Ancienne borne de limites cantonales à Beauregard (photo: MV, août 2023).
L'ancienne R.N.433 est aujourd'hui un itinéraire bis bien pratique vers Lyon et le Sud (photo: MV, août 2023).

VILLES ET VILLAGES traversés par la R.N.433 (1959):
Ouroux-sur-Saône (N78)
Le Nassey
Boulay
Tenarre
Simandre
Les Bordes
Lagrelay
Cuisery (N75, N471)
Sermoyer
Arbigny
Chamerande
Pont-de-Vaux
Ozan
Manziat
Feillens
Replonges
La Madeleine (N79)
Pont-de-Veyle
Jaillet
Les Leynards
Mizériat
Saint-Didier
Genouilleux
Guéreins
Montmerle
Messimy
Fareins
Beauregard
Jassans-Riottier (N504)
Trévoux (N436)
Parcieux
Neuville-sur-Saône
Fleurieu
Rochetaillée
Fontaines
Sathonay-Camp
Caluire-et-Cuire (N84)
Lyon (N6, N7, N83, N86, N89)

Passage dans l'Ain (photo: MV, août 2023).
Borne de 1808 à Arbigny (photo: Marc Verney, août 2023).

NOTE IMPORTANTE: toutes les publications de photos, dessins et textes de Sur ma route entendent respecter scrupuleusement le droit d'auteur. Aucune utilisation de ces documents hors de ces pages n'est permise sans l'autorisation de l'auteur de Sur ma route. Merci d'en tenir compte.

RESSOURCES EN LIGNE
-Wikipédia (lire)
-Wikisara (lire)

Point kilométrique de la R.N.433 à Ozan (photo: MV, août 2023).
Indications mentionnant la R.N.433 sur un passage à niveau de Pont-de-Veyle (photo: MV, août 2023).
R.N.433: A VOIR, A FAIRE
Saint-Germain-du-Plain: le château du village (domaine privé) est édifié sur les fondations d’un édifice médiéval. il en a conservé les caves. Le bâtiment actuel avec ses dépendances et son orangerie (style Empire), ont été construits en 1830. Une transformation apportée en 1848 lui a donné sa symétrie actuelle.
Cuisery: le «village du livre» (marché mensuel), le centre Eden (découverte des paysages bourguignons).
Pont-de-Vaux: le musée Chintreuil propose, dans un ancien hôtel particulier de la fin du XVIIe siècle, actuel hôtel de ville, des collections riches et variées sur le général Joubert et la Révolution française, mais aussi des œuvres du peintre pré-impressionniste Antoine Chintreuil et d'autres peintres de l'Ain. La cité n'a pas de port sur les rives de la Saône mais en possède un dans les terres qui est relié à la rivière par un canal. L'infrastructure, à cheval entre le village et celui de Reyssouze où se situe une grande partie du port de plaisance, peut accueillir jusqu'à 225 bateaux.
Pont-de-Veyle: Cette «petite Venise Bressane» permet des balades dans un parc de 17 hectares sur des sentiers ombragés agrémentés de huit ponts d'architecture originale. Plusieurs bâtiments témoignent du passé médiéval de la cité: la tour de l'Horloge, l'immeuble Dagallier, appelé aussi la maison du Guetteur, le logis du gouverneur de Savoie, ou la maison des Seigneurs.
Saint-Didier-sur-Chalaronne: Deux poypes (mottes castrales) ont été érigées sur le territoire communal. Au centre du bourg, sur la place principale, on trouve l'église romane Saint-Didier. On compte trois châteaux, plusieurs lavoirs notables et des moulins. Le parc des Jardins aquatiques, de près de 35.000 m2, comporte actuellement une vingtaine de pièces d’eau de styles et de tailles différentes. On y admire de nombreuses espèces de plantes aquatiques, indigènes, ou d’origine tropicale.
Montmerle-sur-Saône: La chapelle des Minimes (église de la Contre-Réforme) est tout ce qui reste de l’ancien château qui fut entièrement démoli de 1823 à 1828. Le site domine la ville et offre un panorama sur les monts du Beaujolais. Très agréables, les bords de Saône offrent des points de pêche appréciés. Les sports nautiques bénéficient d’une zone de ski-nautique et des pontons d’accueil. Le parc de la Batellerie est un espace aménagé au nord de la commune en bordure de rivière. C'est un lieu de détente et d'amusement pour les plus petits avec des jeux et un bassin pour faire naviguer les maquettes de bateaux. Dans les années 1970, Montmerle était considérée comme «le petit Saint-Tropez de l'Ain»...
Jassans-Riottier: Juste à côté, de l’autre côté du pont, voilà Villefranche-sur-Saône et la rue Nationale, axe principal de la ville, qui est bordée de part et d'autre par des bâtisses construites du XVe au XVIIIe siècle. On y trouve l'espace des vins du Beaujolais. La collégiale Notre-Dame des Marais. La maison du Patrimoine inclut un musée des Conscrits et de la conscription; le musée Paul-Dini héberge des oeuvres d’artistes en relation avec la région Auvergne-Rhône-Alpes du XIXe siècle à nos jours.
Trévoux: La cité médiévale de Trévoux est classée parmi les «Plus beaux détours de France». On y visite une douzaine d’ateliers d’artistes et artisans d’art. Capitale de l’ancienne principauté de Dombes, elle conserve un château-fort, un Parlement et une apothicairerie. Deux espaces muséographiques permettent de comprendre son histoire insolite. Un circuit piéton «La capitale de Dombes à pas contés» conduit les visiteurs à la découverte des sites historiques de la ville.
Parcieux: afin de faire revivre le patrimoine fluvial des bords de Saône, la maison éclusière de Parcieux a été réhabilitée en 2012. Cette demeure, construite en 1870, hébergeait jadis les éclusiers chargés de faire fonctionner le barrage à aiguilles sur la rivière.
Neuville-sur-Saône: Blottie dans le Val de Saône, entre le plateau du Franc-Lyonnais et les Monts d'Or, la petite ville est nichée dans un écrin de verdure propice aux balades et randonnées. Le domaine d’Ombreval, désormais hôtel de ville, avec son magnifique parc qui abrite une nymphée et son château sont les incontournables de la commune. L’église de l'Assomption, dans le bourg, édifiée à la fin du XVIIe siècle est remarquable, car construite avec les pierres calcaires dorées des Monts d'Or.
Rochetaillée-sur-Saône: Restauré au début du XXe siècle, le château de Rochetaillée devient le premier musée consacré à l’automobile en France. Depuis 1959, ses trois niveaux abritent automobiles, motos et vélos anciens. La ville de Lyon, devenue propriétaire du musée Henri-Malartre en 1972, lance la construction d’un deuxième hall industriel pour accueillir une collection de transports en commun lyonnais. Un parc à l’anglaise de trois hectares entoure le château.
Caluire-et-Cuire: nombreux sentiers balisés de découverte de la ville à partir de la «voie verte».
Lyon: une des plus belles villes de France. Voir notre page spéciale…
SOURCES ET DOCUMENTS: Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959); carte n°69 Bourges-Mâcon, Michelin (1968); carte n°73 Clermont-Ferrand-Lyon, Michelin (1970); carte n°74 Lyon-Genève, Michelin (1963); Archives historiques et statistiques du département du Rhône (T. VII), par trois des membres de la Commission de statistique de ce département, J.M. Barret, imprimeur-libraire, palais des Arts (1828); Bulletin des lois de l'Empire français, Imprimerie impériale (1856); Bulletin des lois du royaume de France, Imprimerie Royale (1840, 1847, 1848); Conseil général du département du Rhône (sessions de 1863-1864), imprimerie administrative du Chanoine (1863); La colline de la Croix-Rousse, histoire et géographie urbaines, Josette Barre, université Jean-Moulin (1987); Les passages à gué de la Grande Saône, Annie Dumont, Artehis éditions (2002); Les Petites affiches de Lyon (Le Moniteur judiciaire de Lyon), imprimerie des Halles de la Grenette (17 juin 1807); Pont-de-Veyle et son canton au début du siècle, Christophe Greffet, FeniXX réédition numérique (1993); Rapport sur l'administration du département (session 1837-1838), présenté par le préfet du Rhône, typographie de Vve Ayné (1837); Situation des travaux au 31 décembre 1846, ministère des Travaux publics, Imprimerie royale (1847); «Trévoux et la côtière de Saône», Yvonne Janicot, Géocarrefour (1930); association-dartagnan.fr; cartomundi.fr; cybele-lyon.fr; guichetdusavoir.org; lyonembellissement.com; mairie.neuvillesursaone.fr; mairie-trevoux.fr; patrimoine.bourgognefranchecomte.fr; pont-de-veyle.fr; pop.culture.gouv.fr; ruesdelyon.net; simandre.ovh; veyleinfos.over-blog.com; ville-caluire.fr; Wikipédia, Wikisara; l’IGN et son Géoportail.
Ancienne plaque à Riottier (photo: MV, août 2023).
Vieux panneaux routiers à l'île Barbe (photo: MV, août 2023).





Belles routes de France...
R.N.433: SILLAGE DE SAONE
Sur à peu près 120 kilomètres, la route n°433 de 1959, créée à partir de plusieurs chemins de grande communication dans les années trente, relie Châlon-sur-Saône (plus précisément Ouroux-sur-Saône) à Lyon par la rive gauche de la Saône. A vrai dire, on ne voit pas souvent cette belle rivière tout au long du trajet… La plaine de la Saône, souvent inondée par des crues lentes à se manifester mais longues à se résorber, a vu se bâtir villages et fermes en retrait du lit de cet affluent majeur du Rhône, au cours parfois capricieux. La R.N.433 historique (D933 puis D433), devenue de nos jours un itinéraire bis vers Lyon traverse de bien calmes bourgs et villages en Saône-et-Loire, dans l’Ain et le Rhône: Simandre, Cuisery, Sermoyer, Pont-de-Vaux, Pont-de-Veyle, Saint-Didier-sur-Chalaronne, Montmerle, Jassans-Riottier, Trévoux, Neuville… et enfin, la «capitale des Gaules», dont c’est certainement la plus belle entrée, loin du grondement du tunnel de Fourvière… Au fil du trajet, il y a cette petite musique qui monte… et même si le chant des cigales est encore loin, c’est bien un air du Sud qui monte de la chaussée…

La R.N.433 de 1959 longe -souvent de très loin- la Saône en traversant trois départements: le Saône-et-Loire, l'Ain et le Rhône (photo: Marc Verney, août 2023). En cliquant sur l'image vous entrez dans Lyon. Pour retourner sur la page index, cliquez ici.

Il faut rouler un peu plus de dix kilomètres au sud-est de Chalon-sur-Saône, sur la R.N.78 historique, pour atteindre le carrefour initial de la route n°433, peu après Ouroux (Saône-et-Loire). C’est au lieu-dit Velard, qui tire son nom de la présence d’une villa romaine, que part, vers le sud, la R.N.433 historique (D933) en direction de Cuisery. D’ailleurs, la présence gallo-romaine, le long de la Saône, est très importante. De Cabillonum (le nom antique de Chalon) partaient au nord les voies de Boulogne, de Langres et de Besançon. D’autres voies secondaires desservaient la région: «La voie romaine joignant Chalon à Louhans passait par l'actuel bourg d'Ouroux, indique le descriptif historique du village d'Ouroux disponible sur le site pop.culture.gouv.fr. A l'est du bourg, au niveau du hameau de Velard, une autre voie partait au sud vers Thorey et Ormes». Celle-ci, écrit B. Gaspard en 1856 (cité par Annie Dumont, Les passages à gué de la Grande Saône), avait la «forme d’une chaussée nommée le Mur, et qui se dirigeait au port de la Colonne sur la Saône. Cette chaussée de terre et de gravier, haute d’environ 4 pieds, sur une largeur de 40 à 45, et sur une longueur d’à peu près 8 kilomètres, n’est jamais couverte par les eaux, lors des inondations». Ce n’est cependant pas l’itinéraire de la route nationale que nous suivons. Cette chaussée-là (le Nassey, Boulay, Tenarre, Simandre) est dessinée jusqu’à Cuisery sur la carte de Cassini (XVIIIe siècle) publiée par l’IGN. A la moitié du XIXe siècle, signale le Bulletin des lois de l'Empire français (1856), la voie entre Ouroux et Cuisery, désignée jusqu'alors comme chemin de grande communication n°32, deviendra, par décret impérial, la route départementale n°1, «route de Chalon à Bourg». Le premier village «important» rencontré est Simandre. Pour le site municipal simandre.ovh, «l'édification, vers 1760, de la route Chalon-Bourg va progressivement transformer le village». Passés les hameaux des Bordes et de Lagrelay, nous arrivons en vue du bourg de Cuisery. Il faut tout d’abord passer le carrefour avec la D175 au lieu-dit la Chaux. La chapelle Notre-Dame qui s’y trouve fut un lieu de pèlerinage jusque dans les années cinquante, «les mères y venaient pour guérir leurs enfants», explique le site des traditions bressanes association-dartagnan.fr. Un pèlerinage vieux de plusieurs siècles puisque l’on sait, dit encore cette association «que la chapelle et la statue de la Vierge d’origine ont été détruites au XVe siècle».

R.N.78: LE JURA PAR LE MORVAN
La RN78 de 1959 relie Nevers à St-Laurent en Grandvaux en passant par le Morvan, les beaux vignobles de Bourgogne et Lons. Une route pleine d'histoires à suivre ici (lire)

Les premiers mètres de la R.N.433. Le carrefour a été modifié et cette rue est désormais une impasse (photo: Marc Verney, août 2023).
Plaque de cocher à Boulay (photo: Marc Verney, août 2023).

R.N.75: LA "GRIMPEE" DES ALPES
C'était, dans les années soixante, la route des Parisiens se précipitant dès les premières neiges à l'assaut des stations de ski des Alpes... (lire)

R.N.471: UNE ROUTE JURASSIENNE
La RN471 de 1959 relie Tournus à Pontarlier en passant par Lons-le-Saunier, Champagnole et Frasne. Un joli tour de Jura où l'on frôle des reculées et des lacs... (lire)

On aborde Cuisery par la «route de Simandre». La première mention du lieu remonte à l'année 1119. «Au Moyen Age, Cuisery est le siège d'une châtellenie comprenant une trentaine de villages du domaine des sires de Bagé, raconte la description historique de la plate-forme ouverte du patrimoine (pop.culture.gouv.fr). Du château-fort de 1185 il ne reste qu'une tour». D’abord savoyarde puis rattachée au duché de Bourgogne en 1289, la ville, bâtie sur un petit promontoire, est saccagée par les Comtois en 1478. Cuisery restera une ville frontière jusqu'au rattachement de la Bresse et du Bugey à la France en 1601. Ce chef-lieu de canton est traversé par la route Chalon-Grenoble (D975, ancienne R.N.75) et voit le début de la R.N.471 historique qui relie Tournus à Pontarlier. On quitte Cuisery par la rue de l’Arquebuse et la «route de Pont-deVaux». Juste avant Sermoyer, on traverse la Seille et notre chaussée entre dans l’Ain. Il y avait là un pont suspendu dont on retrouve la trace dans une déclaration d’utilité publique en septembre 1847, publiée dans le Bulletin des lois du royaume de France de 1848. Ici, dit le site patrimoine.bourgognefranchecomte.fr, «la Seille était traversée par un bac, dont il reste quelques vestiges sous le pont». Le  pont suspendu du XIXe siècle s’effondre dans l’entre-deux-guerres, il est remplacé par un pont en béton en 1934. Construit par l'entreprise Marciotta de Savoie, il est entièrement détruit en septembre 1944 dans les combats de la Deuxième Guerre mondiale puis reconstruit à l'identique. De Pont-Seille à Pont-de-Vaux, la chaussée est tracée sur la carte de Cassini (XVIIIe siècle). Comme aujourd’hui, on traverse Sermoyer, Arbigny et Chamerande. Précédemment, c’était ici le chemin de grande communication n°26, classé comme tel en 1836, précise Wikisara. Arbigny possède, à la sortie du village, encore fichée en terre, une ancienne borne datant de 1808, indiquant le «département de l’Ain». On entre dans la petite cité de Pont-de-Vaux par la rue du Grand-Faubourg. La première référence liée à la commune date de 968: elle se trouve dans le cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon sous le nom de Vallis, car «Pont-de-Vaux signifie littéralement Pont de la vallée», indique Wikipédia. Et dans une vallée, il y a souvent une rivière… Ici, c’est la Reyssouze, qui naît au pied du Revermont jurassien, doublée à partir de Pont-de-Vaux par un canal navigable de trois kilomètres jusqu’à la Saône, achevé en 1843. Sur le flanc nord de cette voie d’eau se trouve la R.N.433A historique (D933A) qui traverse la Saône jusqu’à Fleurville, sur la rive opposée. Un premier pont suspendu de 1835 y a été remplacé par un ouvrage de type bow-string inauguré en octobre 1901. De son côté, la R.N.433 de 1959 emprunte la «route de Macon» pour passer la Reyssouze et filer en direction de Replonges. Là encore, la voie est visible sur la carte de Cassini (XVIIIe siècle) publiée par le Géoportail de l’IGN.

Le pont sur la Seille (photo: Marc Verney, août 2023).
Point kilométrique de la R.N.433 au sud d'Arbigny (photo: Marc Verney, août 2023).
Plaque à Arbigny (photo: Marc Verney, août 2023).

Depuis Pont-de-Vaux, dès le faubourg des Quatre-Vents, le voyageur qui se rend à Pont-de-Veyle dispose d’une alternative, la départementale 58, qui traverse Chevroux et Bâgé-le-Châtel, et enfin la D28. Un chemin également déjà visible sur la carte de Cassini (XVIIIe). Mais nous continuons sur la route n°433 historique: voici Ozan, cinq kilomètres au sud de Pont-de-Vaux, une commune qui «disposait en 1856, raconte le site ozan.fr, d’une vie économique riche. On pouvait y trouver des charrons forgerons, un boucher, un laitier, un bouilleur de cru, des maçons, un vannier et bien sûr de nombreux agriculteurs, chacun pouvant se retrouver chez les deux aubergistes»... A Ozan, un tramway à vapeur qui reliait Trévoux à Saint-Trivier-de-Courtes, et dont les rails étaient installés en bordure de chaussée, a fonctionné de 1897 à 1936. On poursuit vers Manziat, puis Feillens. Notre chaussée traverse une zone d’habitat diffus jusqu’au carrefour de la Madeleine (Replonges) avec la route n°79 historique, de Nevers à La Cluse, vers Nantua. Nous, on continue tout droit par la «route de Pont-de-Veyle». Celle-ci n’est pas dessinée sur la carte de Cassini (XVIIIe). Au XIXe siècle, on remarque cette ordonnance royale du 9 janvier 1840 qui décide «que le chemin de Pont-de-Veyle à la Madeleine est et demeure classé en prolongement de la route départementale n°8, de Châtillon à Pont-de-Veyle, qui prendra désormais la dénomination de route de Châtillon à Mâcon par Pont-de-Veyle, département de l'Ain». Au XIXe siècle, entre Pont-de-Veyle et Trévoux, nous allons suivre le chemin n°28 de grande communication. Mais il faut tout d’abord traverser le centre-ville de Pont-de-Veyle et la Grande-Veyle elle-même. Un ouvrage en bois existait ici probablement dès le XIIe siècle; il est en tous cas mentionné pour la première fois en 1322, signale un panneau explicatif situé à côté du site. Passage «plusieurs fois détruit et reconstruit, mentionne encore le panneau, c’est en 1463 que le duc de Savoie, souverain de Bresse jusqu’en 1601, autorise la construction d’un pont en pierre»… Mais en 1689, alors que la France gouverne désormais la Bresse, il n’y toujours rien. «Ce n’est qu’en 1723, voit-on dans Pont-de-Veyle et son canton au début du siècle, qu’un pont en pierre est construit, en forme de dos d’âne». Juste à côté, une structure de 1845 supporte aujourd’hui le trafic de la R.N.433 historique.

R.N.79: DU CHAROLAIS AU JURA
En 1959, la route nationale 79 nous conduit de Nevers à La Cluse sur la commune de Montréal-la-Cluse dans le département de l’Ain (monts du Jura). Des paysages plein la vue!(lire)

Entrée nord d'Ozan (photo: Marc Verney, août 2023).
A Pont-de-Veyle (photo: Marc Verney, août 2023).

Ville «d’Empire» jusqu’en 1601, Pont-de-Veyle a dû «se fortifier pour se défendre contre des voisins entreprenants tels les seigneurs de Mâcon, les sires de Beaujeu et les princes de Dombes. Ainsi, elle a construit quatorze tours reliées entre elles par des remparts de briques, dont il reste quelques vestiges, le tout ceinturé par des fossés d'enceinte, toujours en eau», écrit Wikipédia. L’essor économique de la cité au XVe siècle pourrait venir des foires de Lyon qui prennent la place des foires de Genève en 1463. «Un axe commercial, Lyon-Pays-Bas se met alors en place et la route passe par la Saône et la Franche-Comté», signale Emmanuel Coux sur son blog veyleinfos.over-blog.com. «Née dans une île formée par les bras de la Veyle, cette situation vaut à Pont-de-Veyle de porter aujourd’hui l’appellation flatteuse de "petite Venise bressane"», dit le site pont-de-veyle.fr... En mars 1847, une ordonnance du roi mentionne des travaux de rectification «dans la traverse de Pont-de-Veyle». Exit le GC28, il y est désormais question de la départementale n°9 jusqu’à Trévoux. Au carrefour des Dîmes, on suit la «route de Thoissey» qui s’échappe en ligne droite jusqu’au pont sur l’Avanon. Là encore, un tracé visible sur la carte de Cassini (XVIIIe siècle). En juin 1807, les Petites affiches de Lyon évoquent «la grande route de Pont-de-Veyle à Thoissey et à Lyon». On aborde rapidement Saint-Didier-sur-Chalaronne. La départementale 933 y pénètre par la rue de la Libération. «Saint Didier de Vienne, archevêque de Vienne, y fut assassiné en 608 (sur ordre de la reine Brunehilde). La situation géographique de Saint-Didier-sur-Chalaronne, sur la rive gauche de la Saône et dans la plaine de la Chalaronne, a attiré très tôt des populations», lit-on sur la page Wikipédia de la commune. Guerre de Cent Ans, guerres de religion, peste… la petite cité n’est pas épargnée par les malheurs. On lui retire même son nom sous la Révolution française; elle devient Pressignac. Par contre, «le XIXe siècle, écrit le site saintdidiersurchalaronne.fr, est marqué par de grands travaux pour mieux canaliser le Poncharat et la Chalaronne et empierrer les abords de la Saône afin de maîtriser les crues. Un pont est construit (sur la Saône) entre Saint-Didier et Saint-Romain-des-Iles en 1836. De grands fossés sont creusés ou curés afin de mieux drainer les terres. Les chemins et les routes entretenus». Plus au sud, la D933 évite Flurieux et aborde Mogneneins, puis Genouilleux. A Guereins, donnant sur la rue du Centre -l’ancien tracé de la chaussée emmenant à Trévoux- se trouvait un relais de poste, bâti au XVIIe siècle. En 1959, la R.N.433 se dirigeait vers la Croisée pour atteindre le centre de Montmerle, en bord de Saône. Par contre, sur la carte d’état-major du XIXe siècle publiée sur le site internet de l’IGN, la chaussée principale évite la petite cité et file à travers champs jusqu’au Thiollet, là où les deux itinéraires se confondent à nouveau. La rectification par Montmerle ne sera adoptée en Conseil départemental de l’Ain qu’en 1857.

Embranchement vers Cormoranche-sur-Saône (photo: Marc Verney, août 2023).
Vers Fareins (photo: Marc Verney, août 2023).

R.N.504: PETITS VIRAGES ENTRE AMIS
Entre Roanne et la Savoie, la route nationale 504 historique traverse des paysages qui nous sont chers... Beaujolais, Bresse, Bugey, Alpes... (lire)

La cité de Montmerle-sur-Saône n'apparaît dans l'histoire qu'au XIe siècle. Les foires étaient très réputées au Moyen Âge, et notamment la traditionnelle foire aux chevaux de septembre, célèbre depuis 1605: elles duraient un mois complet de réjouissance et de transactions commerciales. «Leur essor s'accrut encore sous Henri IV par des privilèges accordés par François de Bourbon, prince souverain de Dombes», lit-on dans Wikipédia. En novembre 1840, une crue phénoménale de la Saône submerge les quais de la ville, de nombreux bâtiments sont emportés par les eaux... Le port de Montmerle recevait le fameux vapeur Le Parisien, qui faisait la navette entre Lyon et Chalon. On sort de la petite cité des bords de Saône par la rue de Lyon -désormais D933C- car la départementale 933 a repris, elle, le tracé ancien entre le rond-point du Brûlet et le pont de Lurcy sur l’Appéum. C’est en arrivant à Messimy-sur-Saône que nous allons constater de considérables variations de la «route de Pont-de-Vaux à Trévoux». Celle-ci, sur la carte d’état-major 1820-1866 de l’IGN, s’extrait de Messimy par la très rectiligne «route d’Ars» (D28 actuelle), qui dessert Villette puis Sainte-Euphémie avant d’atteindre Trévoux par le nord. Notre R.N.433 de 1959 par Beauregard et Jassans-Riottier, n’apparaît, elle, que sur la carte au 1:200.000 (1881-1899) publiée sur le site Cartomundi. A 27 kilomètres de Lyon, le site de Trévoux est des plus intéressants, explique Yvonne Janicot, dans l'article «Trévoux et la côtière de Saône»: «Grâce à la disposition topographique et à l'altitude qui est celle du plateau, la vue s'étend sur la vallée de la Saône et la trouée qui sépare Lyonnais et Beaujolais. Ainsi, le site permet à la fois de participer au trafic de la rivière et de le surveiller. Aussi, est-ce là que viennent converger, sur celles de la rive gauche que fixe le penchant de la colline, les routes diagonales de la Dombes». Péage fluvial et seigneurie des sires de Thoire et Villars, Trévoux vit «un essor important au Moyen Age», écrit le site municipal mairie-trevoux.fr. «Au XVe siècle, les ducs de Bourbon prennent possession du pays de Dombes. Trévoux devient la capitale de la principauté de Dombes. Elle acquiert progressivement l’indépendance politique, malgré une annexion au royaume de France entre 1523 et 1560». A l'époque, poursuit le site, «le droit de battre monnaie et de rendre justice, le tirage de l’or et de l’argent, l’imprimerie et l’orfèvrerie sont autant d’activités qui contribuent au rayonnement de la cité», finalement rattachée à la France en 1762. Plus que la route, jusqu'au milieu du XIXe siècle, raconte encore Yvonne Janicot dans «Trévoux et la côtière de Saône», «le progrès de la navigation fait de la Saône l'axe de vie de la Côtière autour de Trévoux. Les services de transport par eau seront multipliés». Et, «avec l'apparition des premier bateaux à vapeur (1826) et les travaux effectués vers 1836 pour obtenir un chenal navigable de 1,20 mètre de tirant d'eau au plus bas étiage, le mouvement s'amplifia et se régularisa». Mais, à partir de 1850, on entreprend la construction -sur la rive droite de la Saône- de la ligne de chemin de fer de Paris à Lyon. La rivière, dit aussi Yvonne Janicot, «n'est plus qu'un obstacle à l'accès de la grande ligne établie sur l'autre rive. C'est afin de pallier autant que possible cet isolement que sont alors construits les ponts et les routes qui relient les principaux petits centres de la rive gauche aux plus proches stations du chemin de fer». C'est en 1882 seulement que l'on ouvre un service ferré entre Trévoux et Lyon-Croix-Rousse (fin du trafic voyageurs en 1953).

R.N.436: LACETS JURASSIENS
De la Bresse au Jura! Ou comment passer de la ligne droite aux charmants virages du Haut-Jura. Une balade qui tourneboule les sens (lire)

A Riottier, on voit la Saône (photo: Marc Verney, août 2023).
Vers Trévoux (photo: Marc Verney, août 2023).

La sortie de Trévoux en direction de Lyon se fait par… la «route de Lyon». L’attraction de la capitale des Gaules se fait, dès lors, fortement sentir. On entre d’ailleurs dans le département du Rhône juste avant Neuville-sur-Saône. Notre R.N.433 historique se transforme ici en D433. «L’existence d’une ville à l’emplacement de Neuville-sur-Saône, autrefois connue sous le nom de Vimy, est attestée depuis la fin du Xe siècle. Elle était alors placée sous l’autorité des abbés de l’Île Barbe qui contribuèrent grandement à la prospérité et à l’expansion de la bourgade», raconte mairie.neuvillesursaone.fr. C’est néanmoins surtout à l’action de Camille de Neufville de Villeroy (1606-1693), dont Neuville-sur-Saône tire son nom, que l’on doit les principaux monuments historiques de la localité. L'existence du Lion d’Or, un ancien relais de diligences, y est attestée dès 1665. La même année, Vimy devient capitale du Franc-Lyonnais, ancien pays du comté de Savoie puis du royaume de France sous l'Ancien Régime. Après Fleurieu-sur-Saône, voilà Rochetaillée-sur-Saône. «Face aux Monts d’Or, en lien avec le plateau de la Dombes, le village doit son nom à sa position sur un éperon rocheux», écrit le site rochetaillee-sur-saone.fr. C'est le 18 novembre 1157 que l’empereur Frédéric Barberousse «concède tous ses droits régaliens sur la ville de Lyon et la région à l’est de la Saône à l’évêque de Lyon», continue le site. Puis en 1477, avec d’autres communes de la rive gauche de la Saône, «Rochetaillée se donne au roi de France qui octroie par lettres patentes des privilèges à ce qui devient alors le "Franc-Lyonnais"». Là, sur la carte d’état-major (1820-1866) publiée par le Géoportail de l’IGN, on remarque que la route des bords de Saône n’existe pas et qu’il faut emprunter les actuelles rues Henri-Bouchard et Gambetta pour atteindre Fontaines-sur-Saône. «La route départementale n°2 de Trévoux à Lyon, voit-on en 1828 dans les Archives historiques et statistiques du département du Rhône, édifiée sur un fonds mêlé d'argile, n'a jamais été étudiée; jamais on n'a songé à en relever le sol, couvert d'un mètre et demi d'eau sur une grande partie de son étendue pendant les crues de la Saône. Un travail régulier et persévérant doit être entrepris sur une communication aujourd'hui fréquentée et importante. On a commencé par quelques travaux urgents aux abords de l'Ile-Barbe et par la reconstruction du pont de Rochetaillée. Une chaussée va être établie dans la plaine de Fleurieux. On ne porte pas à moins de 140.000 fr. la somme nécessaire pour mettre cette route en état, sans y comprendre les perrés défensifs sur la rivière». Le Rapport sur l'administration du département (session 1837-1838) dit que «dans les campagnes de 1836 et de 1837, on a terminé l'élargissement et l'exhaussement de cette route au port de Cuire et aux abords de Fontaines; placé des parapets sur les murs de soutènement...». Cette route départementale n°2 suit, dans presque toute son étendue, la rive gauche de la Saône: «Ainsi placée, elle est également utile pour les relations de terre et pour la navigation par le halage», découvre-t-on dans la Situation des travaux au 31 décembre 1846 publiée par le ministère des Travaux publics. Un quai non interrompu (entre Fontaines et Lyon), précédé par un perré autour de Fleurieu, a été construit pour défendre la route contre les crues de la rivière. «Ce travail profitant au halage en même temps qu'à la circulation par terre, l'Etat a concouru à la dépense à raison de l'intérêt qu'y trouvait la navigation», lit-on encore dans ce compte-rendu. Puis, dans l’ouvrage Conseil général du département du Rhône (sessions de 1863-1864), on note que sont indiquées «l'amélioration et l'élargissement des traverses de Rochetaillée, Fontaines et Caluire».

Plan détaillant l'arrivée sur Lyon de la route départementale n°2. Une reproduction d'une carte du XIXe siècle apposée sur un panneau d'informations touristiques autour de l'île Barbe (photo: Marc Verney, août 2023).

Mais il faut toujours revenir à l’ouvrage. A Fontaines, en 1958, signale le site fontaines-sur-saone.fr, on procède au «dragage de la Saône et à la construction des quais. Comme de nombreuses communes du Val de Saône, Fontaines était régulièrement la proie de crues importantes. Pour remédier à cela, il fut décidé de canaliser le fleuve rebelle. Cette décision fut un choc pour les Fontainois car cela signifiait la fin des baignades et des soirées guinguettes au bord de l’eau». La R.N.433 de 1959, désormais à quelques kilomètres de Lyon, se faufile sur les rives de la Saône, aux pieds du plateau nord du Grand-Lyon; c'est Sathonay-Camp, et son camp militaire de 32 ha, créé en 1858 (fermé en 1997). Nous suivons dorénavant le quai Clémenceau (quartier du Vernay à Caluire-et-Cuire). «Autrefois appelé "le ventre de Lyon", le quartier, dit le site ville-caluire.fr, était en grande partie recouvert de champs. Chaque matin, des charrettes remplies de légumes partaient approvisionner les marchés lyonnais». Nous arrivons ensuite à la hauteur de l’île Barbe. Un panneau explicatif nous donne quelques informations sur ce pittoresque bout de terre qui «barbote» en milieu de Saône: «Peuplée plus tardivement que les berges de la Saône, on l'appelait l'île "Barbare". Entre les Ve et XIIIe siècles, la présence d'une abbaye bénédictine puissante permet à l'île Barbe de connaître un rayonnement exceptionnel, dont va bénéficier Cuire-le-Bas, situé juste en face», raconte la pancarte municipale. On atteint Lyon. Voici le quai Joseph-Gillet (anciennement quai de Serin). Il est nommé en l’honneur de l’industriel Joseph Gillet, raconte le site cybele-lyon.fr. En effet, on trouvait ici ses usines de soie artificielle, à l'origine, notamment, du groupe Rhône-Poulenc. En amont du fort Saint-Jean, on trouve la plaine alluviale de Serin, qui s’allonge sur 1,2 km de long. Elle est peu habitée jusqu’à la fin de l’époque moderne, à la veille de la Révolution française: «Des mariniers, pêcheurs, marchands de blé, qui vivent principalement de la Saône», écrit Josette Barre dans l'ouvrage La colline de la Croix-Rousse, histoire et géographie urbaines. A la fin du XVIIIe siècle, on y trouvait aussi d'importants entrepôts de vin; le lieu, qui faisait partie de la Croix-Rousse (village indépendant jusqu’en 1852) et du Franc-Lyonnais, bénéficiait d'exonération de taxes. «La partie sud a été bâtie en quai à partir de 1809. Après les inondations de 1856, le quai est rehaussé et élargi par un bas port livré en 1868», précise ruesdelyon.net. Son industrialisation, tout au long du au XIXe, puis la construction au XXe siècle de l’avenue de Birmingham aménagée -en 1952- pour faire la jonction entre le tunnel sous la Croix-Rousse et le pont Clemenceau ont complètement changé son apparence. Au-dessus de nos têtes, alors que nous passons sur le quai Saint-Vincent, se trouve le fort Saint-Jean qui marquait jadis l’entrée nord de la ville de Lyon. Il y avait, ici, en bord de Saône, une tour puis un bastion qui bloquait le passage en dessous de la fortification. Une porte y est percée en 1639. «Depuis l’époque romaine, et jusqu’au XIXe siècle, ce bord de Saône est constitué d’une succession de quais embryonnaires et d’une série de ports en gradins s’avançant dans la rivière», découvre-t-on en consultant le site lyonembellissement.com. Au milieu du XIXe, après l’inondation d’octobre 1840, on commence à bâtir des quais continus, plus protecteurs. Nous voilà parvenus aux abords de la presqu’île, entre Saône et Rhône, cœur central de cette belle ville de Lyon, terme de notre «virée» sur la R.N.433 historique.

Marc Verney, Sur ma route, mai 2024

L'arrivée sur Lyon par les quais de Saône. Pour entrer dans la ville, cliquez sur l'image (photo: Marc Verney, août 2023).

Retour vers la page principale du site (clic!)