes, ne survit pas au Xe siècle, écrit Wikipédia. La petite cité  est fortifiée au XIIIe siècle mais tombera entre les mains anglaises en 1356. A  noter qu’un «chemin de Tours à Lyon» apparaît entre Villefranche et Vierzon sur  la carte de Cassini (XVIIIe siècle) publiée par le Géoportail de l’IGN  (certains historiens régionaux pensent qu’on rejoignait aussi Tours par  Romorantin). Plus loin, le village de Châtres-sur-Cher est lui aussi très  ancien: l’origine du toponyme, voit-on sur le site chatressurcher.fr, «correspond  soit à un ancien camp romain (castra), soit à un château du haut Moyen  Age sur la voie antique de Bourges à Tours». Dès la sortie de ce village,  notre route entre dans le département du Cher. La R.N.76 historique se  transforme en D2076. Vers le village de Thénioux, on se souvient des passeurs  qui ont fait traverser à de nombreux résistants, aviateurs alliés et réfugiés  clandestins la terrible ligne de démarcation (ici sur le Cher) qui a coupé la  France en deux de 1940 à 1942. 
            
              
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                | Plaque de cocher de  la R.N.76 historique   à Villefranche (photo: MV, décembre 2011). | 
               
             
            
              
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                | Très belle plaque Michelin bien conservée de la R.N.76 historique   à Mennetou-sur-Cher (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            Peu  avant Méry-sur-Cher, la mention «le Grand Chemin» accolée à une voie un peu au  sud du tracé de la R.N.76 historique  montre ici le passage du  cheminement ancien vers Vierzon. Un peu plus loin, aux portes de  l’agglomération vierzonnaise, voici le lieu-dit au joli nom du Coq-Gaulois. Ce  terme n’apparaît pas cependant sur la carte d’état-major du XIXe. Voilà  maintenant Vierzon. Après la conquête romaine, écrit ville-vierzon.fr,  la cité fut probablement d'abord «un oppidum, point de défense à l’entrée  ouest du Berry, établi sur une butte, exposé au midi, surveillant le confluent  de l’Yèvre et du Cher et protégé par la forêt et la Sologne au nord. Un château  mérovingien s’y installa, puis les Normands s’y fortifièrent sur la motte  féodale. Ils devinrent seigneurs de Vierzon et la ville se développa à  l’intérieur de remparts à l’Ouest du château. Les Anglais (Richard Cœur de Lion  en 1196, puis le Prince noir) incendièrent et prirent la ville et le château.  Du Guesclin en chassa les Anglais en 1370 et redonna Vierzon à la couronne de  France. Elle devint alors un des centres de ravitaillement des armées de Jeanne  d’Arc». Au début du XXe siècle, pour le voyageur qui emprunte la route,  écrit René Crozet dans un article paru en 1933 dans les Annales de  géographie, la cité «donne l'impression d'une agglomération hâtivement  développée, formée par la juxtaposition de plusieurs centres d'activité,  démesurément étirée en longueur dans le sens de la vallée commune au Cher et à  l'Yèvre. Après les faubourgs semi-ruraux où les maisons ouvrières  s'éparpillent, on atteint, aux abords de la gare, les quartiers commerçants et  industriels»... «En pleine ville, poursuit l’auteur, les usines  forment des blocs compacts, d'allure différente selon les genres de  fabrication, grands halls vitrés des ateliers de construction mécanique,  bâtiments poudreux des porcelaineries d'où émergent les cheminées trapues des  fours. Puis, la circulation s'étrangle dans le vieux Vierzon, où les grandes  routes deviennent, momentanément, des rues étroites et durement pavées»...  Cette description est datée, la ville d’aujourd’hui est quand même nettement  plus avenante… mais reste cette disposition étirée, le long du canal de Berry.  C’est vers le milieu du XIXe siècle que la vocation industrielle de Vierzon  s’affirme: matériel agricole, porcelaine, verrerie, papeteries… La cité est  très récente: c’est en 1937 que naît officiellement Vierzon, fusion de quatre  bourgs, Vierzon-Village, Vierzon-Ville, Vierzon-Bourgneuf et Vierzon-Forges. On  quitte cette cité –chère à Jacques Brel- par les rues Pasteur et  Etienne-Marcel. 
            
              
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                | Vers Châtres, la route n°76 se trouve juste à côté du canal de Berry et du Cher  (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            
              
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                | En regardant vers l'Ouest, Châtres se trouve aux portes de la douce vallée du Cher  (photo: MV, décembre 2011). | 
               
             
             
            
              
                 
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                R.N.20: 
                  LIMOUSINES EN PYRENEES... 
                        La N20 de 1959 relie Paris à l'Espagne en passant par... 
                    Orléans, Vierzon, Limoges, Toulouse... une route qui coupe la France 
                    en deux du nord au sud. Une belle chevauchée... 
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                | L'entrée dans la cité de Vierzon  (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            De Vierzon à Bourges, la carte d’état-major publiée par le Géoportail de l’IGN montre clairement le tracé d’une «voie romaine»  passant par l’ouest de Mehun (la «chaussée de César»), longeant l’A71 jusqu’à  la D23 pour entrer dans Bourges par le faubourg d’Auron. Mais ce n’est pas le  cas de notre R.N.76 historique (D2076), qui traverse Vignoux-sur-Barangeon et  Mehun-sur-Yèvre. La voie, réaménagée dans les années 1840 (Wikisara),  constituait déjà une partie de la «route de Bourges à Orléans», signale  Georges Reverdy dans Les routes de France du XIXe siècle. On entre dans  Mehun par l’avenue Jean-Châtelet. «C’est la confiscation des biens de Robert  III d’Artois qui, en 1332, apporte le fief de Mehun dans le domaine royal»,  raconte le site ville-mehun-sur-yevre.fr. Charles VII, dit «le  Victorieux» décède au château de Mehun-sur-Yèvre, le 22 juillet 1461. Connu  comme le chef du parti armagnac face aux Bourguignons et aux Anglais, replié au  sud de la Loire, il vit Jeanne d'Arc combattre à ses côtés afin qu'il puisse  être sacré roi de France à Reims. Plus tard, c’est à la fin du XVIIIe siècle et  dans le deuxième tiers du XIXe siècle que la porcelaine s’installe bien plus  pacifiquement en Berry et notamment à Mehun. Car auparavant, la cité était une  ville drapière. Les tisserands étaient installés «dans différents quartiers»,  raconte encore le site municipal qui mentionne que la cité possède encore  aujourd'hui la plus vaste manufacture de porcelaine de France. Une longue ligne  droite emmène désormais le voyageur jusqu’aux abords de Bourges à  Saint-Doulchard. D'origine gallo-romaine (une ferme), c'est à l'époque de  Clovis (466-511) que peut être située la date de naissance de la commune, dit  le site internet mairie-saintdoulchard.fr. C'est un moine natif de  Bourges, Dulcardus, qui serait parti d'Orléans pour venir s'installer  dans le coin, bâtissant un ermitage et transformant les alentours en un lieu de  dévotion. Au XIXe siècle, on y a trouvé, pendant quelques années (1847-1851),  la gare de Bourges avant que le chemin de fer ne soit prolongé vers le sud et  l’est. Et voilà Bourges… «De quelque côté qu’on aborde la ville, raconte  le Guide Vert Michelin en 1961, surgit de la Champagne berrichonne, à  des kilomètres à la ronde, l’imposante et majestueuse silhouette de la  cathédrale». La ville a une longue histoire: capitale de la tribu des  Bituriges, l'ancienne Avarich est prise d'assaut par César en 52 av. JC.  Il va y massacrer les 40 000 Gaulois qui s'y étaient enfermés. Passée sous la  domination de Rome, Avaricum retrouve de son faste. La ville est reliée  au reste de la Gaule par un vaste réseau de voies romaines et se trouve être la  capitale d'une large province, l'Aquitaine Première. «Les principales voies  attestées par les Itinéraires d'Antonin et la Table de Peutinger, pénètrent par  les deux portes monumentales de Lyon (rue Jacques Rimbault) et d'Auron»,  écrit le site ville-bourges.fr. Le déclin amorcé au Bas-Empire romain  entraîne la construction de remparts au IVe siècle. Le mur épais est  soigneusement appareillé en pierre et chaînages de briques, renforcé par une  cinquantaine de tours et percé de quatre portes, signale encore le site  internet municipal. La ville se referme alors sur une surface de 25 hectares  environ. Puis Bourges devient ville royale: «Le jour de Noël 1137, Louis VII  est couronné dans la cathédrale romane de Bourges, en présence de sa jeune  épouse, Aliénor d'Aquitaine, raconte ville-bourges.fr. Mais,  lorsque celle-ci se remarie avec Henri II Plantagenêt, ce petit territoire du  Berry devient le seul domaine royal au sud de la Loire, face aux possessions du  roi d'Angleterre»... Les deux constructions majeures de cette époque, la  Grosse Tour et la cathédrale gothique, seront les symboles du pouvoir royal des  capétiens et de la puissance des archevêques de Bourges, primats d'Aquitaine. 
            
              
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                | La circulation se fait plus importante autour de Bourges (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
             
            
              
                 
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                R.N.140: ROULEZ VERT!  
                      Jusqu'à Figeac, par Bourges, Guéret, Tulle... la route nationale 140 historique fait un sacré bout 
                  de chemin en travers de l'Hexagone! L'occasion de se promener 
                  au milieu des plus beaux paysages! (lire) | 
               
             
             
            
              
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                R.N.151: EN COEUR DE FRANCE (II)  
                      La deuxième partie de la N151 de 1959  part de Châteauroux et se dirige en direction de Vézelay en Bourgogne en sautant la Loire. Historique!
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            Au XIVe siècle, poursuit ville-bourges.fr, Jean de  France (frère de Charles V), qui a reçu les provinces de Berry et d'Auvergne en  apanage, «fait de Bourges sa capitale dans une France dévastée par la guerre  de Cent Ans». Son mécénat fastueux permet d'installer à Bourges un des  foyers artistiques et culturels les plus importants de son temps (on construit  le palais ducal et la Sainte-Chapelle). En 1422, Charles VII installe à Bourges  la capitale de son petit royaume après son accession au trône. Avec l'aide  financière de Jacques Coeur, de la ville et de l'Eglise de Bourges, le roi y  prépare la reconquête du pays. En 1487, Bourges est une cité d'au moins 15.000  habitants; Louis XI l'a dotée d'une université et de deux foires par an. Mais  le 22 juillet de cette année, un grand incendie détruit le tiers de la ville;  la ville ne s’en remettra pas et perdra de son influence. Malgré la relance des  chantiers de construction au XVIIe siècle (hôtels particuliers, églises, palais  archiépiscopal, grand séminaire...), Bourges, place forte aux remparts ruinés  avec un marché agricole dépérissant ne s'ouvre pas sur les échanges extérieurs.  Au cours du XVIIIe siècle, des manufactures de draps et d'étoffes et de  coutellerie tentent de s'implanter dans le Berry sans véritable succès. Au  XIXe, le canal de Berry et le chemin de fer viennent relancer l’activité d’autant  que la ville est choisie pour héberger de grandes usines d’armements situées  loin des hostiles frontières orientales… En 1878, le maire Eugène Brisson  initie un vaste programme de nouvelles voiries: la ville est ceinturée de  boulevards qui épousent le tracé de l'enceinte médiévale, puis de grandes voies  sont ouvertes pour relier entre eux les nouveaux quartiers, militaire,  industriel et ouvrier, ainsi que la gare. Enfin, durant la Première Guerre  mondiale, Bourges devient un des principaux centres de production d'armement du  conflit; on y réalise notamment le fameux canon de 75. On quitte la ville par  le faubourg Charlet et l’avenue Ernest-Renan. Notre R.N.76 historique de 1959  longe les marais de la ville, au nord. Ces terrains marécageux ont longtemps  assuré la défense de la ville. Transformés en parcelles cultivables, ils ont  alimenté la ville en fruits et légumes durant plusieurs siècles. On retrouve la  campagne après Pignoux et le lieu-dit la Taupinière. La «route de Nevers»  (D976) oblique vers Savigny-en-Septaine en longeant le «polygone de Bourges»,  un champ de tir d’une superficie de 10.000 ha où l’armée française teste  –depuis 1853- les munitions les plus diverses… Pourquoi «Septaine»? Le site cc-laseptaine.fr explique qu'avant la Révolution, la Septaine représentait la «banlieue» de  Bourges. 
            
              
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                | Vastes plaines autour de Savigny-en-Septaine  (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            
              
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                | A Bengy. Ce poteau Michelin n'est vraisemblablement plus à son emplacement initial (photo: MV, décembre 2013). | 
               
             
            Quelques kilomètres plus loin, nous n’en avons pas fini  avec la «chose» militaire puisque voici Avord et sa base aérienne, fondée en  1912… Dès 1916, ce fut la première école d'aviation au monde, formant des  milliers de pilotes au combat aérien. Pas très pacifique tout cela… En revenant  sur l’histoire routière de notre voie, Georges Reverdy nous signale, dans Les  routes de France du XIXe siècle, que le 12 février 1834, «le tracé est  approuvé entre Bengy et Savigny tandis que le 10 mars, l’ingénieur Castagnol  présente son projet entre Le Guétin et Nérondes». Ce projet, continue-t-il,  est «complété et approuvé en mai suivant avec une chaussée de 30 cm  d’épaisseur (16 cm en moellons et 1 cm en cailloutis)». Bengy-sur-Craon,  qui puise ses racines dans une vaste exploitation agricole gallo-romaine est  bien vite dépassé; voilà Nérondes, encore un village agricole, situé à une  douzaine de kilomètres de La Guerche-sur-l’Aubois. Avant d’y arriver, l’œil du  voyageur des routes remarque deux courtes rectifications (datant sans aucun  doute de la seconde moitié du XXe siècle), l’une au niveau de la Cartonnerie et  l’autre, vers la Clauris. A la Guerche, notre chaussée franchit l’Aubois et  l’une des branches du canal de Berry (déclassé). Située au bord de la voie  d’eau, l’ancienne tuilerie Sauvard exportait ses tuiles dans les péniches dites  «berrichonnes», au gabarit modeste, adaptées à ce canal de petite taille. Dès  lors, notre route s’approche du val d’Allier, terme du voyage sur la R.N.76  historique. «C’est en avril 1833 que le tracé par le Gravier (non loin de la  Guerche) est confirmé avec un ouvrage de franchissement de l’Allier au Guétin»,  nous explique Georges Reverdy. Car auparavant, continue l’auteur de l’ouvrage Les  routes de France du XIXe siècle, «il existait un projet passant par un  passage de la Loire à Givry, près de Fourchambault». 
            
              
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                | Rectification peu avant la Guerche-sur-Aubois   (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            
              
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                | Plaque émaillée de la R.N.76 au lieu-dit la Grenouille. Elle est en partie dissimulée par l'auvent d'un restaurant qui sert des... grenouilles   (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            Au lieu-dit la  Grenouille, on passe la voie d’eau alimentant le canal Latéral à la Loire. Au  Guétin, on se trouve face à l’Allier. Une carte d’état-major  publiée par CartoMundi montre que la chaussée est interrompue par l’étroit  pont-aqueduc (construit entre 1832 et 1835) qui supporte le canal Latéral à la  Loire. Des tentatives ont été faites pour créer des systèmes permettant de  faire passer le trafic terrestre sur l’ouvrage… Mais sans grand succès. Alors  on bâtit à côté un pont suspendu de plus de 300 mètres (1837). Les photos des  cartes postales du lieu montrent tout d’abord des piliers en pierre puis des  piliers métalliques supportant les câbles. Démoli à la fin des années 80, il  est remplacé aujourd’hui par un ouvrage plus moderne. Il ne reste que huit  kilomètres jusqu’à l’extrémité orientale de la R.N.76 historique. Notre voie  croise le canal Latéral à la Loire peu après avoir longé Gimouille et va le  franchir de nouveau au pont des Argougniaux. Ici, se trouve la mémoire du  projet ferroviaire américain dit du «cut off», une ligne construite dès 1917  qui permettait aux trains militaires US montant au front d’éviter la congestion  de la gare de Nevers en traversant la Loire plus au sud, vers Sermoise. On se  trouvait là sur la principale voie d’approvisionnement des troupes américaines  en Europe qui utilisait la voie ferrée Saint-Nazaire-Tours-Nevers-Dijon. Enfin,  la R.N.76 historique (D976) s’embranche à la R.N.7 historique (D907) un peu au  sud de Nevers au niveau du Clos-Ry, en aval du faubourg de Lyon. 
            
              
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                | Le nouveau pont sur l'Allier    a remplacé dans les années 80 un pont suspendu de 1837. Au fond, le pont-canal (photo: MV, avril 2019). | 
               
             
            
              
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                | ancienne chaussée de la R.N.76 autour du pont des Argougniaux    (photo: MV, décembre 2013). | 
               
             
             
            
              
                 
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                R.N.7: LES MILLE BORNES  
                      La N7 est sans doute la plus connue de nos nationales 
                  historiques.  Voilà la plus sympathique des balades 
                  vers la Côte... 
                  (lire) | 
               
             
            Marc Verney, Sur ma route, décembre 2019 
              
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