Ancienne plaque Michelin, à l'embranchement qui emmène le voyageur au château de Bussy-Rabutin (photo: MV, oct. 2006).
Peu avant Toutry: l'ancienne borne de limites départementales est sur le talus qui permet à la R.N.454 de "sauter" l'A6. A gauche, on remarque l'ancienne rue (photo: MV, avril 2018).
Indication touristique pour le château d'Epoisses à Aisy-sur-Armançon (photo: MV, juillet 2009).
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Vue sur le château d'Epoisses (photo: MV, avril 2018).

A VOIR, A FAIRE

Epoisses: un château élégant (bâti du XIVe au XVIIIe siècle) que Mme de Sévigné aimait visiter. Double enceinte de fortifications médiévales, maisons anciennes, chapelle. Un peu au sud, Vic-de-Chassenay et le château de Bourbilly (la propriété bourguignonne de Mme de Sévigné).
Semur-en-Auxois: une visite de la cité ancienne en pénétrant par la porte Sauvigny. Les fortifications et la tour de l’Orle-d’Or (promenade des remparts), la collégiale Notre-Dame (XIIIe), musée municipal.
Les Laumes: à Alise-Ste-Reine, le site d’Alésia (Muséoparc). Non loin, le joli village de Flavigny-sur-Ozerain (spécialité de bonbons à l’anis).
Bussy-Rabutin: le château, au centre d’un domaine d’une trentaine d’hectares. A visiter pour la célèbre galerie des rois de France.
Baigneux-les-Juifs: belles maisons anciennes et lavoir.
Aignay-le-Duc: anciennes maisons, lavoirs, forge, église Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Quatre kilomètres au sud, la fraîche source de la Coquille et le village d’Etalente.

Recey-sur-Ource: point de départ pour de nombreuses promenades dans la vaste forêt de Châtillon. A voir, nichée dans un vallon, l’abbaye du Val-des-Choues.
A Semur-en-Auxois. Ces indications ont été enlevées depuis mon passage (photo: MV, avril 2009).
Villes et villages traversés par la R.N.454 historique (1959), en italique, les anciennes RN principales croisées:
Cussy-les-Forges (N6)
Saint-André-en-Terre-Pl
Savigny-en-Terre-Pl.
Toutry
Epoisses
Pouligny
Semur-en-Auxois (N80, N470)
Villenotte
Massingy-les-S.
Venarey-Les-Laumes (N5)
Grésigny
Bussy-Rabutin
Rue-du-Pissot
Baigneux-les-Juifs (N71)
Quemignerot
Quemigny-sur-Seine
Cosne
Beaunotte
Aignay-le-Duc
Moitron
St-Broing-les-Moines (N396)
Recey-s-Ource (N428, N459)
Ancienne plaque à Grésigny: G.C. N°7 peut-on encore difficilement deviner sur cette signalisation (photo: MV, juillet 2018).
Les panneaux en métal de chez Girod/Chelle datent ici de l'année 1977 (photo: MV, août 2018).

Sources et documents: Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959); carte n°65 Auxerre-Dijon, Michelin (1948, 1955); carte de promenade n°28 Auxerre-Saulieu, IGN (2005); carte n°129 Dijon-Montbard, IGN (2009); Annuaire historique du département de l'Yonne, volume 41, G. Perriquet, éditeur (1877); Bulletin des lois de la République française, Imprimerie nationale des lois (1853); Description générale et particulière du duché de Bourgogne, Edme Béguillet (écrit en collaboration avec l’abbé Courtépée), V. Lagier (1848); Description des villes et campagnes du département de l'Yonne, Victor Petit, Ch. Gallot, éditeur (1870); Documents statistiques sur les routes et ponts, ministère des Travaux publics, Imprimerie nationale (1873); Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais, Hachette (1965); Semur-en-Auxois, Montbard, Alise, Benjamin Guérard, impr. Fournier (1848); le Géoportail de l'IGN; CartoMundi; Wikipédia; Wikisara.
Après Baigneux-les-Juifs (photo: MV, août 2018).

Belles routes de France
R.N.454: L'ECHAPPEE BUCOLIQUE
En 1959, la R.N. 454 (classée dans le domaine national en 1933) est censée relier Cussy-les-Forges (vers Avallon) à Recey-sur-Ource… Mais, fait rare pour une chaussée nationale, cette route s’achève par un parcours cahotant en sous-bois fort sympathique… mais peu digne d’une route à grande circulation… Cette anomalie, bien connue des aficionados de la chose routière, classe la R.N.454 historique (D954 aujourd’hui) dans la liste des voies à visiter absolument! Au printemps et à l’été 2018, nous avons arpenté le bitume puis… les graviers de cette étonnante route inachevée et déclassée en 1973. Cerise sur le gâteau, nous traversons plusieurs bourgs à fort intérêt touristique: Epoisses, Semur-en-Auxois, Venarey-les-Laumes (et le site probable d’Alesia)… Une histoire… des histoires, comme d’habitude sur le site Sur ma route!

Vers Saint-André-en-Terre-Plaine. Une campagne bourguignonne bien apaisée (photo: Marc Verney, avril 2018). En cliquant sur cette image vous suivez le trajet de la R.N.71 historique.

Le village de Cussy-les-Forges (Yonne) se trouve à 10 km à l’est d’Avallon par la route nationale 6 historique (D606). Celle-ci contourne ce bourg par le nord, un chantier envisagé dès les années trente, et qui sera mis en service au milieu des années cinquante. On voit bien cette chaussée de contournement sur la carte d’état-major de l’IGN (1957) publiée sur le site Géoportail de l’IGN.

R.N.6, LA ROUTE DES ALPES
Auxerre, Saulieu, Chalon, Mâcon, Lyon... suivez le jeu de piste de la N6 historique (1959) jusqu'en haut du col du Mont-Cenis. Ca décoiffe de visiter les belles routes des Alpes... (lire)

Du coup, la D954 des années 2000 débute sur l’un des carrefours organisés sur cette nouvelle voie. Cette «route d’Avallon à Semur» semble exister depuis longtemps puisqu’elle est dessinée sur la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par l’IGN: un chemin sinueux jusqu’à Epoisses et un bel alignement jusqu’aux premières maisons de Semur-en-Auxois. En 1877, dans l'Annuaire historique du département de l'Yonne, elle est signalée comme «la route départementale n°8 de Cussy-les-Forges à Semur par Saint-André-en-Terre-Plaine et Epoisses». Peu avant le village de Saint-André-en-Terre-Plaine, notre route croise la ligne de chemin de fer (désaffectée) Avallon-Autun, construite en 1882. Jusqu’à ce village, la route «s'avance, indique la Description des villes et campagnes du département de l'Yonne, au milieu d'une contrée très fertile et très découverte, mais qui n'offre plus les aspects variés et si pittoresques du pays de Morvan»… On passe à quelques encablures du château de Ragny, propriété du CE de la Banque de France, et nous voilà à Savigny-en-Terre-Plaine, «situé sur le revers d’un petit vallon allant se réunir à la vallée du Serein à Guillon», nous dit la Description des villes et campagnes du département de l'Yonne. Au XIXe siècle, Victor Petit note ensuite que «l’ensemble du village indique l’aisance malgré l’aspect assez triste de ses maisons»… Plus loin, «la grande route traversant le vallon du Monceau se prolonge au milieu de terres labourables et bientôt arrive à la limite du département de l’Yonne»… Victor Petit n’aurait jamais pu imaginer que c’est précisément là, brisant l’harmonie des terres, que l’imposant autoroute A6 déroule ses courbes de bitume gris depuis1969… Nous, on jette un œil sur la belle borne de limites départementales déplacée sur le talus qui permet désormais à la D954 de franchir «l’autoroute du Soleil»…

Anciens panneaux indicateurs dans le village de Saint-André-en-Terre-Plaine (photo: Marc Verney, juillet 2012).
Borne de limites départementales entre l'Yonne et la Côte-d'Or. Quelques bribes de peinture rouge restent encore accrochées à sa couronne. Avant sa nationalisation en 1933, l'axe s'appelait R.D.8 côté Yonne et R.D.6 côté Côte-d'Or (photo: Marc Verney, juillet 2013).

Derrière le tapis géant de la bruyante quatre-voies, il y a Toutry, premier village côte-d’orien de la R.N.454 historique. L’ancienne chaussée y pénétrait par la rue du Prè-Saint-Martin pour franchir le Serein sur un pont réalisé avant le XIXe siècle, indiquent les Documents statistiques sur les routes et ponts de 1873. Puis, voilà cinq kilomètres quasiment rectilignes jusqu’à Epoisses. On y croisait, en 1876, le chemin de fer «d'Avallon à la ligne de Paris à Dijon» (en fait, Les Laumes), où circulaient six trains par jour jusqu’en 1939… En 2019, on a du mal à imaginer la densité des voies ferrées existant en France avant guerre… A noter que l’A6 utilise une partie de la plate-forme de cette ancienne ligne vers Maison-Dieu!! Le bourg d’Epoisses est fier de son château, dont l’origine remonterait au VIe siècle, que l’on contourne sans bien le voir d’ailleurs… et de son fromage, dont les origines remontent, elles, au XVIe siècle. L’époisses (AOP) est à base de lait de vache, il est très réputé à la fin de l'Ancien Régime, et même consacré par Brillat-Savarin «roi des fromages»... D’Epoisses, il y a un peu plus de 12 km jusqu’à Semur-en-Auxois. On longe la forêt de Saint-Loup et l’étang de la Briganderie… puis voici les lieux-dits la Maison-Rouge et la Maison-Blanche, toponymes parfois médiévaux (pas toujours romains!) indiquant souvent la présence d’une auberge. Petite particularité de la route ici (et que l’on retrouve souvent ailleurs): peu avant le ru de Cernant, l’ancien tracé (XVIIIe) file droit alors que la route des XIXe et début du XXe fait une boucle adoucissant les côtes pour les chevaux et les petits moteurs des années cinquante… on retrouve ensuite le tracé tout droit sur la D954 d’aujourd’hui.

Le tracé de la R.N.454 jusqu'à Semur-en-Auxois est bien visible sur ce panneau Michelin situé sur l'aire de Montmorency de l'autoroute A6 (photo: Marc Verney, août 2014).

R.N.80: UN TRAVAIL DE (GALLO) ROMAINS!
Entre Châtillon-sur-Seine et Cluny, la route n°80 rencontre de belles cités de caractère et zigzague au milieu de paysages nobles et sereins marqués par la patine du temps... (lire)

R.N.470: DES COLLINES ET DES MONTS
Entre Bourgogne et monts du Jura, la route nationale 470 historique se faufile au travers des plus belles contrées de la région (lire)

En 1957, la chaussée de la R.N.454 arrivait vers Semur par la rue des Quinconces, qui, elle-même, donnait sur la rue de Paris. En 2019, il faut remonter par la D980 (ancienne R.N.80) jusqu’au rond-point pour ensuite aller à droite vers le pont Joly. La cité de Semur-en-Auxois, écrit, en 1848, la Description générale et particulière du duché de Bourgogne, «est située sur une langue de terre environnée de trois côtés par un vallon profond, sous des pentes escarpées, dans lequel coule l'Armançon; cette position en rend l'abord impraticable, à l'exception du seul côté des Carmes; une voiture arrivée par ce côté éprouve dans la traversée du vallon des difficultés presque insurmontables. On n'ose même tenter ce passage avec de grosses voitures; en sorte que cette ville, placée au centre de six routes qui conduisent à Flavigny, Dijon, Beaune, Saulieu, Avallon et Montbard, ne profite point des avantages qu'elle peut en retirer, et que ces routes même se trouvent impraticables pour le commerce dans le point le plus intéressant»... Ce passage tant craint, c’est la rue du Pavé-Saint-Lazare qui descend rudement vers le pont des Minimes pour ensuite remonter sous les murs de Semur par la rue des Vaux en direction du centre-ville. Du coup, écrit encore Edme Béguillet, «il était donc avantageux pour le public et pour Semur de construire un nouveau chemin sous des pentes assez douces et un pont dans le vallon, qui desserviront en même temps les six routes». Le nouvel ouvrage, signale l’ouvrage Semur-en-Auxois, Montbard, Alise sera achevé en 1786. «On le nomme le pont Joly, du nom de M. Joly-Saint-Florent, qui en posa la première pierre le 13 septembre 1779. L’arche a 75 pied de haut et 60 de large; la longueur de la chaussée est de 422 toises. Toutes les constructions sont en granit. Il a coûté 57.000 livres aux Etats de Bourgogne, le reste de la dépense ayant été supporté par la ville».

Sortie de Semur-en-Auxois (photo: Marc Verney, juillet 2016).

D'après des documents conservés aux archives départementales de la Côte-d'Or, la sortie de Semur jusqu’à Villemotte (où se situait jadis une tuilerie), fait partie d'une chaussée bien alignée -réalisée vers 1757- jusqu'à Flavigny,. La carte de Cassini, réalisée sous l’Ancien Régime, et publiée par le Géoportail de l’IGN, ne montre aucune extension vers Venarey. La route par Massingy-lès-Semur va très certainement être réalisée autour de la deuxième partie du XIXe siècle. On note le décret impérial d’octobre 1853 qui évoque des plans réalisés en 1851 pour éviter les fortes rampes de l’actuelle D9 entre Pouillenay et Semur. Notre voie passe au large de Massingy-lès-Semur puis oblique à l’est en contournant la colline du bois de Venarey pour aborder la commune du même nom par la rue de Semur. La route n°454 historique (D954) passe à quelques encablures du vieux centre et franchit le canal de Bourgogne (exploité à partir de 1832) sur un des ponts bâtis pour l’artère fluviale en faisant un coude caractéristique. Très vite, voilà Les Laumes, commune aujourd’hui jumelée à Venarey, où notre chaussée va croiser la «route blanche», l’ancienne R.N.5 de Paris à Genève. Autre notable évolution de ce bourg, c’est l’arrivée de la ligne de chemin de fer Paris-Dijon (inaugurée en 1851) et la construction d’un vaste complexe ferroviaire destiné notamment à héberger les locomotives à vapeur supplémentaires servant à «aider» les convois passant la rampe de Blaisy. Un travail qui cessera avec l’électrification de la ligne en 1949. Impossible de ne pas voir la coïncidence entre l’arrivée du train et l’installation de centaines de cheminots ici avec la réalisation de chaussées menant à la gare des Laumes depuis les quatre points cardinaux… On sort de la ville par l’avenue d’Alésia… A notre droite se trouve effectivement le mont Auxois, site probable de la célèbre bataille, dominé par la statue de Vercingétorix, œuvre en 1865 du sculpteur Aimé Millet. Avant le croisement avec la D6 (vers Darcey), notre chaussée franchissait, en 1955, le pont de Sainte-Reine sur l’Oze (plus tard, le virage est un peu raccourci pour aller directement «sauter» la ligne du PLM).

R.N.5: LA SUISSE PAR MONTS ET PAR VAUX
La N5 Paris-Genève-St-Gingolph va quasiment disparaître à la suite du vaste déclassement des routes nationales en 2006... On aborde ici le tronçon Montbard-Vitteaux. (lire)

A la sortie des Laumes en direction de Baigneux-les-Juifs (photo: Marc Verney, juillet 2018).
Le panneau Michelin de la R.N.454 à Baigneux-les-Juifs a réussi à passer les années (photo: Marc Verney, juillet 2018).

Entre Les Laumes et Baigneux-les-Juifs, la route n’existait pas au début du XIXe siècle. C’est, là encore sans doute, une création autour de la deuxième partie de ce siècle puisqu’elle est visible sur la carte de France (1881) au 1:200.000 publiée par CartoMundi. On traverse le village de Grésigny-Sainte-Reine avant de voir, sur notre droite, le château de Bussy-Rabutin, bâti à partir du XIIe siècle et largement remanié par la suite. A gauche de la route, raconte le Guide Bleu Bourgogne-Lyonnais, «On aperçoit à gauche sur une hauteur, dans une situation pittoresque, Bussy-le-Grand, avec une église romane du XIIe siècle». Dans ce vallon, voilà maintenant le hameau de la Rue-du-Pissot qui sera le dernier village rencontré avant l’entrée dans Baigneux-les-Juifs. La route n°454 suit le ruisseau Rabutin jusqu’à la ferme de la Bretonnière à laquelle on accédait par un simple chemin situé de l’autre côté du ru. En virage, notre chaussée monte sur le plateau pour retrouver, au carrefour de la Croix-Pingenet, l’ancienne voie de Montbard à Dijon (aujourd’hui D19) jusqu’au milieu du XIXe siècle. Nous voici au beau milieu d’un océan de champs à faire pâlir un fermier beauceron… Baigneux-les-Juifs, notre étape suivante, est créée au cours du XIIIe siècle par le duc Hugues IV de Bourgogne qui utilise des terres cédées par l'abbaye d'Oigny, située au sud, non loin des sources de la Seine (Wikipédia). Au XIIIe siècle, une communauté juive s'y installe, donnant son nom définitif au lieu. Ceux-ci seront cependant définitivement chassés par les ducs de Bourgogne au XVe siècle. Après les guerres de Religion, la petite agglomération est entourée d'une muraille avec fossé, renforcée de tours et percée de 3 portes. De nos jours, deux rues, celle des Fossés-du-Levant et celle des Fossés-du-Couchant rappellent ces fortifications… Au XVIIIe siècle, bien visible sur la carte de Cassini publiée par le Géoportail de l’IGN, on remarque une voie qui relie Baigneux à Duesme et Aignay-le-Duc par le petit vallon du ruisseau de la Font et arrivant à Aignay par la chapelle du cimetière Saint-Michel. Sur la carte d’état-major du XIXe de l’IGN, cette voie n’est plus qu’un simple chemin… En 1881, sur la carte au 1:200.000 publiée par CartMundi, on suit le tracé d’une nouvelle chaussée qui part de la R.N.71 historique et rejoint le vallon de la Coquille par Quemigny-sur-Seine: c’est notre actuelle D954.

LA VIEILLE ROUTE DE DIJON
Chevauchant les collines entre Montbard et Courceau, la vieille route royale est encore visible au milieu des bois et des champs (lire)

R.N.71: LA SEINE SUR UN PLATEAU
Au fil de la Seine, une belle promenade qui nous fait emprunter le trajet de la N71 historique entre Troyes et Dijon. On vous le dit: une sacrée mise au vert... (lire)

A Quemigny-sur-Seine (photo: Marc Verney, août 2018).
Panneau touristique de la route "des crêtes" à Saint-Broing-les-Moines (photo: Marc Verney, juillet 2008).

R.N.396: DELICES DE BOURGOGNE...
Voilà une route qui vous surprendra! Une vraie promenade de plus de 300 km sur un axe qui mérite le label "route buissonnière" (lire)

Dès lors, on rallie Aignay-le-Duc par Beaunotte (D901) après avoir traversé la Seine à Cosne. De la fin du XIXe siècle aux années cinquante, on croisait ici une petite ligne de «tacot» qui reliait Châtillon-sur-Seine à Aignay-le-Duc, puis Dijon. Le bourg d’Aignay-le-Duc a, comme principale activité jusqu’au XIXe siècle, le tissage de la toile (Wikipédia). A la sortie du village, en direction de Saint-Broing, dans la combe de Lavau, toujours pas de voie clairement établie au début du XIXe siècle; tout juste note-t-on sur la carte de Cassini une «route de Langres» qui, depuis Aignay, rejoint Minot et Beneuvre. Ici, c’est encore la carte au 1:200.000 de 1881 publiée par CartoMundi qui nous montre un chemin vers Montmoyen par Moitron. Enfin, notre R.N.454 historique arrive au croisement avec l’ancienne nationale 396, près de Saint-Broing-les-Moines (orthographié Saint-Berouin sur la carte d’état-major 1820-1866 de l’IGN). «En 1941, indique Wikisara, la R.N.454 a été raccourcie d’environ 2,6 km» au niveau de ce village «au profit de la R.N.396». C’est en visionnant à nouveau la carte au 1:200.000 publiée par CartoMundi que l’on s’aperçoit que l’embranchement de l’époque est placé quelques kilomètres en amont de l’actuel carrefour… et que la R.N.396 desservait le centre de Saint-Broing. Maintenant, il faut faire encore cinq kilomètres sur la D996 pour atteindre l’embranchement tant attendu avec notre «nationale caillouteuse»… Il n’y a là aucune indication de destination. Oh, rien de spectaculaire, finalement: voilà un de ces chemins forestier en gravier blanc sur lesquels se posent précautionneusement les roues de mon véhicule de location heureusement surélevé. A droite, un peu incongru, un panneau moderne signalant une «chaussée déformée»… C’est parti pour huit kilomètres de cahots sur une antique chaussée nationale qui, visiblement, n’a jamais vu la couleur du bitume! Et c’est là où le bât blesse: la carte Michelin n°65 Auxerre-Dijon de 1948 indique ici une chaussée de bonne viabilité tout comme la carte IGN de 1954 publiée sur le Géoportail… En 1955, Michelin enlève la couleur jaune et fait passer la R.N.454 en route «empierrée»… ce qui est déjà plus fidèle à la réalité. Plus tard, les cartes enlèveront l’un des traits continus pour le remplacer par une ligne discontinue symbolisant une chaussée non revêtue. Quelques bornes émaillent le parcours. A noter qu’avant la nationalisation de 1933, cette portion portait le n°22 (grande communication). On retrouve du goudron vers Recey-sur-Ource (avec la D102 actuelle)… où notre R.N.454 historique s’achève devant le tracé de la R.N.428 (D928) qui relie Châtillon-sur-Seine à Saints-Geosmes. Alors, vous demandez-vous… Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de bitume sur cette chaussée nationale, un cas rarissime en France? Les passionnés de la chose routière à Wikisara avancent l’explication suivante: avant la Deuxième Guerre mondiale, les services des Ponts et Chaussées avaient bien projeté le goudronnage. Mais, après la guerre, devant l’immensité des réparations à accomplir, tout fut retardé et le trafic s’est peu à peu reporté sur des chaussées proches comme la D29 ou la D102, rendant inutile la réalisation d’une nouvelle route en ces contrées peu fréquentées… Mais charmantes!

L'amorce de la R.N.454 historique non revêtue au nord de Saint-Broing-les-Moines. L'indication de "chaussée déformée" semble un tantinet incongrue (photo: Marc Verney, août 2018).
Sous les bois, quelques bornes kilométriques parsèment le parcours (photo: Marc Verney, août 2018).
Vers Recey-sur-Ource, l'ultime borne kilométrique a été repeinte (photo: Marc Verney, août 2018).

R.N.459, LA VOIE NATURELLE
Depuis le nord de la Côte-d'Or, cette jolie route s'en va vers Besançon et les premiers contreforts du Jura. On y garde le rythme champêtre jusqu'au bout! (lire)

Marc Verney, Sur ma route, mars 2019
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