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Au lecteur: merci de noter que ce site respecte le droit d'auteur. Toute autre utilisations des textes, images, dessins présents sur les pages de Sur ma route est soumise à l'autorisation de l'auteur (sauf mention contraire). Quelques mots sur la documentation utilisée: Atlas des grandes routes de France (Michelin, 1959); carte Michelin n°53 Arras-Mézières (1947); carte Michelin n°56 Paris-Reims (1958); Annuaire du département de l’Aisne pour l’année 1814, par Miroy-Destournelles, imp. de Moureau fils; Avesnes, ses rues, ses maisons, Charles Croix, éd. de l’Observateur (1950); Chemin des Dames, l’album souvenir du front de l’Aisne, Gérard Lachaux, Histoire et Collections (2008); Guide Bleu de la France automobile, Hachette (1954); Guide du Routard Nord-Pas-de-Calais, Hachette, 2011-2012; Histoire de Maubeuge, sous la direction de Gérard Sivery, les Editions des Beffrois-Westhoek (1984); Histoire de la ville d’Avesnes, Jean Mossay, éd. de l’Observateur (1956); Histoire de la ville de Marle et des environs, Emile Coët et Charles Lefèvre, imp. A. Mennecier (1897); Histoire d’Etroeungt, Eugène Maton, impr. Moquet (1882); La Thiérache, entre Helpes et Ton, club cartophile Fourmies-Thiérache (Alan Sutton, 1998); Laon, Cahiers du Patrimoine, Association pour la généralisation de l’inventaire régional en Picardie (1996); Le Nord autrefois, Alain Coupsier, éd. Horvath, 1985; Le Nord, de la Préhistoire à nos jours, sous la direction de Jean-Pierre Wytteman, éd. Bordessoules (1988); «Les routes de l’Aisne et de la Sarthe, entre linéarité et complémentarité, 1812-1850», par Jean-Marcel Goger in Histoire, économie et société, 1990, 9e année, n°1, les transports (p.19 à 58); L’Histoire de l’Aisne, Georges Dumas et Suzanne Martinet (à travers les richesses des archives départementales et de la bibliothèque de Laon, 1968); Maubeuge, à travers cent rues, places et lieux-dits, Pierre Henry, éd. La Voix du Nord (1996); Maubeuge, les pierres dispersées, J.C. Decamps, Jack Guillemin, Association renaissance Vauban (1992); Promenade dans la mémoire de l’Avesnois, tome 1, le cadre de vie, B. Maïeu, A. Pierrard, éd. des Beffrois-Westhoek (1984); Statistique archéologique du département du Nord T.II, 1867 (rééd. Res Universis, 1991); Statistique du département de l’Aisne, agriculture, industrie, commerce, JBL Brayer (1825); Sur une frontière de France: la Thiérache, Aisne, Images du patrimoine, Association pour la généralisation de l’inventaire régional en Picardie (2001); «Vervins», par Benjamin Saint-Jean-Vitus, in la Revue archéologique de Picardie 1999, n°16 (p. 139-144); lespontsurlaisne.free.fr; lerzy.free.fr; picardie.fr; Wikisara; Wikipédia.
Localités
traversées par la N2 (1959):
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Belles
routes de France...
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De Soissons à Laon, la route royale a été établie au cours du XVIIIe siècle. En 1825, la rampe de la montagne de Crouy n’est qu’empierrée. Plus loin, la chaussée croise le fameux «Chemin des Dames», une ligne de crête qui fut l'objet de multiples combats entre Allemands et Français durant la Première Guerre mondiale Au bord de la N2, ici à quatre voies depuis 2006, on croise plusieurs monuments commémoratifs sur le site du Moulin de Laffaux. Les environs ont été terriblement disputés en 1917 et 1918 en raison de leur intérêt géographique (point culminant à 198 m). En allant vers Chavignon sur l’ancienne chaussée, une imposante croix domine la route nationale, celle de l’Ange gardien, construite en septembre 1924 afin de se souvenir des soldats «tombés au Chemin des Dames» lors de la sanglante offensive de 1917. Tout à côté, voilà les ruines du fort de la Malmaison et l’émotion, -toujours aussi poignante- des tombes des cimetières militaires. Ici, ce sont des Allemands. Qu’importe le drapeau. La guerre n’est que douleurs partagées. Ironie de l’histoire, ce «Chemin des Dames» fut ainsi appelé en l’honneur des filles de Louis XV qui se rendaient par cette voie empierrée (au milieu du XVIIIe siècle) en direction du château de La Bove dans l’Aisne.
Les dommages inouïs de la guerre 14-18 sont relatés par l’économiste John Maynard Keynes, en visite en France: «durant l’hiver 1918-1919, avant que la nature ait recouvert la scène de son manteau dissimulateur, on pouvait contempler l’effroyable grandeur de l’horreur et de la désolation causées par la guerre. Tout était détruit. Sur des kilomètres et des kilomètres, rien ne subsistait»... Cependant, voit-on dans Chemin des Dames, l’album souvenir du front de l’Aisne, «les excursions (en train et en bus) sur les théâtres récents de la guerre se multiplient dès 1919. En 1920, paraît le Guide Michelin du Chemin des Dames. Le Touring Club de France (TCF) jalonne les circuits avec des plaques émaillées». On peut rejoindre Laon par l'ancienne route nationale: Chavignon, Urcel, Etouvelles (le contournement de ces agglomérations a été ouvert en 2005). A l’amorce du XIXe siècle, le cheminement Soissons-Laon n’était pas aussi simple: en 1812, on peut lire dans l’article de Jean-Marcel Goger, «Les routes de l’Aisne et de la Sarthe, entre linéarité et complémentarité, 1812-1850», que les «empierrements successifs» n’ont pu «vaincre le secteur marécageux qui sépare Bucy et Chavignon»; bref, sur la route n°2, le «tronçon Soissons-Laon continue à former une coupure»même si des travaux de pavage y ont lieu en 1813 (Annuaire du département de l’Aisne pour l’année 1814). Après la rampe empierrée de Chavignon, peut-on lire dans Statistique du département de l’Aisne, agriculture, industrie, commerce, la route n°2 présente des «difficultés et même des dangers à la communication». On se rassure, «elle a été rectifiée et le passage y est livré au public depuis 1825». Les livres d’histoire retiennent que Napoléon Ier a établi son QG à Chavignon lors de la bataille de Laon (9 mars 1814).
Au loin, voilà donc la ville de Laon qui se dessine peu à peu dans le paysage. La cité est double: industrieuse et récente en bas; pittoresque et médiévale en haut… mais toujours dominée par la majestueuse cathédrale Notre-Dame. Evoquons tout d’abord les accès à la préfecture de l’Aisne: ceux-ci ont été particulièrement travaillés au fil des années en raison de la configuration des bâtiments, placés en promontoire autour de la «cuve» Saint-Vincent. L’encyclopédie en ligne picardie.fr nous précise que l’accès à Laon en arrivant de Paris «se fait jusqu’au XIXe siècle par la porte Saint-Martin». Les travaux de la route royale Paris-Maubeuge à la fin du XVIIIe siècle entraînent l’adoucissement et le pavage de la montée de la Vieille-Montagne qui débute dans le faubourg de Semilly (on y trouve aussi la barrière d’octroi). D’après l’ouvrage historique Laon, le tracé de la route d’accès au centre de la ville sera modifié plusieurs fois, en 1827, en 1848 (édification d’une nouvelle rampe) et 1889… L’époque de l’automobile, qui s’annonce, verra la création du contournement de la cité par une «autostrade» réalisée de 1939 aux années cinquante (défini dès 1938, le grand itinéraire (*) Calais-Vitry-le-François passe en effet par là). Mais la rampe emblématique de la ville est celle d’Ardon, refaite en 1859 et dont les élégants virages coupent l’ancienne et rude montée des Tilleuls. Les piétons, eux, ont droit à d’innombrables passages en escalier, les «grimpettes» (qui d’ailleurs, méritent bien leur nom!). En juillet 1899, tout change avec l’installation d’un tramway à crémaillère qui relie la mairie (ville haute) à la gare (ville basse). La liaison perdure aujourd’hui avec un système de transport automatique installé par la société Pomagalski en 1989. Quelques mots sur l’histoire de la «montagne couronnée»: étoile routière dès le IIIe siècle, Laon devient ville épiscopale au VIe siècle. Cette proximité avec la religion fera longtemps la prospérité de la ville (on y comptera jusqu’à 23 églises…). Favorable aux catholiques lors des guerres de Religion, Laon est assiégée par Henri IV. La ville capitule en 1594 et le roi, rancunier, fait raser plusieurs quartiers de la ville. Le réseau ferré arrive à Laon en 1856; la cité subit des dommages en 1914-1918 et lors de la Deuxième Guerre mondiale. A VOIR, A FAIREConstruite de 1160 à 1225, la cathédrale Notre-Dame a servi de modèle aux constructeurs des cathédrales de Reims, Paris ou Chartres… En haut des tours de l’édifice (vue immense) se trouvent les statues de seize boeufs (pour évoquer ceux qui ont tiré les chariots remplis des blocs de pierre nécessaires à la construction de la cathédrale). A côté, l’ancien Hôtel-Dieu du XIIe siècle où se trouve l’office du tourisme et une copie du plan-relief de Laon. Après une promenade dans les rues de la ville haute (rue Châtelaine), ne pas manquer la porte d’Ardon, la porte de Soissons et le quartier des abbayes Saint-Martin et Saint-Vincent. Agréables promenades dans la cuve Saint-Vincent.
Dans les temps anciens, la sortie de Laon se faisait par la rampe de Vaux, réaménagée en 1855. Au nord de la ville, passé le faubourg de Chambry, un paysage de champs ouverts s'étend sur tout l'horizon. La route est «plate et rectiligne», pour reprendre les termes du Guide Bleu de la France automobile 1954… Voici le village de Froidmont, où se trouvait, fin 1918, l’une des dernières lignes de défense de l’armée allemande, la Hunding-Stellung. La route nationale 2 frappe maintenant aux portes de la Thiérache, où il n’y a eu longtemps que des chemins boueux mal balisés pour se déplacer. En 1714, lit-on dans L’Histoire de la ville d’Avesnes, le service de voyageurs entre Maubeuge et Paris ne passe pas par là, préférant la route Senlis, Compiègne, Noyon, Chauny, La Fère, Guise, Landrecies et Avesnes-sur-Helpe. Comme un peu partout en France, les travaux de construction routière sont engagés au cours du XVIIIe siècle tout au long de la future R.N.2, de Laon à Maubeuge. En 1782, on opère de nouvelles réparations sur la route Laon-Marle, établie une trentaine d’années plus tôt. Le pont Rouge, (en bois) lancé à Marle sur le Vilpion, est, lui, réparé dès 1775 par l’ingénieur Du Perron nous dit l’Histoire de la ville de Marle et des environs. Un ouvrage en maçonnerie lui succède en 1808. A Marle («traversée sinueuse» pour le Guide Bleu 1954), gros bourg autrefois ceint de remparts et rattaché à la France au début du XVIIe siècle, on croise les chaussées de Guise (anc. N45) et de Montcornet (anc. N46) elles aussi établies à la fin du XVIIIe siècle (la route de Montcornet étant un embranchement de la grande voie romaine de Reims à Bavay selon l’Histoire de la ville de Marle et des environs). Un ancien relais de poste est signalé dans ce bourg. Napoléon Ier, après la défaite de Waterloo, y relaya avant de filer sur Paris. A Marle, le 20 septembre 1841, on organise le premier comice agricole de France. A VOIR, A FAIRELe touriste ne manquera pas le pittoresque circuit des églises fortifiées de Thiérache. D'imposants édifices s'échelonnent le long de la vallée de la rivière Brune à Prisces, Gronard, Burelles, Plomion, Bancigny... les églises, de brique et de pierre dominent le bocage où s'éparpillent en grappes denses de paisibles ruminants.
Les origines de la voie menant de Marle à Vervins, indique encore l’Histoire de la ville de Marle et des environs, pourraient être très anciennes. Elle pourrait ainsi faire partie de l’itinéraire Coucy-Vervins, attribué aux seigneurs de Coucy. Atteignant Lugny sur la N2, cette antique voie prenait la direction de Saint-Gobert avant de revenir vers Vervins et la grande chaussée Reims-Bavay par Gercy. La cité de Vervins antique (Verbinum), un peu décalée par rapport à sa sœur moderne, perchée sur sa butte, est mentionnée dès le IIIe siècle dans l’itinéraire d’Antonin et la table de Peutinger. Elle se situe, nous dit l’archéologue Benjamin Saint-Jean-Vitus dans un article de la Revue archéologique de Picardie, «au carrefour des deux voies romaines Reims-Bavay et Saint-Quentin-Macquenoise». Le site actuel n’apparaît qu’au XIIe siècle. Vervins est alors une bourgade agricole au cœur d’un espace en plein défrichement. Entourée d’une enceinte qui a compté jusqu’à 22 tours de défense, Vervins (prise et reprise par les Anglais, les Français et les Espagnols) subit d’importantes destructions dues aux guerres jusqu’au début du XVIIIe siècle. En 1598, la ville voit la signature d’un traité de paix entre Henri IV et Philippe II qui met fin à une quarantaine d’années de conflit entre Français et Espagnols. Plus tard, en 1759 et 1763, des incendies ravagent de nombreux quartiers de la cité, qui conserve cependant un cœur historique à visiter. A VOIR, A FAIRESitué juste à côté de la mairie, le musée de la Thiérache est réparti sur trois salles: archéologie et paléontologie, pays d'art et d'histoire et le vieux Vervins (visite guidée sur demande). Nombreux documents anciens. Vers 1769, entre Vervins et La Capelle, lit-on dans l’Histoire de La Capelle on entreprend la réalisation de la grande route de Paris à Maubeuge au moyen de corvées locales. La nouvelle voie est destinée à remplacer la vieille voie romaine suivie jusque là par les attelages se rendant à Bruxelles. Difficile, cependant de circuler dans les siècles passés… De multiples cloaques ou «plombs» parsemaient à la mauvaise saison les chaussées mal empierrées; ils étaient appelés ainsi parce que les roues des chariots s’y trouvaient comme soudées…
Après avoir traversé Etréaupont (ouvrage sur l’Oise datant de 1788) et Froidestrée, la nationale 2 prend la direction de La Capelle. Les noms des lieux rencontrés prouvent indubitablement que nous sommes sur un ancien itinéraire romain qui rejoignait la cité de Bavay, plus au nord. Le terme «estrée» (strata en latin) désigne en effet une «voie de pierres plates»… ce qui a d’ailleurs donné street en anglais ou Strasse en allemand. Plus loin, La Capelle s'étale le long de la route principale. Ici, on parle cheval: la société de courses du cru est plus que centenaire. L'hippodrome figure parmi les vingt lieux de course qui comptent en France... C’est aussi là, que, le 7 novembre 1918, les plénipotentiaires allemands ont rencontré les premières troupes françaises pour négocier l'armistice. Environ cinq kilomètres après La Capelle, la nationale 2 pénètre dans le département du Nord. Il ne reste maintenant qu’une quarantaine de kilomètres jusqu'à la frontière belge. C’est à Larouillies -sur l’ancienne chaussée qui contourne l’église- que la route nationale quitte l’itinéraire romain, qui, de son côté part tout droit vers Bavay (on ne peut le rater sur les cartes; suivre la mention chaussée Brunehaut sur le terrain). A Etroeungt, bourg ayant fait partie de la province du Hainaut jusqu’en 1790, la signalisation, longtemps confiée à de vieux poteaux Michelin datant des années cinquante a été ôtée (quel dommage!). Duronum (le petit nom romain d’Etroeungt!) se situait un peu plus à l’ouest sur la voie Bavay-Reims qui a servi jusqu’au XVIIe siècle. Etroeungt et Larouillies, possessions espagnoles jusqu’en 1678 rendaient ardu l’accès des Français à Avesnes… La route qui traverse Etroeungt fut commencée en 1725 et achevée en 1739 nous explique l’Histoire d’Etroeungt. Le pont sur l’Helpe-Mineure a été construit en 1745 (trop étroit, il a été élargi en 1872).
L'Avesnois, la région qui entoure la N2, a le statut de parc naturel régional: Composé de 129 communes adhérentes, et de 5 communes associées, le parc de l'Avesnois s'étend sur près de 125 000 hectares. Les paysages alentours sont charmants: prairies bocagères, forêts de feuillus, vergers en fleurs, rivières sinueuses, moulins au bord de l'eau, kiosques à danser au coeur des villages, oratoires en typique pierre bleue... Avesnes-sur-Helpe s’annonce à l’horizon. La ville est née en 1050 à la suite de la décision de Wedric le Barbu de fortifier l’éperon rocheux qui domine la vallée de l’Helpe-Majeure. Après avoir été bourguignonne puis espagnole, Avesnes revient à la France en 1659. Vauban s’attaque au chantier de la fortification de la ville, qui intègre le système des places-fortes du «Pré carré». Si la traversée de la ville se fait en 2013 par les avenues de Verdun, du Pont-Rouge et de la Gare, on entrait jusqu’à la fin du XIXe siècle dans Avesnes par la porte de France. Les voyageurs de l’époque ne semblaient pas emballés par la ville, on peut lire dans Avesnes, ses rues, ses maisons les propos suivants: «L’œil n’est guère flatté quand on parcourt la ville, l’intérieur en est mal bâti; les rues sont mal percées, mal distribuées…». A VOIR, A FAIREAvec sa haute et imposante tour d’une soixantaine de mètre, la collégiale Saint-Nicolas (XIIe siècle) est à visiter. L’église, et ses 48 cloches, possède l’un des carillons les plus célèbres du nord de la France. N’oublions pas également, que nous nous trouvons au pays du maroilles, un fromage au goût puissant et à l’élégante croûte orangée. En se dirigeant vers la sortie d’Avesnes, la route nationale 2 franchit actuellement la voie ferrée sur un pont courbe en forte pente de 1954. La ville n’est plus une place de guerre depuis 1867 et sa traversée est retravaillée à la moitié du XIXe. Côté Paris, un remblai de 16 m de large comble dans un premier temps les fossés; côté rue de Mons, l’idée était de supprimer le coude de la voie de sortie de la ville autour des fortifications. Les travaux sont lancés dans la deuxième partie du XIXe siècle, ce qui favorise la création d’un nouveau quartier, vers Bas-Lieu.
Les travaux routiers sur les 18 kilomètres qui restent à parcourir jusqu’à Maubeuge sont lancés au début du XVIIIe siècle. De bien mauvais passages, comme autour de Semousies, perdurent jusqu’au règne de Louis XV. Pour entrer dans la cité, il faut passer par Louvroil. Deux redoutes, qui devaient servir à la défense de Maubeuge y ont été bâties en 1793. Dans la cité, qui est aujourd’hui quasiment un faubourg de sa grande voisine, le passé industriel est présent partout: en 1837, nous dit le Dictionnaire du Nord et du Pas-de-Calais, c’est un premier haut-fourneau qui s’allume… puis la société Usinor y implante jusqu’en 1977 l’une des plus importantes de ses usines. Voilà donc Maubeuge. L’endroit est tout d’abord un monastère fondé par Sainte Aldegonde sur les rives de la Sambre en 658. Grâce à son industrie du drap, la ville est florissante au XIIe siècle. Mais, pillée et incendiée à de nombreuses reprises entre les XIVe et XVIIe siècles, elle est définitivement arrachée aux Espagnols en 1678. De vastes fortifications, édifiées sous le contrôle de Vauban, vont durablement corseter le centre-ville derrière de hautes murailles. Jusque vers les années trente, il n’y a que deux principaux moyens d’entrer et de sortir: la porte de France au sud (élargie en 1878) et celle de Mons au nord. A l’intérieur, la RN2 se fraye un passage difficile dans des rues étroites et encombrées.
Le premier coup de pioche de percement des remparts, nous explique l’ouvrage Maubeuge, les pierres dispersées, a lieu en décembre 1936. En direction de la Belgique, une nouvelle chaussée traverse les murailles et contourne la porte de Mons par l’est dès 1937-38. Au sud, la porte de France ne disparaît qu’en 1958. Plusieurs années auparavant, en mai 1940, durant les combats face aux envahisseurs allemands, le centre de la ville est détruit pratiquement à 90%. Ce qui déclenche un vaste plan de reconstruction coordonné par l’architecte André Lurçat. Des centaines de logements et de commerces sont reconstruits. Les bâtiments nouveaux privilégient les lignes horizontales, sans fioritures… A VOIR, A FAIREBien évidemment, il est conseillé de faire le tour des fortifications Vauban (il reste les deux tiers du mur d’enceinte) et de la majestueuse porte de Mons (on y trouve l’office du tourisme). L’église Saint-Pierre-Saint-Paul (1955) recèle le trésor de Sainte-Aldegonde. A 14 km à l’ouest, la cité gallo-romaine de Bavay est l’un des plus magnifiques exemples de carrefour routier de l’Antiquité (musée et visite du forum). Encore huit kilomètres et la N2 atteint la frontière belge. Sur ce chemin de Mons, qui existait dès le Moyen-Age, le voyageur traverse aujourd’hui des bourgs sans âme: La Grisoëlle, Bettignies... En 1896, c’était une étroite chaussée pavée bordée de nombreux estaminets; un petit train y a circulé jusqu’en 1951. Espace Schengen oblige, le poste-frontière a complètement disparu: le «plat pays» est atteint au kilomètre 231. Au-delà, voilà la route belge numéro 6 qui nous conduit à Mons.
Marc Verney, Sur ma route, mars 2013 (*) Les grands itinéraires routiers sont, à la fin des années trente, la réponse française au développement des autoroutes en Europe. Ces axes, qui empruntent le réseau national, sont spécifiquement aménagés et dotés d’une législation spéciale; ainsi les accès directs des riverains sur les contournements d'agglomération placés le long des grands itinéraires sont interdits. Par ailleurs, les chaussées croisant un grand itinéraire ne doivent pas gêner l'écoulement du trafic. Les quatre grands itinéraires de 1938: Paris-Strasbourg, Calais-Vitry-le-François, Paris-Lyon, Paris-Bordeaux.Refaire le trajet sur la R.N.2 (clic!) Revenir à la page principale (clic!)
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