Réalisation du document: MV, janvier 2010 (avertissement: ce dessin -cliquable- ne doit pas être interprété comme une carte fidèle mais comme un schéma d'ensemble!).
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Ancien panneau Michelin situé vers Vaux, après St-Marc-sur-Seine, en direction d'Aignay-le-Duc (photo: MV, juillet 2008).
Documentation écrite utilisée:, Atlas Michelin des Grandes Routes de France (1959), Atlas routier Michelin France 2007, La Seine et ses bords, Charles Nodier (1836, publié par M. A. Mure de Pelanne), Guide du Routard Bourgogne (Hachette, 2009), Guide Bleu Bourgogne Lyonnais (Hachette, 1965), www.pays-chatillonnay.fr. Wikipédia, et les documents touristiques des endroits concernés.
Première plaque Michelin à Frôloy. Un petit village fortifié fort joli situé, sur son éperon rocheux à moins de dix km des sources de la Seine (photo: MV, juillet 2009).
Deuxième plaque Michelin à Frôloy. Le bourg, séparé en deux parties (en haut et en bas) mérite largement le détour depuis Alise-Ste-Reine ou les sources de la Seine (photo: MV, juillet 2009).
Autre plaque Michelin non loin de Saint-Seine-l'Abbaye (photo: MV, juillet 2009).


De Seine en Saine...
Filet de Seine (IV)
La quatrième étape de notre paisible -et lente- promenade de Seine en Saine nous fait zigzaguer, dans le nord côte d'orien autour du mince filet d'eau qu'est ici le fier fleuve français. On est dans l'une des parties les plus intéressantes du trajet. Charles Nodier, qui a publié en 1836, La Seine et ses bords, une promenade sur les berges du fleuve, de sa source à son embouchure, écrit ceci: "La Seine (...) n'est encore pendant longtemps qu'un étroit ruisseau qui promène ses eaux limpides et poissonneuses au milieu des prés, dans un vallon solitaire et bordé des deux côtés par un pays montagneux, boisé, d'un aspect agreste et sauvage"... Rien n'a vraiment changé... Tant mieux, non??

La Seine à Cosne. Nous sommes dans l'une des parties les plus intéressantes de la promenade (photo: Marc Verney, juillet 2008).

On quitte finalement Châtillon-sur-Seine à regret, malgré son centre-ville moderne (l'ancien a été incendié en 1940). La commune, qui chevauche plusieurs boucles de la Seine, possède la plus grande forêt domaniale de Bourgogne (8875 ha) est, en effet, le point de départ de nombreuses promenades bucoliques et rafraîchissantes. N'oublions pas d'aller jeter un oeil à la source de la Douix, dont le débit -parfois puissant- peut aller jusqu'à 3000 l/sec. en période de crues. Celle-ci renforce singulièrement le cours de la Seine; on peut d'ailleurs considérer cette Douix, qui sourd à la base d'un rocher haut de 30 m comme une des "sources" du fleuve national...

L'ancienne nationale 71 (ici D971 en 2009-2010) prend la direction de Buncey, cinq kilomètres plus au sud. Là, on y a découvert les traces d'un vaste domaine datant de l'époque gallo-romaine, situé à l'entrée nord du village. Charles Nodier nous dit, lui (en 1836), que la Seine "baigne Buncey où se distingue la jolie maison de campagne d'un ancien banquier de Châtillon et vient alimenter de ses eaux la magnifique papeterie de M. Humbert. C'est au dessous de cette usine que la Seine se divisant en plusieurs bras et coulant dans un terrain spongieux, laisse en été son lit presque à sec, et finirait par tarir entièrement, si la Douix, au sortir de Châtillon ne venait la rafraîchir et la vivifier".

A Magny-Lambert, on peut voir ce Michelin qui indique la direction de St-Marc, sur l'ex-N71 (photo: Marc Verney, juillet 2008).

Un peu plus de quatre kilomètres sur l'ancienne chaussée nationale et voilà maintenant Chamesson, placée à cheval sur le fleuve. Le bourg doit d'ailleurs son emplacement à un franchissement de la Seine (gué ou pont) situé sur une voie antique qui passait par là. Aujourd'hui, le fleuve est franchi par un pont en dos d'âne de sept arches, construit aux alentours de 1685 sur ordre des Etats de Bourgogne. La commune a eu un fort passé industriel: des forges se succédaient le long de l'eau, profitant de sa force motrice. Ces industries dépendaient alors de la Société de Châtillon et Commentry.

Nod-sur-Seine, atteint après quatre nouveaux kilomètres est au coeur d'une histoire beaucoup plus récente: c'est ici, que le 4 septembre 1944, des élements avancés de la division Leclerc (venant de Normandie) et des formations de l'armée De Lattre ont effectué leur jonction. Une stèle et du matériel militaire rappelle le souvenir de ce moment heureux de la Libération. Là aussi, on trouve les traces d'un patrimoine industriel important: à Nod, on exploite non seulement la pierre (nombreuses carrières) depuis la nuit des temps mais il y avait aussi une florissante industrie de la céramique, spécialisée dans la fabrication de briques émaillées.

Il n'y a que deux kilomètres entre Nod et Aisey. Là, nous raconte Charles Nodier, le "village, entouré de monts dont les cimes sont couvertes de bois épais est traversé en sautoir par la Seine et la grande route de Paris, qui passe là sur un pont". L'histoire locale nous le confirme: le pont de deux arches permettait à la route de Châtillon à Dijon de passer d'une rive à l'autre, "cette route traversait ainsi le gros du bourg où les voitures de poste et les diligences pouvaient relayer" (www.pays-chatillonnay.fr).

Plus au sud encore, voilà Bremur-et-Vaurois (un bourg et un hameau). Le site mérite une halte: au confluent de la Seine et du Brevon, église, maisons et château de Rocheprise dominent la petite vallée, perdus dans la végétation luxuriante. A Saint-Marc-sur-Seine, l'ancienne nationale s'éloigne quelque peu des rives de la Seine pour "monter" sur le plateau du Duesmois, prolongement du plateau de Langres. On choisira de rester dans la vallée en suivant la route d'Aignay-le-Duc (ancienne D32, aujourd'hui D901). Les amateurs de pique-nique en profiteront pour remonter jusqu'au coquet village d'Etalante où ils trouveront la source de la Coquille, qui sourd d'un flanc de colline caillouteux (lieu extra pour se poser par un beau jour d'été!!).

Pour ne pas quitter la Seine, il faut obliquer vers Cosne et Quemigny-sur-Seine par l'ancienne N454 (D954). Si Quemigny conserve les restes d'un manoir avec donjon du XIVe siècle, le village suivant, Duesme, auquel on accède par la départementale 101D conserve les ruines d'une vaste forteresse des ducs de Bourgogne. Cette ancienne capitale du comté du Duesmois est également connue pour le Trou-Madame, une belle source qui jaillit au fond d'un vallon au pentes boisées. L'eau, baptisée ru de Lafond ne parcourt que 1200 m avant de se jeter dans la Seine. On emprunte maintenant une petite chaussée en direction de Baigneux-les-Juifs. La Seine se cache entre les prés et les bois. Ce n'est désormais qu'un mince filet d'eau qui tourbillonne au milieu des mottes de terre. Le bourg de Baigneux-les-Juifs, en bordure de la nationale 71 historique intrigue: son nom vient de l'installation en ces lieux au XIIIe siècle d'une colonie juive. On peut y contempler d'anciennes demeures des XVe, XVIe siècles et une église gothique du XIIIe.

A la hauteur des sources de la Seine, l'ex-N71 se trouve sur la ligne de partage des eaux nord-sud (photo: Marc Verney, juillet 2009).

Pour suivre les premiers pas de la jeune Seine, il faut désormais se rendre à Oigny (direction Orret) puis à Billy-les-Chanceaux et Courceau. Ecoutons encore une fois Charles Nodier raconter le périple du fleuve: à Courceau, la Seine "rencontre pour la première fois un obstacle. C'est un petit pont qui sert de passage à la route de Paris à Dijon (N71, NDLR), et sous lequel il (le fleuve) semble plus humilié de courber la tête, que le Rhône lui-même sous les arches du pont Saint-Esprit. C'est surtout lorsque, grossi par les pluies, il est devenu torrent, qu'on le voit se briser avec violence contre les cailloux qui servent de pilier à cette chétive construction"...

La source de la Seine est enfin atteinte par Chanceaux et le village de Saint-Germain. Les premiers mots de Charles Nodier, dans son ouvrage La Seine et ses bords seront les derniers de cette quatrième étape: "Près le village de Saint-Germain-la-Feuille et non loin du bourg de Chanceaux, il existe un étroit vallon, espèce de gorge resserrée entre deux côtes qui font partie de la chaîne des monts de la Côte d'Or. Là, sur le revers septentrional d'une hauteur couverte de bois, on voit jaillir un faible ruisseau qui descend rapidement la pente de la colline. Plus bas, une espèce de mare ou de petit étang l'arrête dans sa course et l'emprisonne un moment. Il reprend des forces en grossissant, et se remet à couler, mais avec un peu moins de rapidité. Si la curiosité vous porte à le suivre dans ses détours, vous le verrez s'enfler peu à peu de plusieurs ruisseaux, et vous arriverez enfin avec lui à un groupe de cinq ou six maisons appelé Courceau"...

Le site des sources de la Seine (photo: Marc Verney, juillet 2009).

Aujourd'hui, le site des sources de la Seine est un peu plus balisé. On y trouve même le premier pont sur le fleuve, un petit ouvrage qui permet de faire le tour du parc qui environne le filet d'eau. La Seine jaillit à 471 m d'altitude dans un enclos aménagé par le préfet Haussmann sous Napoléon III. L'endroit, en effet, a été longtemps propriété de la ville de Paris. Bon, c'est kitsch au possible: une nymphe due au sculpteur Jouffroy (1865), dans une grotte artificielle, personnifie la Seine... L'eau bouillonne dans une petite vasque au fond de laquelle brillent des dizaines de pièces de monnaie, modernes ex-votos... Des fouilles ont permis de trouver ici beaucoup d'objets antiques, dont des représentations d'organes humains. On pense que la déesse Sequana était vénérée en ces lieux pour un miraculeux pouvoir de guérison qui lui était attribué par les pèlerins (ces anciens ex-votos sont aujourd'hui visibles au beau musée archéologique de Dijon). La route se poursuit vers le Jura par les sources de l'Ignon, de l'autre côté de la ligne de partage des eaux (Manche-Méditerranée) matérialisée ici par la RN71 historique... mais c'est une autre histoire... (à suivre).

Marc Verney, Sur ma route, janvier 2010



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