Sur les bords du lac de l'Abbaye, dans le Grandvaux, une symphonie de couleurs (photo: EF, avril 2014).
Le Saut-du-Chien offre un sympathique panorama sur les cascades du Flumen qui marquent le cours de la rivière au fond des gorges (photo: Marc Verney, juillet 2009).
Il y a de multiples possibilités de promenades autour du lac de l'Abbaye (photo: Marc Verney, juillet 2018).
La belle promenade dans la tourbière de Prénovel (photo: Marc Verney, octobre 2014).
Ancien balisage de sentier de grande randonnée dans la région des Quatre-Lacs (photo: Marc Verney, juillet 2012).
LA FORMATION DU JURA: il y a 200 millions d’années, une vaste mer recouvre l’emplacement du Jura. Sur le fond, se déposent lentement les vases qui formeront les roches jurassiennes. A l’ère tertiaire, la poussée des Alpes provoque les plissements jurassiens. Dans la plaine, subsiste le vaste lac de Bresse. La forme actuelle du Jura intervient à l’ère quaternaire. Un refroidissement du climat provoque la création de vastes glaciers dans l’arc alpin. Ils poussent devant eux de vastes quantités de matériaux, les moraines. Celles-ci, faisant office de barrages naturels, sont à l’origine de nombreux lacs jurassiens. L’érosion, énorme, a modelé ces territoires calcaires où le ruissellement de l’eau provoque de nombreuses curiosités géologiques. Les paysages sont variés, plateaux, vallées, reculées, cluses, crêts et collines enchantent le regard des visiteurs. On dit que le Jura est un massif karstique: grottes, fissures, pertes de rivières, circulations souterraines, sources-résurgences, dolines, lapiaz en sont les témoins les plus visibles… A Besain (environ 20 km de Chalain), le sentier des Malrochers (5 km) offre une visite étonnante, entre minéral et végétal, d’un lapiaz, une dalle calcaire érodée par les ruissellements d’eau riche en CO2 qui dissout lentement le calcaire. Grottes, dolines, labyrinthes de pierre, roches aux formes étranges sont au programme de cette balade forestière hors normes!.
La promenade autour du lac de Narlay est très bien balisée (photo: Marc Verney, juillet 2010).
QUELQUES MOTS et expression de la géographie jurassienne. Baume: grotte, caverne, roche en saillie; bief: cours d’eau, ruisseau temporaire; cernois: pré entouré de forêts; chaux: large fond de vallée; culée: reculée; cluse: passage à travers un pli montagneux; doline: dépression de forme ronde; doye: source; gouille: creux rempli d’eau; laisine: nom jurassien attribué aux diaclases élargies par l’eau; lapiaz: surface rocheuse ravinée par les eaux; martinet: marteau de forge; nant: vallée; perte: étroite fissure par où disparaît un cours d’eau; résurgence: orifice rocheux par où apparaissent des eaux précédemment perdues.
Accès aux cascades du Hérisson depuis Bonlieu. Ce vénérable panneau n'est plus en place (photo: Marc Verney, avril 2006).
A Menetrux-en-Joux, le randonneur des cascades est guidé par cette signalisation en bois, qui a précédé l'actuelle, très fonctionnelle (photo: Marc Verney, juillet 2018).
SOURCES ET DOCUMENTS: carte n°38 Besançon-Lausanne, IGN (2004); carte n°66 Dijon-Mulhouse, Michelin (1947); carte n°70 Beaune-Evian, Michelin (1946, 1955); carte n°143 Lons-le-Saunier-Genève, IGN (2008); Champagnole, Michel Chevalier et Pierre Charpentier, Annales littéraires de l'université de Besançon, Les Belles Lettres (1960); Guide Bleu Franche-Comté Monts-Jura, Hachette (1961); Guide Vert Jura, Michelin (1957, 1964); Jura, grottes, cascades, lacs, Pierre Delacrétaz, Cabédita (2000); La vallée du Hérisson et ses 31 cascades, Jean-Luc Mordefroid, Aréopage (1989); Le Jura, Tourisme et vacances pour tous, édité par le Comité départemental du Jura de tourisme (1938); Routes et parcours en Franche-Comté, Erick Haas (éditions Kuster, 1990); amisdugrandvaux.com; bourgognefranchecomte.fr; destinationlouelison.com; haut-jura-grandvaux.com; lac-chalain.com; montagnes-du-jura.fr; jura-tourism.com; racinescomtoises.net; reserves-naturelles.org; saint-claude-haut-jura.com; Wikipédia, le Géoportail de l’IGN.
Attention aux pierres qui roulent durant la promenade des cascades du Hérisson (photo: Marc Verney, août 2018).
Jurassic Park à Loulle, on admire les empreintes des dinosaures prises dans la roche (photo: Marc Verney, août 2010).
En direction de la source du Lison (photo: Marc Verney, juillet 2009).
AVERTISSEMENT: les textes, photos et dessins de ce site sont soumis au droit d'auteur. Pour toute autre utilisation, contacter l'auteur de Sur ma route. Merci de votre compréhension...
A LIRE, A DECOUVRIR Et tout d'abord La Franche-comté au fil des rivières. Cet ouvrage, signé par Jean-Louis Clade et Marc Paygnard, offre une découverte des rivières franc-comtoises, de la source à la confluence. Suivre les rivières et les canaux propose une autre façon de revisiter l'histoire, à pied, en vélo ou en bateau... Jean-Louis Clade est docteur en histoire, il a publié une quarantaine d'ouvrages, la plupart consacrés à l'histoire locale. Marc Paygnard, photographe, est ancré en Franche-Comté depuis 1973. Voici maintenant Baignades et sites aquatiques en montagnes du Jura. Dans ce guide, Matthieu Dornier nous ouvre aux cascades isolées, lacs couleurs de ciel, rivières sauvages et autres paradis naturels des monts du Jura. L'ouvrage recense tout ce qui est aquatique dans la région en y donnant l'accès routier et pédestre, la fréquentation des lieux, la température de l'eau; et cela, en Jura français et suisse. Précieux en cas de canicule. La Franche-comté au fil des rivières, Jean-Louis Clade et Marc Paygnard, éditions du Château (2020); Baignades et sites aquatiques en montagnes du Jura, Matthieu Dornier, éditions Chaudron (2019).

 


Les belles routes du Jura
SUR LE CHEMIN DES LACS ET DES EAUX VIVES
Les montagnes du Jura sont réputées pour leurs nombreux lacs, torrents et cascades. Il n’est pas un promeneur qui ne se soit enthousiasmé par le spectacle sans cesse renouvelé de la «petite Ecosse» au pays des lacs ou par les jaillissements spectaculaires de la Loue ou du Lison… Faisant environ 300 km du nord au sud, et large d’une centaine de km, le massif jurassien recèle de véritables petits trésors naturels liquides qui s’égrènent le long des routes et des chemins de randonnée. Pour visiter nombre de ces merveilles, il existe une «route des lacs»; celle-ci est balisée et promène joliment les touristes d’une excursion à l’autre. Cependant, notre balade motorisée sera différente, créée spécialement pour ce site. Nous conseillons une bonne semaine de visite (post-Covid-19 évidemment…), le temps de marcher et d’aborder tous ces lieux magnifiques sans stress… .

La résurgence du lac de Chalain en pleine activité. En été, celle-ci est le plus souvent à sec (photo: EF, juillet 2014). Retour sur la home en cliquant sur l'image.

Notre voyage commence à Saint-Claude (département du Jura), dans la partie sud du massif. Le site de la ville est remarquable, dominé par d’imposantes montagnes. Les rues traversent la vallée sur de vertigineux ouvrages… La cité doit son existence à une abbaye, fondée au Ve siècle par deux ermites, Saint Romain et Saint Lupicin. «Une bourgade se bâtit aux portes du monastère, au confluent de la Bienne et du Tacon, d’où le nom de Condat donné d’abord à la localité», écrit le Guide Bleu Franche-Comté Monts-Jura. La décadence, puis la disparition de l’abbaye n’empêche pas de multiples activités industrielles de s’installer en ville et alentours. «Tabletterie, tournerie, fabrication des pipes en racine de bruyère», mais aussi, indique encore le Guide Bleu «de tous les objets dits "articles de Saint-Claude", en matière plastique, corne, os, ivoire, écaille» comme des peignes, des bagues, des ustensiles de cuisine…Si la ville devient, au milieu du XIXe siècle, la «capitale mondiale de la pipe», il s’y développe parallèlement la taille du diamant et des pierres précieuses! Aux XXe et XXIe siècles, Saint-Claude l'industrieuse compte toujours de nombreuses d'entreprises en lien avec le secteur de la plasturgie et du jouet. Notre toute première promenade nous emmène à la cascade de la Queue de Cheval, située sur les hauteurs de la cité. Elle est accessible par la D304 jusqu’au village de Chaumont (parking et une heure marche aller-retour). Cette chute d’eau, indique le site saint-claude-haut-jura.com, «franchit en deux bonds une dénivellation de soixante mètres; elle est certainement une des plus belles du Haut-Jura»... Voilà une belle entrée en matière! On redescend maintenant vers Saint-Claude pour rendre visite aux gorges du Flumen. Ce torrent, «affluent du Tacon, dit le Guide Vert Jura, a taillé des gorges sauvages au fond desquelles il bondit en cascades successives». On peut randonner dans le fond de la vallée en stationnant son véhicule non loin de la petite centrale hydro-électrique, après avoir suivi la route de Villard-Saint-Sauveur (tourner au Martinet). Mais on peut également suivre la R.N.436 historique (D436) qui surplombe en corniche ces gorges impressionnantes. Parking conseillé à la hauteur du «Chapeau de gendarme». C'est une curiosité géologique qui a la forme d’un lent plissement de roches ayant pris l’apparence d’un bicorne de gendarme du XIXe siècle… Non loin, le belvédère du Saut-du-Chien et la cascade du Moulin-d’Aval. Ici, la route n°436 (mise en service en 1858) est, depuis les années trente, un haut lieu du tourisme motorisé dans le Jura: elle est connue sous le nom des «lacets de Septmoncel» que l'on peut emprunter jusqu’au village du même nom (fromagerie).

R.N.436: LACETS JURASSIENS
De la Bresse au Jura! Ou comment passer de la ligne droite aux charmants virages du Haut-Jura. Une balade qui tourneboule les sens (lire)

Début de la promenade vers les gorges du Flumen (photo: Marc Verney, juillet 2005).
Un chapeau de gendarme, vraiment? Photo: Marc Verney, juillet 2009.

RN437: LA-HAUT SUR LA MONTAGNE
La R.N.437 historique relie Belfort à Saint–Claude en traversant le Haut-Doubs et le Haut-Jura... Les beaux paysages y sont légion (lire)

On quitte la région de Saint-Claude avec la R.N.437 historique (D437) qu’il faut prendre à son début (direction de Saint-Laurent-en-Grandvaux) en franchissant la Bienne sur le «pont de pierre», construit entre 1860 et 1862. La route, déjà tracée sur la carte de Cassini (XVIIIe) remonte la vallée où coule cette rivière; voilà les villages de Valfin-lès-Saint-Claude, de la Rixouse, de Château-des-Prés. Quelques virages plus loin, allongé au pied du bois de Sellières, voilà la première étendue d’eau de notre balade, le lac de l’Abbaye, d’une surface de 90 ha. D’origine glaciaire, il est situé à près de 900 mètres d’altitude au beau milieu des étendues du Grandvaux, une plaine au climat rude, qui s’intercale entre les deux vastes massifs forestiers de la Joux-Devant et de la Joux-Derrière. Le lac de l’Abbaye gèle régulièrement l’hiver, offrant au visiteur un panorama quasi «sibérien»… Une promenade fléchée depuis le village où se trouvait l'abbaye du Grandvaux, installée sur ses bords au XIIe siècle, permet d’accéder au belvédère du Moulin d’où l’on a une admirable vue sur l’ensemble du lac. L'église du hameau des Prélets, restaurée au XVIIe, seul édifice subsistant de l'abbaye, semble flotter sur les eaux de ce lac aux eaux d'un bleu azuréen. A quelques kilomètres de là, par les départementales 146 et 28, voici le bourg de Prénovel où se trouve une autre relique de la période glaciaire qui a scellé toute cette région sous une calotte givrée: une tourbière. Dans la combe du Nanchez, un sentier d’interprétation -en partie placé sur un chemin de caillebotis- fera découvrir au visiteur toute la richesse exceptionnelle d’une flore qui s’est lentement adaptée à ce milieu pauvre et acide. On pense souvent à la toundra russe lorsqu’on évolue au milieu des bouleaux et des pins à crochet… On y trouve même des plantes carnivores!!

Le lac de l'Abbaye et sa petite église (photo: Marc Verney, avril 2014).

R.N.5: LA ROUTE BLANCHE...
La N5 Paris-Genève-St-Gingolph a quasiment disparu à la suite du vaste déclassement des routes nationales en 2006, une bonne raison pour faire un tour par le Jura... (lire)

R.N.78: LE JURA PAR LE MORVAN
La RN78 de 1959 relie Nevers à St-Laurent en Grandvaux en passant par le Morvan, les beaux vignobles de Bourgogne et Lons. Une route pleine d'histoires à suivre ici (lire)

Retour dans le rude et pittoresque Grandvaux où notre chemin nous mène à Saint-Laurent, la petite capitale de ce territoire bien connue de l’auteur de ce site puisque deux anciennes routes nationales d’antan largement décrites dans Sur ma route s’y croisent, la R.N.5 de Paris à la Suisse et la R.N.78 du Morvan au Jura… Totalement détruit dans un sévère incendie en 1867, le bourg, véritable «village sous le zinc», comme l’écrit le Guide Vert 1964, a été reconstruit de manière à se protéger des intempéries avec de larges plaques métalliques fixées sur les murs… Jusqu’à l’église, nous dit encore le Guide Vert, qui est véritablement «cuirassée» de zinc! Les plateaux du massif jurassien sont ici à leur apogée, c'est le royaume, en hiver, de la glace et de la neige, en été, du soleil et des orages tonitruants... La petite ville, balayée par la bise à la mauvaise saison, est la patrie des ancêtres des routiers d’aujourd’hui, les Grandvalliers. Ici, l'abondance des forêts a créé une industrie forestière qui réclamait presque autant de charretiers que de bûcherons. Du coup, ces charrois de bois ont préparé les habitants de la région aux voyages et au transport de marchandises: «Un voiturier conduisait facilement de trois à six voitures et l'ensemble des Grandvalliers fournissait en 1811 plus de 1000 chariots», signalent sur internet les amisdugrandvaux.com. A leur apogée au début du XIXe siècle, explique encore ce site, les rouliers se dirigeaient vers la plaine en début d'automne, chargeant leurs chariots de produits locaux, de bois surtout, qu'ils écoulaient aux premières étapes. Puis ils chargeaient d'autres cargaisons, selon les occasions, et les transportaient à Paris, Lyon, Dunkerque, Marseille, mais aussi à Barcelone, Vienne, Berlin, Milan, peut-être même Constantinople et Athènes! On prend maintenant la direction de la Chaux-du-Dombief.

La région des lacs visible sur la table d'orientation de Cuiseaux, sur le Revermont (photo: Marc Verney, juillet 2009).
Sur la route forestière qui mène au belvédère des Quatre-Lacs (photo: Marc Verney, juillet 2010).
Le lac du Petit-Maclu sous un beau soleil d'été. Un enchantement pour les photographes (photo: EF, juillet 2016).

C’est en abordant ce village par l’ancienne chaussée royale du XVIIIe siècle (D678) que l’on va entrer dans le fameux «pays des lacs», une petite région touristique où, calés entre les plissements calcaires, de nombreux plans d’eau charmants, offrent, «suivant l’ensoleillement, une véritable symphonie de couleurs, allant du vert sombre au bleu le plus pur, en passant par toutes les gammes du vert aigue-marine au bleu turquoise», écrit Erick Haas en 1990 dans son guide Routes et parcours en Franche-Comté. Et c’est vrai que l’émerveillement commence dès le pic de l’Aigle (993 m) accessible dès la sortie de la Chaux-du-Dombief par une petite route, puis par une marche de deux kilomètres au milieu des rochers escarpés. Il n’est d’ailleurs pas rare d’y rencontrer quelques chamois le soir venu... Là, autour d’une table d’orientation, un panorama à 360°, embrassant tout le Jura des plateaux, la vallée du Hérisson, le Grandvaux et même le mont Blanc par temps clair! Un peu plus loin, sur la «route forestière du Bois-de-Ban», on accède au belvédère des Quatre-Lacs, qui, s’il est moins élevé que le pic de l’Aigle, offre une vision sidérante des lacs de Narlay, d'Ilay, du Petit et du Grand-Maclu. De formes allongées et orientés sud-ouest-nord-est dans une petite dépression au pied d’abruptes crêtes calcaires, les Petit (4,5 ha) et Grand-Maclu (21 ha) sont alimentés par des ruissellements issus des reliefs voisins. Ces deux étendues d'eau sont restées sauvages, pas d'habitations, pas de zone de baignade et la pêche y est limitée... mais beaucoup de promeneurs aux beaux jours! Le lac d’Ilay (où de la Motte) est le plus grand des quatre; un prieuré s’y élevait sur une petite île, ce bâtiment fut «détruit durant les guerres du XVIIe siècle», précise le Guide Vert du Jura qui raconte encore que la région fut «dévastée par les troupes suédoises alliées des Français pendant la campagne que Richelieu fait mener en Comté à partir de 1635: maisons brûlées, moissons coupées, vignes et arbres fruitiers arrachés»… Commandés par Bernard de Saxe-Weimar, les soldats laissèrent un si terrible souvenir que perdura dans le Jura pendant un siècle, l’expression «mauvais comme Weimar». Les eaux d’Ilay se déversent dans le Hérisson, juste à côté, densifiant le cours de cette petite rivière qui bondit sur les rochers de cascades en cascades et que nous visiterons juste après notre première étape lacustre. Enfin, le mystérieux lac de Narlay, de forme triangulaire, est le plus profond: 49 mètres. Ses eaux cheminent sous terre sur dix kilomètres pour alimenter le lac de Chalain.

Le lac de Bonlieu. Sans nul doute une des plus belles vues jurassiennes (photo: Marc Verney, juillet 2019).

Il serait dommage de quitter les lieux sans avoir un regard sur le lac de Bonlieu, situé un peu plus au sud, que l’on atteint avec la D75E1. Presque totalement enchâssé dans les bois de sapins et de hêtres, dominé par une impressionnante crête rocheuse, c’est un des coins parmi les plus gracieux de la région: voilà, dit le guide Le Jura, «un joyau multicolores aux heures de l’après-midi». Sur la rive, «le chemin sous bois offre une délicate symphonie visuelle». Ne pas rater la vue exceptionnelle sur cette étendue d’eau depuis le belvédère accessible par la «route forestière de la Ronde» (deux kilomètres). On roule maintenant en direction du village d'Ilay, placé sur l’ancien tracé de la route royale de Lons-le-Saunier à Saint-Laurent (D75). Puis on s'oriente sur la D39 en direction de Songeson. La vallée du Hérisson, toute proche, véritable «tour Eiffel» jurassienne, est aménagée par le Club alpin français «du saut Girard au moulin Jacquand en 1896», écrit Jean-Luc Mordefroid, dans son ouvrage La vallée du Hérisson et ses 31 cascades. Plus loin dans le même ouvrage, on apprend que la région, grâce à la force motrice de l’eau, a vu s’implanter une importante activité industrielle initiée dès le XIIIe siècle par des religieux (forges, moulins), suscitant, de fait, un trafic commercial considérable sur des chemins aujourd’hui oubliés. Les cascades du Hérisson, que l’on peut atteindre facilement depuis Bonlieu, Ilay (conseillé) ou Doucier sont l’attraction majeure de la région. Sur 3 kilomètres, la petite rivière chute de 300 mètres et multiplie les chutes d’eau. «Deux d’entre elles, l’Eventail et le Grand-Saut, comptent parmi les plus belles du Jura», écrit le Guide Vert.

Ancien panneau touristique de présentation des cascades du Hérisson, aujourd'hui déposé (photo: Marc Verney, octobre 2014).
Il y a un lynx au saut Girard! Photo: Marc Verney, octobre 2020.

Aujourd’hui, lorsqu’on se promène sur les rives tortueuses et bordées d’arbres du Hérisson, il est difficile d’imaginer l’activité qui a pu se tenir ici grâce à la force motrice des eaux… Et pourtant, écrit encore Jean-Luc Mordefroid, dans son ouvrage La vallée du Hérisson et ses 31 cascades, «pendant quatre siècles, la vallée du Hérisson se partage entre les activités des agriculteurs et des "usiniers", meuniers, forgerons, foulons». On voit encore, sur la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par l’IGN, la mention «martinet» accolée à l’une des cascades. Il ne s’agit évidemment pas de l’oiseau ni du fouet… mais d’un marteau à bascule frappant le métal et mu par l'énergie hydraulique d'un moulin à eau. Cependant, ces industries disparaissent les unes après les autres au XIXe siècle. «A partir des années 1820-30, indique Jean-Luc Mordefroid, le nombre de voyageurs sillonnant la région des lacs augmente fortement». Et «la fin du siècle est la période des hôtels et du confort naissant. Bonlieu et Ilay deviennent des "stations estivales" réputées grâce à leur halte», car le réseau ferré à voie étroite atteint la région dès le début du XXe siècle. «La bicyclette, la motocyclette et l’automobile puis l’apparition des congés vacances accroissent le flux touristique à partir des années 1920»… Le Jura, autrefois terre froide et inhospitalière devenait dès lors –pour des années- l’un des grands spots du tourisme européen. Parfaitement balisées, les promenades des cascades du Hérisson peuvent être empruntées du printemps à l’automne… mais attention, dit le Guide Vert (1957), «après une longue période de beau temps, la rivière peut être à sec et l’excursion perd alors tout son attrait». D’Ilay, il est conseillé de descendre vers Menétrux-en-Joux par la départementale 39 qui virevolte au-dessus du val du Hérisson (belvédères) jusqu’à Doucier. Nous sommes aux abords du lac de Chalain, sans doute le plus somptueux de tous les lacs naturels jurassiens. Ce lac imposant (d’une superficie de 232 ha, long de 2,7 km et profond au maximum d'une trentaine de mètres) est «profondément enfoncé dans une échancrure du plateau, il est encadré sur plus de la moitié de ses berges par des versants abrupts et boisés», écrit le site lac-chalain.com. Chalain a été créé par un glacier du quaternaire. Il est alimenté par plusieurs sources et résurgences qui parcourent souterrainement le relief karstique jurassien depuis les plateaux supérieurs et les lacs de Narlay et du Vernois. «D'importants vestiges d'une cité lacustre occupée du Néolithique jusqu'à l'âge du bronze, et une importante collection d'objets, outils, armes, vêtements, chaussure, en bois, tissus, cuir, et poterie... remarquablement préservés par les sédiments du lac, sont regroupés au musée d’archéologie du Jura de Lons-le-Saunier», signale Wikipédia. Plusieurs belvédères permettent d’admirer cette vaste étendue d’eau aux reflets changeants selon l’heure du jour.

LA ROUTE DES RECULEES...
Du nord au sud du Jura... la magnifique route des Corniches et des Reculées montre une région façonnée par le temps et les éléments. Epoustouflant! (lire).

A Doucier (photo: Marc Verney, juillet 2017).

OH MON BEAU LAC...
Nous vous proposons une balade pédestre autour de l'un des plus beaux lacs jurassiens, Chalain, qui s'épanouit de 1000 couleurs, été comme hiver (lire).

Du belvédère de Fontenu, nous mettons le cap sur Mont-sur-Monnet et Loulle par de petites routes départementales qui zigzaguent entre bois et prés. Il n’est pas surprenant d’y croiser renards et chevreuils à la nuit tombée… De Loulle, on va descendre vers Ney en direction de Champagnole par la D253. Ce chemin nous fait passer par un endroit étonnant, situé au niveau du lieu-dit Le Bois aux salpêtriers en bordure de la reculée de Bénédegand. Là, précise jura-tourism.com, «il y a 155 millions d'années, des dinosaures ont marché à plusieurs reprises sur le sol meuble d'un rivage qui est devenu le plancher d'une ancienne carrière»... Le site a été étudié par une équipe de paléontologues; ceux-ci ont suivi les 1500 empreintes miraculeusement conservées dans une boue devenue calcaire. De Ney, nous empruntons la R.N.471 historique (D471) jusqu’à Champagnole où nous traversons l’Ain sur le pont Neuf (1841). Cette rivière, sauvage et peu accessible est un des joyaux de cette région, comme on le verra un peu plus loin dans notre promenade… Champagnole, gros bourg commerçant «coeur de Jura» est une bonne étape pour sillonner la région, et, l'été venu (hors pandémie de Covid-19), sa rue principale retentit des langues des vingt-sept pays de l'Union européenne avec cependant une nette prédilection pour le hollandais... La région de Champagnole est habitée par les Gallo-Romains, mais ceux-ci choisissent plutôt de s'établir autour du mont Rivel (803 m). La ville actuelle est apparue au XVIe siècle. De nombreux incendies (le dernier en 1798) ont hélas ravagé la cité qui ne conserve que peu de traces de son passé. «Les traits modernes de la vie de Champagnole apparaissent aux XVIIIe et XIXe siècles avec le développement des voies de communication et avec l’apparition de la grande industrie», écrivent Michel Chevalier et Pierre Charpentier dans l’ouvrage Champagnole. En effet, racontent-ils, «des routes royales succèdent aux vieux itinéraires monastiques et aux "chemins saulnots". La principale est la route du sud qui deviendra la route Paris-Genève. (…) recoupée à Champagnole par une route moins importante remontant également au XVIIIe siècle, celle de Chalon à Lons, Pontarlier et à la Suisse». Ainsi, à la fin de l’Ancien Régime, «avec ses scieries, ses tanneries, ses forges, ses multiples artisans», la ville se présente «comme un centre industriel actif». Un centre touristique aujourd’hui: on y croise la célèbre «route du comté» et c’est à trois kilomètres de là, à Equevillon, que s’amorce la magnifique «route des Sapins».

VISITER LA ROUTE DES SAPINS...
Le site Sur ma route va se mettre au vert dans l’une des plus jolies forêts du Jura, non loin de Champagnole, juste à côté de la route blanche Paris-Genève... (lire)

Le site des cascades de la Billaude. L'endroit porte également le nom d'un malheureux (Claude Roy) qui y a glissé et qui en est mort (photo: Marc Verney, janvier 2006).

De Champagnole, nous suivons la direction de Genève par la R.N.5. Cette chaussée, emblème du site Sur ma route depuis sa naissance en 2005, a été réalisée ici à la fin du XVIIIe siècle pour rejoindre Morez sous l’influence grandissante des industriels de cette ville. De vastes rectification de ce tracé difficile ont été ensuite entreprises au cours du XIXe siècle pour mener en toute sécurité le voyageur en direction du col de la Faucille et de la Suisse. Mais c’est une autre histoire… Nous nous arrêtons au hameau de la Billaude. Au fond de la vallée encaissée de la Lemme, le site du «saut Claude-Roy» (ou cascade de la Billaude) est absolument inratable. S'épanouissant au coeur d'un vaste amphithéâtre minéral, la chute d'eau jaillit d'une fissure de la pierre et offre au regard deux belles cascades totalisant 28 m de dénivelé. Les promeneurs peuvent accéder à plusieurs belvédères, à différents niveaux, accessibles depuis la D279. Tous offrent une vue bien dégagée sur la cascade, spectaculaire en période de grandes eaux. De là, il est possible de retourner sur la R.N.5 pour remonter les gorges de la Lemme (direction Genève), arriver au Pont-de-la-Chaux, tourner à gauche vers Chaux-des-Crotenay (D16) et suivre la départementale 127E1 vers le village des Planches-en-Montagne. Là, se trouvent les impressionnantes «gorges de la Langouette». En ces lieux, écrit le Guide Bleu Franche-Comté-Monts-Jura (1961), la Saine s’engouffre avec fracas dans une «étroite cluse ouverte dans la chaîne de la Haute-Joux, large de 3 à 4 mètres, profonde d’environ 40 mètres». Un court sentier aménagé permet d’approcher au plus près des flots grondants, l’écume d’eau voltige contre la pierre; il y a comme une brise maritime, générée par ce tumulte, qui remonte jusqu’à nos sens enfiévrés par cette vision. Par Syam (D127 et D277), nous rejoignons Bourg-de-Sirod et le site des pertes de l’Ain. Dix kilomètres en aval de sa source, l'Ain rencontre sa première difficulté. Il lui faut passer un seuil rocheux qui lui barre le passage... «Il y a dix millions d'années, raconte le site montagnes-du-jura.fr, la rivière se perdait sous terre, dans un labyrinthe de cavités. C'est cette galerie souterraine que l'on appelle "pertes". Au fil du temps, le travail d'érosion de l'eau a fait son oeuvre, grignotant le calcaire et détruisant la voûte de la galerie souterraine». Depuis le parking, on peut rejoindre deux courts sentiers de découverte balisés et agrémentés de tables de compréhension du paysage. Durant cette promenade on suit au plus près la rivière, on l'enjambe, on la surplombe, on l'admire dans son voyage à travers une gorge d'à peine deux mètres de large. Ici, continue montagnes-du-jura.fr, «dès le XIVe siècle, la force motrice de l'eau a servi à animer les soufflets et marteaux des forges du village de Bourg-de-Sirod. Ces forges ont connu une croissance spectaculaire à l'époque napoléonienne. Elles ont laissé place, après 1920, à une usine hydroélectrique».

Les gorges de la Langouette. Les eaux grondent au fond d'une étroite faille dans la roche (photo: Marc Verney, octobre 2020).
En avant vers les sources de l'Ain (photo: Marc Verney, juillet 2020).
La source de l'Ain. Remplie d'eau à gauche, à sec à droite (photo: Marc Verney, juillet 2008 et juillet 2020).

Par la route (départementales 277, 84 et 283), nous allons aux sources de l’Ain. Toute la zone, entre Doye (au nord) et Conte (au sud) est propice aux randonnées pédestres. La source de l'Ain est une exsurgence karstique située entre les villages jurassiens de Conte et de La Favière à 681 mètres d'altitude. Ici, la terre déchirée peut régurgiter des masses d’eau colossales… mais cette faille béante, par où jaillissent les torrents liquides, peut aussi se révéler complètement à sec et nous avons –à ce moment- le loisir de plonger notre regard dans une caverne presque insondable d’où s’exhalent des vapeurs froides qui font frissonner l’âme, même en plein été… Si la source haute (en eau ou à sec) se révèle être le but principal de la promenade, on peut marcher longuement sur les sentiers de «petite randonnée» (balisage jaune) de la région, en quête des autres curiosités de ce site, le saut des Maillys, les vestiges du moulin du Saut, le Moulinet… En passant par Nozeroy, labellisée «petite cité comtoise de caractère» en raison de sa riche histoire, on se dirige par la R.N.471 (D471) vers Frasne (Doubs), où notre chemin croise la réserve naturelle régionale des tourbières de Frasne-Bouverans. Situé dans la vallée du Drugeon, autrefois exploité depuis le XIXe siècle par l'homme pour le «charbon de tourbe», le site, façonné par les glaciations (entre –25.000 et –18.000 ans) qui ont touché la région, recèle «une faune et une flore très particulière», adaptée à cet environnement, saturé en eau, lit-on sur le dépliant d'information publié sur le site bourgognefranchecomte.fr. Le lieu est magique: des pontons se déploient au cœur des paysages, l’impression très nette est d’être dans le Grand Nord… Nos pas, guidés par d’étroites passerelles posées entre les arbres, survolent des sols tapissés de myrtilles… Puis voilà les étangs, où s’ébattent de bruyants batraciens; nous sommes environnés par des nuées de libellules, de papillons… Il y a plusieurs propositions de promenades, encadrées par des panneaux d’information. La visite est libre.

R.N.471: UNE ROUTE JURASSIENNE
La RN471 de 1959 relie Tournus à Pontarlier en passant par Lons-le-Saunier, Champagnole et Frasne. Un joli tour de Jura où l'on frôle des reculées et des lacs... (lire)

Il y a de nombreuses promenades à faire autour de la source de l'Ain (photo: Marc Verney, juillet 2020).
Aux tourbières de Frasne (photo: Marc Verney, juillet 2008).
La promenade sur les "planches" de Frasne (photo: Marc Verney, juillet 2018).

R.N.72, DU SEL DANS LES SAPINS!
La nationale 72 de 1959 est un vrai dépliant touristique qui prend naissance dans le val d'Amour en passant par Mouchard, Salins-les-Bains, Levier... (lire)

Par  Boujailles et Levier, nous nous rendons maintenant sur le site de la source du Lison en croisant les derniers mètres de la «route des sapins», au niveau de la maison forestière du Rondé, dans la forêt de Levier, en roulant sur l’ancienne R.N.72 (D72) jusqu’à Villeneuve-d’Amont, où nous suivons la D103 jusqu’à Nans-sous-Sainte-Anne. Là encore, nous sommes face à un site de toute première beauté, le village, environné de profondes forêts, blottit ses maisons de pierre autour de sa petite église. Sous l'Ancien Régime, forges, moulins, scieries et martinets y utilisent la force hydraulique, écrit racinescomtoises.net. Une taillanderie, créée en 1828, est exploitée jusqu'en 1969. Classée monument historique en 1985, elle a conservé son installation qui permettait la fabrication de faux (visite recommandée). Il faut parcourir quelques centaines de mètres par la D477 pour accéder au site de la source (résurgence) du Lison. Le site, extrêmement pittoresque, est à l'origine de la législation sur la protection de l'environnement. «En 1899, écrit Wikipédia, le propriétaire d'un moulin aujourd'hui détruit, prévoyait de capter l'eau et de remplacer la cascade par une conduite forcée. La source étant propriété communale, les habitants de Nans-sous-Sainte-Anne se mobilisèrent et firent appel au député Charles Beauquier. Après deux procès, ils gagnèrent définitivement en 1902. Pour conforter la victoire juridique du Lison et protéger les sites pittoresques de France, Charles Beauquier fit voter le 21 avril 1906 la première loi de protection de l'environnement, dite "loi Beauquier"». Une courte marche permet d’aborder les lieux; l’eau jaillit avec force d’une vaste grotte surmontée d’une vertigineuse paroi rocheuse. Mais ce n’est pas la seule curiosité de ces lieux, un peu plus haut, le creux Billard, dû à l’effondrement du plafond d’une vaste salle souterraine, «est un gouffre à ciel ouvert de plus de 100 mètres de haut», signale destinationlouelison.com. En faisant marcher son imagination, on se transpose ici en des temps préhistoriques! Jurassic Park n’est pas loin… A 500 mètres, la grotte Sarrazine est un «porche majestueux de 80 mètres de haut creusé dans le calcaire». A sa base, l'entrée de la grotte a une largeur d’environ 120 mètres, écrit encore destinationlouelison.com. Arrivé au pied de la falaise, le randonneur n’en croit pas ses yeux, il est dans une véritable «cathédrale» de pierre… La région toute entière est propice aux longues randonnées dans une nature encore bien préservée.

Anciennes signalisations forestières à Nans-sous-Sainte-Anne (photo: Marc Verney, juillet 2020).
La source-résurgence du Lison (photo: Marc Verney, juillet 2009).
Le pittoresque bourg d'Ornans, sur la Loue (photo: Marc Verney, juillet 2009).

RN67: L'ABSINTHE NOUS FAIT CHOCOLAT!
C'est une route qui a le goût de l'histoire... et des bonnes choses!! Entre les foires de Champagne et les monts jurassiens, quelques centaines de kilomètres charmants et à avaler avec joie et passion... (lire)

On remonte vers Ornans par Cléron (château et «hameau» du fromage) en empruntant la D492, la D9 et la D101. D’Ornans à Mouthier-Haute-Pierre, la route nationale 67 historique (D67) parcourt le cours supérieur de la Loue; villages charmants, paysages bucoliques, la promenade motorisée révèle ici de bien jolis virages… La cité d'Ornans, «Venise du Doubs», construite sur les deux rives de la rivière s'allonge le long de l'ancienne route nationale (avenue du Président-Wilson et rue Eugène-Cusenier). C'est là que le célèbre peintre Gustave Courbet a vu le jour en juin 1819 (on y trouve d'ailleurs un musée...). Mais Ornans a vu aussi naître l'un des personnages parmi les plus puissants de la Franche-Comté: Nicolas Perrenod (1486-1550). Devenu seigneur de Granvelle et chancelier de Charles-Quint, l'homme a donné à sa région richesse et autonomie. On passe maintenant Montgesoye, Vuillafans, Lods, Mouthier pour accéder à la source (résurgence) de la Loue par la D41 et Ouhans. Les lieux sont très touristiques: une véritable rivière souterraine sort de terre en grondant. La caverne, d'où s'extraient les eaux est haute de 32 m, large de 60 m, ouverte dans une spectaculaire reculée aux parois de plus de 100 m de hauteur. Le fracas liquide est encore plus abondant à l'automne et au printemps. En août 1901, suite à l'incendie d'une entreprise de production d'absinthe, de l'alcool est déversé en catastrophe par centaines de litres dans le Doubs pour éviter l'explosion des cuves... deux jours plus tard, à sa source, la Loue prend une drôle de couleur ainsi qu'une odeur et un goût anisés. Ce qui prouve, dit le site montagnes-du-jura.fr, que «la Loue est en fait une résurgence du Doubs»! Peu après Pontarlier, une partie des eaux du Doubs s’engouffre en effet dans une faille pour ressortir, à plusieurs kilomètres de là, sous le nom de Loue au pied des gorges de Nouailles. Les randonneurs à la recherche de belles marches pourront se lancer sur les sentiers sillonnant ces gorges sur les pas du célèbre peintre Gustave Courbet…

La source-résurgence de la Loue (photo: Marc Verney, juillet 2009).

RETROUVER LA ROUTE DU COMTE
Depuis Pontarlier, on peut remonter vers Morteau et Montbéliard, mais on peut aussi revenir vers le sud, Nozeroy et Champagnole pour suivre la route du Comté... (lire)

L’ultime étape de cette (très) longue promenade motorisée à la recherche des merveilles aquatiques du Jura nous emmène dans la région de Morteau, à Villers-le-Lac. A Pontarlier, nous avons «rattrapé» la R.N.437 historique (D437) qui remonte au nord vers Morteau. Son tracé traverse Montbenoît (abbaye) et côtoie en permanence le lit du Doubs, notamment dans le spectaculaire défilé d’Entre-Roches. A Villers-le-Lac, il est possible de monter sur un «bateau-mouche» qui va descendre le Doubs et naviguer sur les eaux du lac de Chaillexon - ou lac des Brenets (appellation suisse)- pour nous rendre au saut du Doubs. Barré par un écroulement rocheux, il y a 12.000 ans, le Doubs, qui a formé un vaste lac (long de 15 km) recouvrant toute la zone de Morteau, cherche à s’échapper de ce barrage naturel… La cascade de 27 mètres s’est créée au moment où le niveau du lac fut assez élevé pour permettre au flot de contourner l'éboulement. Classé Grand site national, le site du saut du Doubs peut également être abordé à pied depuis Villers-le-Lac. Là encore, la sécheresse estivale peut complètement tarir la cascade… comme en 2018 ou 2020! Un cheminement franco-suisse permet de venir sur les lieux par la rive gauche du Doubs et de se retourner par une route forestière suisse retournant aux Brenets, puis aux Bassots en France. C’est ici que s’achève malheureusement notre promenade… Nous sommes loin d’avoir visité toutes les richesses aquatiques des monts du Jura! Et même le Jurassien exilé que je suis n’a pas encore «épuisé» toutes les possibilités de promenades autour des centaines de lacs, cascades, grottes et sources que comptent ces belles montagnes…

Marc Verney, Sur ma route, avril 2021

Indications de randonnée vers le saut du Doubs (photo: Marc Verney, juillet 2014).
Comme à Paris, il y a aussi des bateaux-mouches sur le lac de Chaillexon (photo: Marc Verney, juillet 2014).
L'impressionnant saut du Doubs (photo: Marc Verney, juillet 2014).

Retour à la première page du site (clic)

Egalement dans le Jura...

LA BELLE ROUTE DES VINS
Du nord au sud du Jura, la route des vins suit les collines du Revermont. Voilà un itinéraire gourmand dans le sympathique «bon pays»... (lire)