Réalisation du document: MV, novembre 2009 (avertissement: ce dessin ne doit pas être interprété comme une carte fidèle mais comme un schéma d'ensemble!).
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La RN448, que nous empruntons sur une partie de la balade Seine-Saine reliait en 1959 Montgeron à Malesherbes (photo: MV, nov. 2007).
Documentation écrite utilisée:, Atlas Michelin des Grandes Routes de France (1959), Atlas routier Michelin France 2007, Carte Michelin 150 km autour de Paris n°97 (1970), Guide Bleu des environs de Paris (Hachette-1928), autoguide Paris et ses environs (1971-Sélection du Reader's Digest). Et les documents touristiques des endroits concernés.
A Melun (photo: MV, mai 2006).


De Seine en Saine...
Paris-ci la sortie... (I)
La promenade nous emmène de Paris au coeur du Jura, non loin de Champagnole. Et les surprises vont quasiment commencer dès la sortie de Paris, sur la route de Melun... Pas de numéros de routes historiques, pas de route blanche... juste le plaisir de rouler au milieu de nouveaux paysages, forcément aquatiques, puisque nous allons littéralement "coller" à la Seine jusqu'à sa source, au beau milieu des plateaux bourguignons... pour ensuite aller au pays des Tilles au nord de Dijon. Nous couperons la plaine de la Saône en passant par le joli village de Bèze et entrerons enfin dans le Jura par la forêt de Chaux... Voici la première partie du trajet: de Paris à Melun...

La Seine à Villeneuve-Saint-Georges (photo: Marc Verney, octobre 2005).


Bon, il faut d'abord s'extirper de la Capitale. Pas facile de se faufiler dans un entrelacs d'usines et de hangars de tôle. Du côté du quai d'Ivry, lorsque l'on roule en voiture, il faut savoir oublier le paysage! Oh, il reste la Seine, et ses péniches lourdement chargées. Mais on a quand même du mal à trouver du charme à ces contrées, vouées depuis longtemps aux plaisirs troubles du commerce et de l'industrie. On passe le vieux signal Michelin qui indique Ivry et Vitry. Passé le centre d'Ivry, notre route (qui emprunte la N19) s'allonge au dessus de la Seine. Là, au confluent Seine-Marne, voici, à notre gauche l'étonnant bâtiment en forme de pagode géante de Chinagora... Au moins aussi exotique qu'un orque dans le port de Marseille...

Du côté de Maisons-Alfort, on est déjà à dix kilomètres du centre de Paris... Et toujours des immeubles à perte de vue... (photo: Marc Verney, septembre 2005).

Les eaux grisâtres semblent peu accueillantes. La Seine-fleuve, ici, sur le pont d'Ivry à Alfortville, ne ressemble en rien au joli cours d'eau qui dodeline entre les collines autour de Troyes. Qu'importe, ici, vers Paris, l'eau qui coule, imposante, nous fait déjà un peu penser à la mer, les mouettes en moins. Nous voici sur la départementale 38 qui, en longeant le fleuve, nous évite le lourd trafic de la nationale 6 (ancienne N5 route blanche) jusqu'au carrefour Pompadour d'où rayonnent des routes vers Choisy-le-Roi, Bonneuil et Créteil. Faut-il chercher à trouver quelque charme à ces paysages industriels, entre ports de marchandises et gares de triage? Oui, la poésie urbaine du béton criblé, de l'acier rouillé, de ces espaces où l'on s'émerveille de voir UNE fleur pousser au milieu des vestiges industriels...

Sur un mur un peu lépreux, à l'entrée de Choisy-le-Roi, voilà ce panneau Michelin qui s'accroche... (photo: Marc Verney, juin 2006).

On arrive à Villeneuve-Saint-Georges par l'avenue de Choisy. Là, rien à faire, il faut se faufiler entre les embouteillages quasi permanents pour continuer notre route sous le sifflement des jets qui décollent d'Orly. Nous suivons Vigneux-sur-Seine, puis Draveil. Là, on peut jeter un coup d'oeil à l'église du XVIIIe et aux anciennes plaques directionnelles situées aux angles de la place de la République. Notre route (RN448 historique) emprunte le boulevard Henri-Barbusse dans la direction de Champrosay. Tout au long du trajet, d'anciennes belles maisons attendent la ruine (ou les promoteurs); l'endroit était prisé par les gens fortunés et les écrivains. Alphonse Daudet a habité les lieux de 1886 à 1897 et a même décrit le village de Champrosay dans La petite paroisse.

Ces anciennes signalisations se retrouvent sur les murs d'un coin de la place de la République à Draveil (photos: Marc Verney, juin 2006).

Avec, d'un côté la lisière de la forêt de Sénart, et de l'autre, les méandres de la Seine, l'itinéraire commence à se teinter de vert... Dans la forêt de Sénart "aux sous-bois difficilement abordables", nous indique le Guide Bleu des environs de Paris 1928, on "trouve beaucoup de muguet". Mais aussi "quelques beaux chênes" pour l'autoguide Paris et ses environs 1971, qui précise de son côté que les lieux, anciennes chasses royales n'étaient pas très sûrs en raison du nombre de braconniers et de brigands que l'on y trouvait...

Un peu plus loin encore, voici le bourg de Soisy-sur-Seine qui s'étale gentiment sur les berges de la Seine. Il est possible d'aller admirer le fleuve: une passerelle, située au niveau de l'écluse d'Evry relie les rives droite et gauche de la Seine. N'oubliez pas de saluer, à l'entrée de Soisy, deux anciens panneaux Michelin balisant la N448 historique. Juste après ce village, il ne faut pas manquer d'aller visiter -brièvement- le bourg voisin d'Etiolles. Lové dans un vallon de la forêt de Sénart, Etiolles a des faux airs de village du nord de la Côte d'Or, aux maisons gentiment regroupées autour de l'église et aux pierres recouvertes de mousse...

Un des panneaux Michelin situés à Soisy-sur-Seine. Le second se trouve quasiment en face, cliquez ici pour le voir (photo: Marc Verney, juin 2006).

On entre dans Saint-Germain-les-Corbeil par la rue du 14-Juillet. La cité de Corbeil-Essonnes est située en face, de l'autre côté du pont sur la Seine. C'est là que l'Essonne se jette dans le fleuve. Alors... Pourquoi Corbeil-Essonnes (avec s)? Essonnes est en fait une autre petite commune du coin située le long de la N7 toute proche. A noter que le centre de Corbeil est constitué autour de la vaste place du Marché. Non loin, en suivant la rue Saint-Spire, on peut voir une porte gothique du XIVe siècle. Les travaux de l'église Saint-Spire ont débuté quant à eux au XIIe siècle. C'est également à Corbeil que l'on trouvait la société Decauville, spécialiste des chemins de fer à voie étroite. En sortant de l'agglomération, on laisse filer, à gauche, la route de Melun.

Voilà Saintry-sur-Seine, village bâti en bordure de la forêt de Rougeau. Si l'on s'éloigne un peu de la Seine, d'ici, nous dit le Guide Bleu 1928 des environs de Paris, on pouvait regarder, sur la rive opposée, "la ligne d'arbres qui jalonnent la grande route de Fontainebleau". Les nouveaux lotissements, qui poussent ici comme des champignons, tempèrent désormais un peu cette vision idéale... Morsang-sur-Seine, joli village -très- résidentiel, s'enroule autour d'une boucle du fleuve. La route de Seine-Port, puis la route de Morsang longent au plus près la Seine. De petits chemins montent à travers les arbres de la forêt de Rougeau vers le Pavillon Royal, un ancien rendez-vous de chasse appartenant à Louis XV. Les carrefours de cette forêt portent d'ailleurs des noms en rapport avec "l'hôte" de ces lieux: carrefour de la Table-du-Roi, carrefour du Dauphin...

Signalisation Michelin à Morsang-sur-Seine (photo: Marc Verney, juin 2006).

Juste après, voilà Seine-Port, pittoresque village dans lequel on trouve aussi un pavillon de chasse royal (celui de Louis XIII). A deux pas, dans le bois de Sainte-Assise, on trouvait 17 pylones de 250 m de hauteur; une station de TSF s'y trouvait. C'était, en 1928, l'installation radio la plus puissante du monde. Dans ce même bois, on peut voir aussi un petit monument qui commémore la traversée de la Seine en 1944 par les éléments de l'armée Patton. Une descente nous ramène sur les bords du fleuve. Il faut alors prendre la direction de Boissise-la-Bertrand. On longe les eaux sur lesquelles peinent les péniches, lestées par leur encombrante cargaison.

Là, on peut prendre la direction de Melun par le bord des eaux en suivant Farcy puis Le Mée-sur-Seine. C'est, nous dit le Guide Bleu 1928 des environs de Paris, la patrie du sculpteur Chapu (1833-1891), et l'on peut voir plusieurs de ses oeuvres à l'église et au cimetière. On entre dans Melun par les quais de la rive droite (quai des Tilleuls). Melun, qui enjambe la Seine, et qui se paie le "luxe" d'avoir "sa" petite "île de la Cité" est le chef-lieu du département de la Seine-et-Marne, formé en 1790 par l'assemblage de différentes parties de l'Ile-de-France, de la Brie, de la Champagne et du Gâtinais.

A l'entrée de Melun, le long des berges de la Seine, on constate la hauteur importante de la crue du 21 janvier 1955 (photo: Marc Verney, mai 2006).

La ville se développe rapidement après 1847 grâce à la ligne de chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée, le fameux PLM. Bien avant, la ville était connue pour ses coches d'eau, qui desservaient Paris. Mentionnés dès le XIIe siècle, ces navires sont un des moyens de transport parmi les plus utilisés à Melun. Au XVIIe siècle, on sait que le voyage hebdomadaire Paris-Melun durait selon la saison entre une journée et une journée et demi. Un siècle plus tard, alors que le coche devient quotidien, le même trajet ne durait plus que douze heures. Les coches d'eau cessèrent de fonctionner avec l'arrivée du chemin de fer à Melun. A voir dans la ville et dans la région, l'église Notre-Dame, l'église Saint-Aspais, mais surtout le château de Vaux-le-Vicomte (jardins à la française de Le Nôtre) et l'abbaye cistercienne de Dammarie-les-Lys (XIIIe siècle). Après Melun, direction Chartrettes par la départementale 39... (à suivre)

Marc Verney (Sur ma route), novembre 2009


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