Ancienne borne Michelin située vers Pouilly-en-Auxois (photo: MV, été 2011).
Très belle plaque touristique en émail conçue par la société Auer (Paris). Elle se trouve située non loin de St-Révérien sur l'ancienne N77 bis (photo: MV, nov. 2012).

LA CITATION . Jolie, cette phrase d'Onésime Reclus, géographe, sur le Morvan: «Si quelque gouffre l'avalait, si de gigantesques érosions le diluaient à la minute -certes, il se dilue, mais à l'infinitésimale- il y aurait du grabuge en France; petit de taille, mince d'épaules, il vaut plus que sa stature, car il appelle, il dévie beaucoup de vents, il dispense beaucoup de pluies, et ses rivières, recours contre la sécheresse, importent à la Loire, comme à la Seine.».

Anciennes signalisations à Saint-Révérien. Photos: Marc Verney, novembre 2012.
Ancienne plaque directionnelle à Saint-Révérien. La RD4 est aujourd'hui la D34. Photos: Marc Verney, août 2011.

LOCALITES traversées par la R.N.77 bis (1959):
Doudoye (N77)
Boulon

Moussy
Saint-Révérien
Guipy
Chaumot
Chitry-les-Mines
Corbigny (N485)
Cervon
L'Huis-Patault
Vauclaix (N444)
La Roche
Le Gravet
Chassaygne
Montsauche
Gouloux (pont)
Saulieu (N6, N80)
Thoisy-la-Berchère
Sausseau
Chailly
Pouilly-en-Auxois (N470)
Vandenesse
Solle
Montoillot
Echannay
Sombernon (N5)

A Corbigny (photo: MV, novembre 2012).

D'AUTRES RESSOURCES autour de la nationale 77 bis historiques: La page Wikipédia consacrée à cette route (lire).
Une page sur le pont Dupin à Gouloux (lire).

Une vénérable signalisation à Précy, non loin de Corbigny (photo: MV, novembre 2012).

QUAND un canal est à l’origine d’une aventure industrielle… L’ancienne RN77 bis traverse le canal du Nivernais à Chaumot, non loin de Corbigny. La voie d’eau, dont la construction a débuté en 1784 à La Collancelle, où fut percé le plus long tunnel (on dit voûte) du canal, devait principalement transporter le bois flottant du Morvan vers Clamecy puis, de là rejoindre la capitale française. Mais, en 1843, à la fin des travaux, le canal (et ses 116 écluses!) fut, de fait, un puissant vecteur de développement économique pour toute la région. Un maçon de la Creuse fut particulièrement actif sur le chantier: Philippe Fougerolle… qui créa par la suite l’entreprise Fougerolle, aujourd’hui partie du gigantesque groupe Eiffage.

Vers le pont-Dupin sur la Cure (photo: MV, juillet 2022).

LES GALVACHERS, les «grandvalliers» du Morvan? Le lecteur de ce site a certainement vu passer le terme de «grandvallier», du nom de ces robustes commerçants nomades jurassiens qui partaient vendre dans toute la France les produits de leurs petites montagnes… Les galvachers étaient, eux, des agriculteurs originaires du Morvan qui partaient au loin «se louer» avec leurs bœufs de race charolaise afin de réaliser des travaux nécessitant une forte puissance de traction (débardage en forêt). Au XIXe siècle, on pouvait les rencontrer sur une vaste zone, allant du nord de la région parisienne jusqu’en Champagne. Mais c’est pendant la construction du chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée que les galvachers connurent leur heure de gloire, déplaçant les montagnes de terre et de pierre nécessaire à la confection des voies. On se doute que la profession a également largement servi les buts d’André-Marie Dupin autour du barrage des Settons et lors de la construction des routes de la région….

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JADIS, les routes du Morvan «Il faut admettre que les routes d'alors, faites pour les chariots à boeuf et les voitures à cheval ou à âne, n'étaient pas entretenues comme les autoroutes d'aujourd'hui. Elles n'étaient pas macadamisées, mais simplement empierrées et par bouts. Ces pierres n'étaient pas écrasées par un rouleau compresseur mais par les roues des voitures et par les fers des animaux. Le passage des endroits fraîchement empierrés était désagréable aux gens et aux bêtes. L'empierrement se faisait de la façon la plus primitive, comme probablement à l'époque des Gaulois et des Ligures. Les ponts et chaussées faisaient déposer, sur le bord de la route, un tombereau d'un mètre cube de pierres brutes. Un pauvre homme, les yeux protégés par de grosses lunettes, cassait ces pierres avec un marteau à long manche. Ce travail était peu lucratif puisqu'il a donné naissance à l'expression populaire très péjorative: "Aller casser des pierres sur la route". Un cantonnier bouchait les trous avec ces pierres et c'était tout. Les routes étaient blanches, bleues ou roses, suivant la couleur du granit employé. Tout considéré, nos routes étaient plutôt moins mauvaises, ayant un fond solide, que les routes argileuses ou calcaires de nos voisins. Elles avaient moins d'ornières». Source: En Morvan, souvenir du bon vieux temps, Joseph Pasquet, libraires éditeurs, Roger Montaron, Jean-Pierre Montaron (1967)





Belles routes de France...
R.N.77 BIS: LA GRANDE TRAVERSEE DU MORVAN!
En 1959, la route nationale 77bis (dite «de Nevers à Dijon») relie Prémery dans la Nièvre à Sombernon en Côte d’Or, localité où elle rencontre la R.N.5 de Paris à Genève (D905 aujourd’hui). La chaussée, ouverte au XIXe siècle pour désenclaver la région, tournicote, enrobe les monts du Morvan en traversant de petites localités blotties derrière un bosquet de sapins tourmentés par le vent. Voilà Saint-Révérien et son église romane du XIIe siècle, Corbigny, aux abords du canal du Nivernais, étape de la belle «route buissonnière», Montsauche et la lac des Settons, Saulieu, étape gastronomique sur la route du soleil… C’est l’étonnement tranquille à chaque tour de roue! La pluie (en automne) est souvent de la partie; c’est donc rude, un peu jurassien… mais c’est vraiment une belle route pour le tourisme de promenade! Bref, on adore… et on va faire mentir le proverbe «il ne vient du Morvan ni bonnes gens ni bon vent»… Ah, mais!! Ce texte, tout d’abord écrit en 2013, a été complètement refait en cet hiver 2023. Il y a aussi de nouvelles photos.

La R.N.77 bis historique virevolte au milieu des bois et villages morvandiaux. Un bel appel nature (photo: MV, juillet 2022). En cliquant sur l'image, vous continuez vers Dijon par la R.N.5 historique!

Nous voici à Prémery, l'ancien fief des évêques de Nevers, sur l’ancienne nationale 77. Il faut faire quelques tours de roue (deux kilomètres) en direction de Clamecy sur la «route de Varzy» pour trouver -sur notre droite- au lieu-dit la Valotte, où l’on passe la Nièvre d’Arzembouy, l’embranchement de la route nationale 77bis (D977bis aujourd’hui). La voie, d’après les archives départementales de la Nièvre, a été ouverte à partir de 1838, mais les travaux se sont étalés dans le temps. On peut lire dans les Procès-verbaux des séances de la Chambre des députés en 1837, «qu'il sera ouvert, dans les départements de la Côte-d'Or et de la Nièvre, une nouvelle route royale entre Nevers et Dijon. Cette route s'embranchera sur la route royale n°77, de Nevers à Sedan et aboutira dans le département de la Côte-d'Or, à la route royale n°70, d'Avallon à Combeaufontaine». Une petite explication s'impose ici: à l'époque, ce n'est pas la route n°5 qui passe à Sombernon. Son trajet l'emmenait à l’époque, plus au nord par Saint-Seine-l'Abbaye, Val-Suzon, jusqu'à Dijon (actuelle R.N.71 historique). Intéressant passage ensuite: «Aucun fonds ne sera affecté par l'Etat aux travaux de cette route que lorsqu'il aura été pourvu à la moitié de la somme qu'exige leur confection, soit par les votes des Conseils généraux de département, soit par les souscriptions volontaires des communes et des particuliers. L'entretien des portions de routes départementales ou de chemins vicinaux, que doit emprunter la nouvelle route, restera à la charge des départements et des communes, jusqu'à la confection entière et définitive de cette route sur tout son développement».

R.N.77: AUBE SUR LOIRE...
La route nationale Sedan-Nevers par Auxerre traverse une grande partie de l'est de la France. Ardennes, Champagne, Bourgogne... Une superbe promenade! (lire)

C’est effectivement à partir des années 1830, sous l'impulsion d'André-Marie Dupin, député de la Nièvre, nous dit le site patrimoinedumorvan.net, que le réseau routier régional est complètement bâti. Un coup d’œil à la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par le Géoportail de l’IGN nous montre effectivement le manque de chaussées dans la région. L’homme, qui habitait le château de Raffigny à Gâcogne, s’investit donc à fond dans le projet: «Le conseil général de la Nièvre, lit-on dans la Notice biographique sur M. Dupin, a voté à M. Dupin des félicitations pour son zèle (…), pour avoir abandonné une valeur de 10 000 francs, en terrains et bâtiments, à la décharge du contingent du département, dans la route royale de Vaucloix à Saulieu». En 1839, dit la Situation des travaux, «la longueur des parties en lacune est de 34.934 mètres dans la Nièvre et 36.288 mètres en Côte-d'Or» sur un trajet d'une longueur totale de 124.171 mètres. Il y a donc encore du boulot... mais, continue la publication du ministère des Travaux publics, «les travaux sont en pleine activité et seront poursuivis dans la limite des crédits mis à la disposition de l'administration». «Sur cette artère principale sont venues s'embrancher ultérieurement toutes les routes secondaires: après le vote de la loi du 5 février 1838 (sur la R.N.77bis, NDLR), le Conseil général de la Nièvre décida l'établissement d'une route départementale de Château-Chinon à Montsauche (route n°7) et de deux chemins de grande vicinalité, l'un par Chaumard et Ouroux, rejoignant la route de Montsauche au pont de Boulois; l'autre par Ouroux et Planchez, se rattachant à Autun», lit-on en 1895 dans les Mémoires de la société d'anthropologie de Paris.

Sur la table d'orientation de la butte de Montenoison, on y voit quasiment tous les lieux traversés par la R.N.77bis dans le Morvan (photo: Marc Verney, novembre 2012).

Les premiers kilomètres de la route sont bien tranquilles dans un pays de prés et de bois. Après le carrefour avec la D977 actuelle, notre chaussée traverse l’ancienne ligne de chemin de fer de Clamecy à Nevers, ouverte en 1877 et fermée aux voyageurs en 1938 (lignes-oubliees.com). Passé ce début «officiel» de la R.N.77bis, on prend la direction de Moussy. Le village, qui se trouve au niveau du partage des eaux entre Loire et Seine, s'appelait anciennement Moussy-les-Meules car «la pierre extraite de la forêt servait à fabriquer des meules pour les minoteries», explique le site municipal moussy58.fr. Non loin de là se trouve Montenoison (3,5 km au nord) et sa butte de 417 m (panorama) qui porte les modestes ruines très romantiques d’un château du XIIe siècle (reconstruit au XIIIe par Mahaut de Courtenay, la comtesse de Nevers). Cette butte se situe au croisement de deux voies romaines, et notamment celle qui reliait Entrains-sur-Nohain à Autun qui desservait l'agglomération romaine de Compierre (vestiges), toute proche. La route dépose son léger goudron sur les terrains marneux et boisés d’une petite région naturelle, les Vaux de Montenoison, placée à cheval entre les bassins de l’Yonne et de la Loire. Rapidement, la chaussée entame sa descente vers Saint-Révérien, une commune qui a longtemps prospéré avec l’élevage du bœuf charolais et le flottage de bois. Là, le touriste pourra admirer une église romane du XIIe siècle (incendiée en 1723), vestige d’un ancien prieuré clunisien «à trois nefs sans transept avec rond-point de trois chapelles maladroitement restaurées en 1906», nous précise le Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais. On pourra aussi y apprécier de belles fresques. A Saint-Révérien, on peut aussi remarquer la maison du prieur (XVe siècle), attenante à l’église et qui est l’ancien relais de poste. Non loin de là, sur la route de Champallement, l’exploitation de carrières de grès (du XIXe au début du XXe) a servi à paver les routes de la Nièvre mais aussi certaines rues de… Paris!

En direction de Guipy (photo: Marc Verney, novembre 2012).

La route s’incline maintenant vers le Beuvron et pointe vers Guipy. Là, sur cette portion de chaussée, les travaux remontent à la moitié du XIXe siècle; il s'agit notamment d’une «rectification entre le pied de la pente de Saint-Révérien et l'entrée de Guipy», indique la Situation de travaux de 1846. Ce dernier village «s'est établi dans la vallée du Corneau autour d'un prieuré dont la première mention connue date de 1105», signale gennievre.net. De Guipy, s’échappe la rue Saint-Jacques-de-Compostelle qui prend la direction de Chitry-les-Mines. A Précy, l’ancienne chaussée frôlait le château; en 1855 (Wikisara), une rectification éloigne l’empierrement des murs pour filer tout droit vers le hameau d’Ardan et le pont sur le ruisseau d’Héry. Un peu plus loin, Chaumot, village installé sur les bords du canal du Nivernais, a hébergé l’écrivain Jules Renard (1864-1910). L’auteur de Poil de carotte a passé son enfance dans le bourg voisin de Chitry-les-Mines. Et plus tard, il en a même été le maire! On passe le canal du Nivernais (inauguré en 1841) sur «un pont biais composé de culées en moellon, d'un tablier en béton et de garde-corps en métal» (pop.culture.gouv.fr), puis l’Yonne dans la foulée. Le pont actuel, composé de «quatre arches en maçonnerie et en pierre de 6 mètres à 7,50 mètres d'ouverture» est long de 34 mètres; il est daté de 1860 (web-croqueur.fr). La petite bourgade de Chitry doit son nom à des «filons argentifères exploités au XVIe siècle, nous narre le Guide Bleu». De plus amples précisions viennent de Jacques Momot, dans son article «Chitry (Nièvre) et ses exploitations minières» (1967): «Des mines de plomb argentifère furent découvertes en 1493 et exploitées dès 1495. L'extraction du minerai a été abandonnée vers le milieu du XVIIe siècle. L'exploitation des mines de Chitry s'est développée des deux côtés de l'Yonne. Le territoire de cette commune est creusé de toutes parts». On quitte la localité par la «route de Nevers». Cette chaussée a remplacé l’ancien chemin de Chitry qui se raccorde à la rue Jules-Renard peu après Beugnon. Et voici Corbigny.

Le pont sur l'Yonne (photo: Marc Verney, juillet 2022).

«Placée entre les montagnes, écrit en 1858, Elisa Chevalier dans le Guide pittoresque dans la Nièvre, sur la riante vallée de l'Anguison, Corbigny porte le cachet du Moyen Age, dans ses rues étroites et dans son antique abbaye de Saint-Léonard, placée sur une éminence, au nord de la ville (...). Cependant, une large rue nouvelle, bien bâtie, semble témoigner que Corbigny saura suivre le goût moderne, tout en gardant ses vieux souvenirs». A Corbigny, la route R.N.77bis historique franchit donc l’Anguison, un affluent de l’Yonne. Ce qui permit à la cité de mener «le commerce du bois flotté» indique encore Elisa Chevalier. La ville fut également l’une des premières étapes sur la vieille route de Saint-Jacques-de-Compostelle depuis Vézelay.

Plaque de cocher à Corbigny. Elle n'est pas très orthodoxe. Notez le "bis" qui surplombe le n°77 (photo: Marc Verney, juillet 2022).
Passage à niveau à l'ancienne à l'entrée ouest de Corbigny. Pour l'heure, les trains ne passent plus (photo: Marc Verney, juillet 2022).

CORBIGNY, A VOIR, A FAIRE Plusieurs fois dévastée depuis le XIIe siècle, l’église Saint-Seine abrite cependant de belles pièces de mobilier. L’abbaye Saint-Léonard (origines du VIIIe siècle), pour sa cour d’honneur et son escalier monumental. La tuilerie de La Chapelle, qui fonctionne de père en fils depuis le XVIIIe siècle! Les fanas d’aviation iront voir le monument commémorant l'accident du Dewoitine D-332 L'Émeraude, le 15 janvier 1934, sur son vol retour d'Indochine (périront notamment dans le crash, Maurice Noguès, le pionnier de l'aviation, et Pierre Pasquier, le gouverneur général de l'Indochine).


LE COUP DE LA "ROUTE BUISSONNIERE"
Route alternative et vraiment mignonne pour rejoindre Lyon, la "route buissonnière" sillonne depuis Nemours des régions un peu oubliées et pleines de charme... (lire)

On quitte Corbigny par la rue du Briou qui prend la direction de Cervon, à six kilomètres de là. Il faut préciser que la carte de Cassini (XVIIIe siècle) publiée par l’IGN montre un autre chemin jusqu’à Saulieu, celui-ci traverse ou longe Viry, le Pontot, Cuzy, Planvoy, l’Huis-Nolin, Brassy, le Parc, Saint-Brisson, Champeau, Montbroin… De fait, lorsque l’on analyse la carte d’état-major du XIXe (1820-1866), également sur le Géoportail de l’IGN, on ne voit pas encore de chaussée reliant Cervon à l’actuel carrefour de Vauclaix. L’encyclopédie des routes Wikisara donne l’année 1865 pour la construction de cette voirie remontant la vallée de l’Anguison. Plus loin, Vauclaix porte ce nom en référence au rétrécissement de la vallée (le latin Vallis Clausa); c’est une paroisse créée par les moines de Corbigny au VIIIe siècle. Au carrefour de Vauclaix en 1959, la R.N.77bis croise la R.N.444 (route de Troyes à Château-Chinon par Chaource, aujourd’hui D944). Non loin, se trouve le château de Gâcogne, qui appartenait à André-Marie Dupin, le bienfaiteur des routes du Morvan. Notre voiture se dirige désormais en direction de Montsauche-les-Settons sur une chaussée réalisée ici autour de 1840 jusque vers la limite Nièvre-Côte-d’Or (Wikisara). On traverse un paysage très agréable de prés et de bois et le conducteur apprécie les courbes variées d’une route qui chavire aimablement les sens… Le village de Montsauche-les-Settons, installé au-dessus de 650 m d’altitude, domine un joli paysage, rond et vert. On y croise la route départementale n°37 qui se dirige vers Château-Chinon. Celle-ci, nous indique les Recherches ethnologiques sur le Morvan, «fut construite en 1846». C'est «seulement le 12 septembre 1847 que passa à Montsauche la première diligence directe de Nevers à Dijon», signale encore cet ouvrage. Peu d’anciennes maisons, car le village a été ravagé en juin 1944 par les troupes allemandes. C’est cependant un point de départ agréable pour la visite du lac des Settons, tout proche.

R.N.444: LA BELLE MORVANDELLE
Entre Troyes et Château-Chinon , la route nationale 444 de 1959 relie Chaource, Tonnerre, Avallon et Lormes... un détour de charme parmi la verdure et les collines (lire)

Cet ancien panneau métal de la R.N.77bis a été miraculeusement préservé. On le trouve à côté de Vauclaix (photo: Marc Verney, novembre 2012).
Le carrefour de Vauclaix (photo: Marc Verney, juillet 2022).

MONTSAUCHE, A VOIR, A FAIRE Vaste lac artificiel de 360 ha de superficie, le réservoir des Settons a été créé de 1848 à 1858 sous l’impulsion d’André-Marie Dupin. A l’époque, l’installation permet le flottage du bois de chauffe vers Paris en se servant de la rivière Cure comme d'un moyen de transport. Entièrement construit en blocs de granit, le barrage des Settons est un édifice imposant qui mesure 267 m de long, 20 m de hauteur et 20 m à sa base. Activités de nautisme et de baignades en été. Randonnées.


Plaque de la route impériale 77 bis à Montsauche-les-Settons. Notez que le IMP a été martelé sans vraiment pouvoir l'effacer (photo: Marc Verney, novembre 2012).

Après Montsauche, l’ancienne route nationale 77bis suit la vallée de la Cure et atteint rapidement le pont Dupin, au saut de Gouloux. Les travaux de l'ouvrage commencèrent «en 1838 sous la direction de Charles-Abraham Gaucher, conducteur des ponts et chaussées, pour s'achever en 1840. Selon Baudiau, il fut bâti avec le granit rose de la forêt de Chenue (communes de St Brisson et Dun)», lit-on sur le site patrimoinedumorvan.org. Ce pont sur la Cure, haut de 13 m, coûta une somme rondelette (80 000 francs en 1838-39), mais permit d’achever totalement la transversale morvandelle entre Nevers et Dijon. Là encore, l’intervention d’André-Marie Dupin semble avoir été décisive, puisque les crédits ne furent votés à la Chambre des députés qu’après un long débat et une vibrante intervention du bienfaiteur morvandiau.

A VOIR, A FAIRE Le saut de Gouloux nous apparaît après quelques minutes de marche dans une verdure chatoyante. Oh… rien à voir avec les Niagara Falls… Juste un agréable coin pour un pique-nique au cœur de la nature morvandelle. Les deux moulins mécaniques et modernes qui y avaient été édifiés pour remplacer ceux, noyés, par la création du réservoir des Settons, n’existent plus.


Le pont sur la Cure (photo: Marc Verney, juillet 2022).
La R.N.77bis au niveau de la limite départementale entre Nièvre et Côte d'Or (photo: MV, novembre 2012).
Borne de limites départementales entre Nièvre et Côte d'Or (photo: Marc Verney, novembre 2012).

Quelques kilomètres après Gouloux, la R.N.77bis d’antan passe en Côte d’Or. Saulieu, le bourg le plus important de la région est en vue. Ici, la route a été réalisée au même moment que le pont Dupin sur la Cure, signale Wikisara. A 258 kilomètres de Paris, la petite cité du Morvan (514 m d'altitude), où nous croisons les R.N.6 et R.N.80 historiques est encore aujourd'hui une des grandes étapes de la route Paris-Côte d'Azur malgré le déclassement de la nationale 6 en D906. «C’est après la conquête des Gaules par César que naquit une bourgade au nom de Sidolocum sur la voie Aggripa reliant la Méditerranée à Boulogne à égale distance d’Augustodunum (Autun) et d’Aballo (Avallon)», écrit le site saulieu.fr. Durant le début du haut Moyen Age, poursuit le site municipal, Saulieu fut rudement éprouvée par les grandes invasions vandales et burgondes, puis par les saccages sarrasins en 706. Rattachée plus tard à l'évêché d'Autun, les évêques décidèrent d’y construire en 1360 un château fort et ses remparts dont il n’existe plus qu’une tour. Sous l'Ancien Régime, de nouvelles foires furent créées, améliorant ainsi le commerce; puis, vers 1775, commença la démolition du mur d’enceinte qui par endroit était très dégradé. Le quartier bourgeois s’étendit vers le rempart ouest, c’est-à-dire le long de la rue Gambetta. Au temps des diligences, Saulieu a compté jusqu’à 300 chevaux dans ses relais de poste… C’est au début du XIXe siècle que la cité aménage son centre-ville pour le rendre plus agréable à traverser (place Monge en 1810).

SAULIEU A VOIR, A FAIRE Edifiée au XIIe siècle, la basilique Saint-Andoche est un bel exemple de l'art roman bourguignon; le musée municipal, qui a recréé l'ambiance d'une vieille auberge (au XVIIIe , un relais y comptait jusqu'à 200 chevaux!) et où l'on peut voir une partie de l'oeuvre de François Pompon, natif de Saulieu; les anciennes bornes routières autour de l'office du tourisme; ne pas négliger de faire quelques pas dans le centre ancien à la recherche des panneaux de la «route N6 historique».


R.N.6, LA ROUTE DES ALPES
Auxerre, Saulieu, Chalon, Mâcon, Lyon... suivez le jeu de piste de la N6 historique (1959) jusqu'en haut du col du Mont-Cenis. Ca décoiffe de visiter les belles routes des Alpes... (lire)

R.N.80: UN TRAVAIL DE (GALLO) ROMAINS!
Entre Châtillon-sur-Seine et Cluny, la route n°80 rencontre de belles cités de caractère et zigzague au milieu de paysages nobles et sereins marqués par la patine du temps... (lire)

Le carrefour entre la D906 et la D977bis (photo: Marc Verney, juillet 2022).
Plaque de cocher à Thoisy-la-Berchère (photo: Marc Verney, juillet 2022).

Il faut ensuite parcourir 4,5 km sur l’ancienne R.N.6 pour retrouver le tracé de la R.N.77bis (D977bis) qui part sur la gauche au niveau du bois des Bruyères en direction de Thoisy-la-Berchère, puis de Pouilly-en-Auxois et enfin, de Sombernon. On apprend dans un paragraphe du Bulletin des lois de l'empire français de 1870, consacré aux lacunes sur les routes impériales, qu'il est encore consacré des fonds à cette époque «à la construction de la route impériale n°77bis de Nevers à Dijon entre Saulieu et le Moulin-Génot». A noter que dans la Situation des travaux en avril 1841, il est noté qu'entre «le Moulin-Génot et Pouilly», puis jusqu'à Sombernon, les travaux de cette chaussée sont indiqués «en cours d'exécution». On passe au large du vieux bourg féodal de Mont-Saint-Jean et son château pour traverser Chailly-sur-Armançon (château du XVIe). La chaussée y saute l’une des rigoles d’alimentation du canal de Bourgogne (réservoir de Cercey) avant de franchir l’Armançon puis le canal lui-même avant d’entrer dans Pouilly-en–Auxois. La petite cité de l’Auxois se traverse vite. Ce qui intéresse le voyageur s’y trouve d’ailleurs sous ses pieds ! On trouve en effet ici la fameuse et longue voûte (tunnel) du canal de Bourgogne (3350 m à 378 m d’altitude). Véritable exploit technique, elle fut réalisée en sept ans entre le bassin de la Seine et celui du Rhône. La route R.N.77bis prend la direction du sud, longe l’autoroute du Soleil jusqu’à un embranchement au lieu-dit les Golottes où l’on doit obliquer vers Sombernon. A Vandenesse-en-Auxois, où passait, selon le site de la mairie, l’une des premières lignes d’autocars créées en Côte d’Or (le Dijon-Saulieu en 1921), on se trouve au pied du site de Châteauneuf, un des plus beaux lieux de Bourgogne...

Extrait de l'Atlas général des routes de la Province de Bourgogne. On remarque sur cette carte (fin du XVIIIe siècle) que la route n'est encore qu'un chemin finérot (qui mène aux champs ou au villages d'à côté) de 6 pieds de large (source: archives départementales de Côte d'Or).
Cette ancienne borne indicatrice de la route impériale 77 bis se trouve non loin de Mont-Saint-Jean. A noter que le graveur a oublié le S de Nevers (photo: Marc Verney, août 2008).

UN TOUR DANS L'AUXOIS
Voilà un pays qui cache bien son jeu... L'histoire et la nature s'y camouflent derrière de jolies collines. Au détour des routes, on s'y sent plutôt bien... (lire)

R.N.470: DES COLLINES ET DES MONTS
Entre Bourgogne et monts du Jura, la route nationale 470 historique se faufile au travers des plus belles contrées de la région (lire)

A VOIR, A FAIRE Du village pittoresque de Châteauneuf-en-Auxois, large vue sur toute la région environnante. Le château médiéval mérite la visite. A quelques kilomètres sur la D977 bis, Commarin, son romantique château (XIIIe-XVIe siècles) et la demeure de l’écrivain Henri Vincenot.

La chaussée longe le réservoir de Panthier (camping et baignade). Voilà Solle, Commarin. On passe Montoillot. Les paysages de l’Auxois s’ouvrent à nos yeux sur les ultimes kilomètres de la R.N.77bis historique. Echannay s’échappe à notre droite et voici bientôt l’autoroute A38 que l’on franchit pour atteindre Sombernon et la «route blanche», l’ancienne R.N.5 qui nous mènera jusqu’à Dijon.

Marc Verney, Sur ma route, février 2023

En route vers Pouilly, Sombernon et Dijon (photo: Marc Verney, juillet 2022).

R.N.5: LA SUISSE PAR MONTS ET PAR VAUX
La N5 Paris-Genève-St-Gingolph est quasiment disparue à la suite du vaste déclassement des routes nationales en 2006... On aborde ici le tronçon Sombernon-Dijon. (lire)

SOURCES ET DOCUMENTS: Atlas des routes de France (Michelin, 1951-52, 1959); carte IGN Auxerre-Saulieu n°28 (2005); carte IGN Nevers-Autun n°135 (2011); carte Michelin n°65 Auxerre–Dijon (1939, 1949); Bulletin des lois de l'empire français, Imprimerie impériale (1870); «Chitry (Nièvre) et ses exploitations minières», Jacques Momot, Publications de la Société linnéenne de Lyon (1967); Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais (Hachette, 1965); Guide pittoresque dans la Nièvre, Elisa Chevalier, P. Bégat, imprimeur-libraire et lithographe (1858); Guide du Routard Bourgogne (Hachette, 2009); Le flottage en Morvan, du bois pour Paris, Gérard Guillot-Chène (éd. Garnier, 1979); Le Morvan, cœur de la France T1, J. Bruley (La Morvandelle, 1964); Nivernais et Morvan d’autrefois, Jean-Pierre Harris (éd. Horvath, 1981); Notice biographique sur M. Dupin, par M. Ortolan (Joubert éditeurs, 1840); Recherches ethnologiques sur le Morvan, A. Hovelaque, G. Hervé, Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris (1894); Situation des travaux, ministère des Travaux publics, Imprimerie royale (1839); Situation des travaux, ministère des Travaux publics, Imprimerie royale (1841); Situation des travaux, ministère des Travaux publics, Imprimerie royale (1846); Un coin du Morvan dans l’histoire, Alexis Paillard (Alain Schrotter éditeur, 1981); culture.gouv.fr; gennievre.net; lemorvandiaupat.free.fr; lignes-oubliees.com; moussy58.fr; patrimoinedumorvan.org; pierrebonnard.online.fr; pop.culture.gouv.fr; saint-reverien.fr; saulieu.fr; villagesdefrance.fr; web-croqueur.fr; Wikisara; Wikipédia; archives départementales de Côte d'Or et de la Nièvre, le Géoportail de l’IGN.

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