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          | Ce panneau Michelin était situé à l'entrée nord de Saint-Chély-d'Apcher. Il faut hélas en parler au passé (photo: MV, avril 2008). | 
         
       
       
      
        
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      Sources et documents: Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959);  carte n°76 Aurillac-Saint-Etienne, Michelin (1928, 1931, 1946); carte n°49 Clermont-Ferrand-Aurillac, IGN (2003); De battre mon coeur n'a jamais  cessé, Pierre Juquin, l'Archipel (2006); Dictionnaire statistique du  département du Cantal, Déribier Du Châtelet, imprimerie Vve Picut et Bonnet  (1856); Du Gévaudan à la Lozère, Jean-Paul Mazot, les Presses du  Languedoc (1994); Guide Bleu de la France automobile, Hachette (1954); Guide  Vert Auvergne, Michelin (1957); Histoire des routes de France, du  Moyen-Age à la Révolution, Georges Reverdy, presses de l’ENPC (1997); Itinéraire  complet de l'Empire français, de l'Italie et des provinces Illyriennes,  Volume 2, Hyacinthe Langlois, Langlois (1812); Le réseau routier de  l’Auvergne au XVIIIe siècle, Franck Imberdis, Presses universitaires de  France (1967); Les routes de France du XIXe siècle, Georges Reverdy,  presses de l'ENPC (1993); «Marvejols, une ville royale en Gévaudan au riche  passé historique et industriel», midilibre.fr (2013); Petit Futé  Auvergne, Céline Trommenschlager, Nouvelles éditions de l'université  (2009-2010); Saint-Flour dans le passé, Louis Bac, Watel (1977); millau-patrimoine.fr; severaclechateau.fr; stchelydapcher.fr; vivreaupays.pro; Wikipédia, Wikisara. Merci à la BPI du centre Georges-Pompidou, à Gallica,  au Géoportail de l’IGN.  
      
         
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          | Ancienne borne indicatrice de la route du XVIIIe siècle sur le plateau au sud de Lempdes (photo: MV, octobre 2013). | 
         
       
      Villes 
        et villages traversés par la N9 (1959):  
        Lempdes-sur-Allagnon (N102)  
        Leotoing 
        Le Babory  
        Grenier-Montgon 
        Massiac (N588)  
        Loubinet 
        La Fageole
         
        Saint-Flour (N121, N126)  
        Garabit 
        Lair 
        La-Bessaire-de-Lair 
        Loubaresse 
        La Garde  
        Saint-Chély-d'Apcher (N107)  
        Pont-Archat 
        Aumont-Aubrac 
        La Chazette  
        Couffinet 
        Combettes 
        La Rouvière 
        Marvejols         
        Chirac 
      Le Monastier-Pin-Moriès 
      Les Ajustons (N88)  
      Badaroux 
      La Mothe (N88) 
      Banassac 
      Sévérac-le-Château (N595) 
      Aguessac
       
      Millau (N111)  
      
        
          D'autres ressources autour de la nationale 9 historique:  La page Wikisara consacrée à cette nationale française (lire).  
            La page Wikipédia de la RN9 historique (lire). 
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          | La R.N.9 vue sur une carte de 1933 définissant les "routes à priorité". Un document édité à l'époque par le Laboratoire de médecine expérimentale à l'intention du corps médical. | 
         
       
      
        
           
            A VOIR, A FAIRE 
            Le Babory: à peu de distance de la R.N.9 historique, au cœur  des gorges de l’Alagnon, voici le vieux village de Blesle, fondé autour d’une  abbaye bénédictine au IXe siècle. 
                Massiac: tranquille bourg où se tient chaque année une jolie  foire aux pommes et fruits de tradition. Le touriste pourra monter sur le  rocher de Sainte-Madeleine d’où la vue est grandiose. La ville porte le surnom  de «porte fleurie du Cantal». 
  Saint-Flour: son site spectaculaire attire les regards. On  peut visiter la cathédrale Notre-Dame; depuis la terrasse des Roches, belles  vue sur la ville basse. En empruntant la chaussée entre la ville basse et la  cité haute, on peut admirer de belles orgues basaltiques. Nombreuses belles  maisons dans la vieille ville. 
  Garabit: le viaduc, imaginé par Léon Boyer et construit par  Gustave Eiffel, long de 564 m, s’élève à 123 m au-dessus de la Truyère. Non  loin, se trouve le château d’Alleuze. 
  Saint-Chély-d’Apcher: le bourg a un clocher sans église et  une église sans clocher! Le clocher de la paroisse se trouve en effet être le  donjon, l'un des derniers vestiges du château de la cité. 
  Aumont-Aubrac: village étape sur le chemin de Compostelle,  on y trouve, devant l’hôtel de ville, une statue représentant la «bête du  Gévaudan», sans doute un animal qui sema la terreur dans la région dans la  deuxième partie du XVIIIe siècle. 
  Combettes: dominant la vallée d’Enfer, peut-être une des  plus charmantes anciennes routes déclassées de France. Un must pour l’amateur,  on y voyait (en 2013 encore) plus de dix panneaux Michelin de la R.N.9  historique dans un décor quasiment d’époque…  
  Marvejols: ancienne cité royale fortifiée, dite «la belle du  Gévaudan». On peut y visiter l’ancien centre et admirer les trois portes de  ville qui demeurent debout. A suivre, le parcours pédestre le «Circuit Henri  IV, la ville royale». On y trouve aussi une statue de la «bête du Gévaudan». 
  Chirac: rien à voir avec un ancien président… Ancienne  église romane du XIIe siècle. 
  Banassac: à côté de ce bourg sur la R.N.9 historique, la  petite cité de La Canourgue, bâtie autour d’un monastère du VIIe siècle, charme  le visiteur par ses anciennes maisons Renaissance et son réseau de canaux. 
  Sévérac-le-Château: son château et son village médiéval. 
            Millau: Ville d'art et d'histoire, joliment située en bord de Tarn,  Millau se déguste à pied. A voir, le musée historique de la ville, la tour  carrée des rois d’Aragon, dite le beffroi, le pont Vieux, l'église Notre-Dame  de l'Espinasse, le lavoir de l'Ayrolle… 
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          | Ancienne plaque de cocher située à 8 km au nord de Sévérac (photo: EF, avril 2008). | 
         
       
       
         
       
         
          
         
          
      
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       Belles 
        routes de France... 
         
        R.N.9: SILLON D'AUVERGNE (II)  
        Voici la deuxième partie de notre promenade sur la  route nationale 9 historique. Nous quittons Lempdes pour prendre la direction  de Massiac et de la «montagne»; ici, la chaussée s’élève jusqu’au plus haut de  son trajet, au col de la Fageole à plus de 1000 m d’altitude. La route passe le  Cantal, la Lozère, l’Aveyron et bientôt l’Hérault… Ce sont peut-être les plus beaux  virages qui s’annoncent: voilà Saint-Flour, perchée sur son éperon, le viaduc  de Garabit dans la vallée de la Truyère, Marvejols et l’austère Gévaudan;  Millau et la spectaculaire montée sur le plateau du Larzac s’amorcent à l’issue  de cette étape, longue de 198 km. Sur ce trajet, la R.N.9 historique se  camoufle –hélas- bien souvent derrière l’autoroute A75, construit à petits pas  de la fin des années 60 à 2005… Il faut donc zigzaguer autour du vieux bitume,  ce qui n’est néanmoins pas pour déplaire à l’auteur de Sur ma route!  
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             Jolis instants nostalgiques au hameau des Combettes, au sud d'Aumont-Aubrac 
              (photo: Marc Verney, octobre 2013).            | 
         
       
      Il y a deux manières de quitter Lempdes-sur-Allagnon avec la  route de Paris à l’Espagne: emprunter l’itinéraire du XVIIIe siècle, par le  plateau, aujourd’hui numéroté D653, ou suivre les gorges de l’Alagnon par la  route actuelle (D909), dont le projet remonte à 1847. L’ancien tracé nous  frappe par sa rectitude, sauf aux deux extrémités où grimpettes et descentes  ont dû, à l’époque, bien épuiser les chevaux... La chaussée par les gorges,  moins fatigante, est surtout plus touristique… Non loin de là en effet, se  trouve Blesle, un des Plus Beaux Villages de France, fondé autour d’un  monastère de femmes au XIe siècle. C’est au lieu-dit Le Babory, juste à côté,  que se trouvait, à la fin du XIXe siècle, une fonderie d’antimoine, créée par  l’industriel français Emmanuel Chatillon. L'ouvrage autobiographique de Pierre  Juquin, De battre mon coeur n'a jamais cessé, évoque l'antimoine au  travers de son grand-père, mineur à l'usine du Babory: ce «corps simple,  mi-métal, mi-métalloïde, cassant, argenté, qui augmente la dureté des métaux  auxquels on l'allie. Utilisé en alliage antifriction, il a servi à faire l'âme  des canons. Ainsi la mine de Blesle a-t-elle été quasi épuisée par  l'exploitation intensive des années 1914-1918»... Les deux itinéraires se  rejoignent à Grenier-Montgon (pont construit en 1738 et 1740), quatre  kilomètres au nord de Massiac. On sort de la Haute-Loire pour entrer dans le  Cantal. La silhouette de la chapelle Sainte-Madeleine dominant toute la vallée  accompagne notre entrée dans Massiac. Sur ce tronçon, un rapport de 1790 de la  généralité de Riom évoqué dans l’Histoire des routes de France, du Moyen-Age  à la Révolution, dit que la «route du Gévaudan», passant par «Massiac,  Saint-Flour et La Garde» est «à l’entretien sur toute sa longueur».  Voici ce que l'on peut lire sur l'arrivée à Massiac dans le Dictionnaire  statistique du département du Cantal de 1856: «La grande route, couverte  de noyers, suit le fond de la vallée au pied du coteau de la rive droite de  l'Alagnon, sous le rocher de la Madeleine. La pente méridionale est couverte de  vignes; la pente opposée forme un contraste sensible par le sombre reflet de la  verdure de ses sapins. (...) La proximité de la ville vous est annoncée  par une longue et belle avenue de peupliers». Plus trace de peupliers au  XXIe siècle! 
      
        
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          | Dominant Massiac, le spectaculaire rocher de la Madeleine
            (photo: Marc Verney, octobre 2013). | 
         
       
       
      
        
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          | A 
            gauche, rescapée d'une ancienne station-service de Massiac, 
            cette plaque met en garde l'automobiliste qui s'apprête à 
            escalader les hauteurs du Cantal. Un peu auparavant, à droite, 
            voici la borne de limites départementales entre Haute-Loire 
            et Cantal. On peut y décrypter la mention "route n°9 
              de Paris à Perpignan" (photos: Marc Verney, avril 
            2008). | 
         
       
      A Massiac, la R.N.9 historique croise la route d'Aurillac. «Vers  l’an 300, nous explique Wikipédia, une villa gallo-romaine est  fondée au confluent de l’Alagnon et de l'Allagnonette. Son nom, Mattii Acum (le domaine de Mathieu), est à l’origine du nom de Massiac». Plus tard,  au VIe siècle, un village s’installe autour de la villa. «En 1616, selon  le Dictionnaire statistique du département du Cantal, lors de la fin  des guerres de religion, Massiac eut beaucoup à souffrir du passage continuel  des troupes entre la montagne et la Limagne». Au XIXe siècle, la richesse  du sous-sol de la région de Massiac lui apportèrent une grande célébrité à tel  point que l'endroit, lit-on dans le Petit Futé Auvergne, allait même  être surnommé «la petite Californie»...  
      
        
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          | A la sortie de Massiac
            (photo: Marc Verney, octobre 2013). | 
         
       
      On y quitte la vallée de l'Alagnon pour  s'élever vers le plateau de la Margeride. Au sortir de la ville, on remarque  sur la carte d’état-major du XIXe siècle publiée par le Géoportail de  l’IGN l’existence d’une «ancienne route» du XVIIIe siècle, un peu à l’ouest du  tracé de la D909. Les deux tracés se rejoignant au pied du suc de Rouby.  L’importante rectification de cette côte est indiquée dans plusieurs rapports  de travaux, en 1837 et 1840 notamment. Pour sa part, Georges Reverdy, dans Les  routes de France du XIXe siècle, annonce l’année 1825 pour les premières  études de la côte de Massiac, avec une finalisation en 1835 et une «largeur  de route réduite à 10,50 m». Avant la rectification de cette pente,  apprend-on dans le Dictionnaire statistique du département du Cantal de  1856, «la route de Saint Flour aboutissait à un beau pont d'une seule arche,  construit il y a plus de cent ans, jeté sur le ruisseau»... L'oeil est  attiré de toutes parts par de splendides paysages qui s’allongent vers la  variabilité du ciel. C'est bientôt le col de la Fageole (1107 m sur notre Guide  Bleu de la France automobile 1954, 1114 m sur l’Atlas Michelin de  2014) où l'on débute notre descente vers Saint-Flour. Entre Loubinet et La  Fageole, il est ardu de rester sur le vieux bitume tant les restes de la  nationale sont tranchés net par le moderne béton de l’A75… L’ouvrage Saint-Flour  dans le passé signale qu’entre Massiac et Saint-Flour, «on pouvait voir  des bornes de corvée royale plantées sur l’accotement de la route. On y voyait,  gravée, la distance que les paysans et gens du cru avaient à entretenir».  Là, dès 1737, nous dit Franck Imberdis dans Le réseau routier de l’Auvergne  au XVIIIe siècle, «le chemin est assez avancé pour que l’on y songe à y  transférer la poste, jusque-là installée au pont de Léry». Les travaux du  XVIIIe siècle s’achèveront cependant en 1744 seulement. 
      
        
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          | Tronçon de R.N.9 abandonné au col de la Fageole. Pour être honnête, j'ai un peu amélioré la visibilité du N9 sur la borne
            (photo: Marc Verney, avril 2008). | 
         
       
       
      
        
          | L'itinéraire de 1812 jusqu'à Saint-Flour, lu sur l'Itinéraire  complet de l'Empire français, de l'Italie et des provinces Illyriennes (typographie  de l’époque): «Après Massiac, on passe un pont: mont. et bois à traverser:  on se trouve devant Aulery; à g. St-Etienne-sur-Massiac, à dr. Bonnac; côte: on  est devant Luzer; à dr. St-Mary-le-Plain: bois à côtoyer; à dr. le mont  Journal: pente rapide du Luc, pont et rivière d'Arcueil: côte - Au hameau de  Lobinet; à g. Vieillespesse, à dr. la Flageole: pente rapide; à g. Bouchet:  pente plus rapide; à dr. Chazes et Compiac - A Chadelat. A Masthesague: on  longe Corein; à g. Mentières: traverse du faubourg du pont; pont et rivière de  Douzon: pente rapide en passant devant l'hôpital. on arrive à Saint-Flour». | 
         
       
      La route aboutit au pied de la Planèze qui supporte de belle  manière la ville haute de Saint-Flour. La cité est en effet perchée, nous indique  précisément le Guide Bleu, sur «un promontoire dont les escarpements  basaltiques dominent de 100 m à pic la vallée de l’Ander». Agglomération  secondaire dans les temps gallo-romains, «la montagne d’Indiciac ne  compte que quelques maisons autour d’une petite église abritant les reliques de  saint Florus» au Xe siècle, nous dit Wikipédia. Au début du XIVe  siècle, Saint-Flour, désormais fortifiée, devient le siège de l’évêché de la  Haute-Auvergne. La R.N.9 historique, qui ne pénètre pas dans le centre de la  ville s’échappe de Saint-Flour par un long faubourg situé au pied de la vieille  ville. Au XVIIIe siècle, sur le tronçon qui va jusqu’à La Garde, aux frontières  de la Lozère, les travaux principaux sont achevés en 1748, indique Franck  Imbertis. Peu après le Pirou, la route débouche juste au dessus des gorges de  la Truyère. La nationale franchit la rivière un peu en contrebas d'un  magnifique viaduc de chemin de fer (Garabit) réalisé par l'ingénieur Gustave  Eiffel (celui de la tour parisienne!) entre 1882 et 1884. Peint depuis plusieurs  années avec une magnifique mais bien étrange couleur rose, il comporte une  arche centrale en métal de 165 m située à 123 m au dessus des flots. L'endroit  est, bien évidemment, très touristique en été. L’ancien pont sur la Truyère, du  XVIIIe siècle, n’est plus. En 1848, raconte Georges Reverdy dans Les routes  de France du XIXe siècle, «un projet de nouvelle route entre le pont de  Garabit et le pont de Démentit par La Garde, Saint-Chély et Aumont suivant la  vallée de l’Arcomie n’aboutit pas». 
      
        
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          | Plaque de cocher de la R.N.9 dans la ville basse de Saint-Flour
            (photo: Marc Verney, avril 2008). | 
         
       
       
      
        
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          | A 
            gauche, le viaduc de Garabit. En médaillon, une borne de pierre 
            située à côté du Pirou indique "Garaby". 
            Les lettres, les chiffres et symboles ont été repeints 
            de la même couleur que le viaduc... A droite, cette signalisation 
            imposante se retrouve dans une rue de Saint-Chély-d'Apcher (photos: 
            Marc Verney, avril 2008). | 
         
       
      L'ancienne place forte de Saint-Chély d'Apcher est la  première cité de Lozère que nous traversons. En lisant l’ouvrage Du Gévaudan  à la Lozère, on apprend que «la Lozère est considérée comme le château  d’eau de l’Hexagone». D’ailleurs, «les députés de la Constituante en  1790, ont failli attribuer à la nouvelle entité territoriale issue du Gévaudan  le nom de département des Sources»! On est sur un plateau à environ 1000 m  d'altitude. C'est peu de dire que le fond de l'air peut y être frais… même en  plein été! La cité de Saint-Chély-d’Apcher, nous dit encore le livre de  Jean-Paul Mazot, est la «seule et unique ville de Lozère à avoir le  qualificatif de cité ouvrière» car c’est là, qu’en 1917, s’installe une  vaste usine électrochimique. En 1959, 900 salariés y produisent des tôles au  silicium. Le site de la mairie nous explique l’origine du nom des habitants,  les Barrabans: «En 1362, pendant la guerre de Cent Ans, alors que des bandes  de pillards routiers attaquent la ville par le Nord, les habitants du pays se  lancent à leur poursuite en poussant leur cri de guerre: "D’apcher  Notre-Dame–Barres en avant"»… Ces malfaisants, surtout d’origine anglaise,  ont été enterrés au lieu-dit la Croix-des-Anglais, situé au nord de la ville,  le long de la D809. Au sud de la ville, c’est la R.N.107 (en 1959) qui  s’extrait de la route d’Espagne pour aller en direction de Nîmes. Une chaussée,  nous dit Wikisara, qui existait «déjà depuis l'époque des dragonnades»  à la fin du XVIIe siècle. 
      Au sud de Saint-Chély, vers Pont-Archat, on note de nettes  divergences de la route du XIXe siècle visible sur la carte d’état-major  publiée sur le site Géoportail de l’IGN par rapport à la rectiligne D809  d’aujourd’hui. Des détours amusants qui vont dès lors se multiplier sur notre  chemin… Après dix kilomètres, la chaussée atteint Aumont-Aubrac par la route  d’Auvergne. Le bourg est formé autour  d’un prieuré fondé par les barons de Peyre vers l’an 1000. C’est aussi un  carrefour de chaussées antiques. S’y croisaient, nous dit Wikipédia, les  «voies d'Auvergne et de Lyon-Toulouse». En effet, en feuilletant le site Géoportail de l’IGN, on constate que la R.N.9 historique croise, un peu  au sud d’Aumont, une «voie romaine» au nord du hameau de la Croix. On  quitte Aumont-Aubrac par la route du Languedoc. Plus loin, les cartes  numérisées de l’IGN nous montrent encore d’anciens tracés peu après la  Baraque-de-Romagers. Après Couffinet, la route du XVIIIe publiée sur le Géoportail grimpait en altitude grâce à quelques lacets alors que la carte d’état-major du  XIXe siècle montre la chaussée Paris-Espagne faisant une large boucle par  l’ouest. Onze kilomètres au sud d'Aumont-Aubrac, nous tombons sur une section  totalement préservée de l'ancienne N9 historique (qui porte aujourd’hui le  n°253) alors que la D809 passe plus au sud. Entre Combettes, le Moulinet et la  Rouvière, le long du vallon de l'Enfer, voilà quasiment quatre à cinq  kilomètres de vieux bitume, bien illustré par une floraison Michelin qui ne  peut que réjouir les amateurs. Les travaux d’aménagement de cette ancienne  chaussée, «entre les Combettes et Marvejols, écrit Georges Reverdy, dans Les routes de France du XIXe siècle, ne sont terminés qu’après avoir  été adjugés en 1838 au sieur Rigal de La Canourgue». 
      
        
           
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          "BITUME NOSTALGIA" SUR LA N9...  
                    Dans ce petit coin de Lozère, voilà toute une 
              portion entière de la route nationale 9 qui a été 
              déviée. Du coup, quand on emprunte l'itinéraire 
          initial, on a un petit choc... Tout est comme avant! (lire) | 
         
       
      Marvejols, un peu plus loin, se visite rapidement. L'ancienne place forte conserve, de son enceinte fortifiée, de belles portes du  XIVe siècle. «Capitale administrative des terres du roi de France en  Gévaudan lors du Moyen Age, lit-on dans un article du Midi Libre, la  cité fut ensuite détruite pendant les guerres de religion, et prit alors le  parti de Henri de Navarre, futur Henri IV. Celui-ci aida financièrement à la  reconstruction de la ville, qui lui garde un grand respect». «C’est une  «petite ville bien bâtie», nous confie le Guide Vert Michelin Auvergne de janvier 1957, qui «vit de ses textiles, de ses cuirs et de ses foires»  et dont la traverse intérieure, particulièrement difficile, a été abandonnée en  1830. De fait, la promenade dans les étroites rues anciennes est bien agréable.  La route de Millau, qui se trouve à 77 km, descend désormais la vallée de la  Colagne. Ici, nous raconte à nouveau Georges Reverdy dans Les routes de  France du XIXe siècle, «la construction de la route entre Marvejols et  La Mothe par les vallées de la Colagne et du Lot donna lieu au maximum de  discussions et de difficultés». On choisit, en 1836 de réaliser une  nouvelle chaussée sur les rives des deux rivières alors que la carte de Cassini  (XVIIIe) montre un chemin qui rejoint Montjézieu par les hauteurs (un tracé  proche de l’A75 actuelle!). Les travaux sont menés jusqu’au milieu du XIXe  siècle. Après avoir traversé Chirac, le Monastier-en-Gévaudan, nous voici aux  Ajustons où se trouve le confluent du Lot et de la Colagne. Notre voie  Paris-Languedoc y croise l’embranchement de la R.N.88 vers Mende. Plus loin, la  R.N.9 historique franchit d'ailleurs le Lot à la Mothe. Par ici, dit le Guide  Bleu de la France automobile, «la végétation et les cultures font le  paysage le plus riant. Défilé dominé à gauche, par le hameau et les ruines du  château de Montferrand et la falaise du causse de Sauveterre». On s’y  trouve également au niveau du croisement avec la partie sud de la N88  historique (auj. D988) filant vers Rodez. Dans un paysage absolument splendide,  la route poursuit son chemin vers Sévérac-le-Château. Il est intéressant de  noter, qu’au delà du Mazet, à côté de Banassac, Cassini, au XVIIIe siècle,  n’indique aucune voie en direction du sud. On retrouve Georges Reverdy, cette  fois dans l’Histoire des routes de France, du Moyen Age à la Révolution,  qui nous explique, qu’à la fin du XVIIIe siècle, «il restait à traverser le  Rouergue par Sévérac jusqu’à Millau». Un tracé longuement débattu au fil du  temps. On attendra donc là aussi le milieu du XIXe pour voir une route  carrossable en ces contrées. Du coup, indique Franck Imberdis dans Le réseau  routier de l’Auvergne au XVIIIe siècle, «les relations entre Clermont  et Montpellier continuèrent à s’effectuer par l’itinéraire Mende (ou Marvejols)-Anduze à peine  rectifié par endroit». 
      
        
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          R.N.88, 
            AUTAN EN EMPORTE LE VAN  
                  La longue route historique de Lyon à Toulouse sillonne le Massif Central. A côté de la 4 voies, de jolis lacets charment le voyageur!  (Lire) | 
         
       
      
       
      
        
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          | En direction de Millau 
            (photo: Marc Verney, octobre 2013). | 
         
       
      Ce sont donc les bien beaux lacets du XIXe qui font monter  brusquement le bitume sur le causse de Sévérac, à plus de 800 m d’altitude où  la route porte provisoirement l’incongru n°267. Notre voie entre maintenant dans  l’Aveyron. Une longue descente fait revenir la route à Sévérac. Pour Georges  Reverdy, dans Les routes de France du XIXe siècle, de petits travaux,  menés sous l’Empire vers la côte d’Auberoque font craindre aux habitants de  Sévérac «de voir la route s’écarter de l’agglomération». «La butte de  Sévérac, nous explique le site severaclechateau.fr, est occupée  depuis la lointaine préhistoire. Culminant à 817 m d’altitude, elle offre non  seulement un magnifique panorama sur la plaine où l’Aveyron prend sa source,  mais permet aussi de voir arriver l’ennemi de loin; c’est sans doute pour cette  raison, ainsi pour sa situation géographique privilégiée du point de vue du  commerce, qu’une place forte y est érigée à l’antiquité». Le lieu,  aujourd’hui dominé par un vaste château du Moyen Age a été bien remodelé par de  récents travaux routiers. L'autoroute A75, qui poursuit sa percée vers le Sud  s'y voit rejoindre par la nouvelle N88 (ancienne N595) transformée ici en voie  rapide à quatre voies. A la sortie de Sévérac, la route contourne la butte où  se trouve Notre-Dame de Lorette puis suit la vallée du Verlenque. Le tracé  actuel est quasiment identique à celui de la chaussée du XIXe jusqu’à la  Baraque-de-la-Combe. Puis, arrivés au lieu-dit de la Barraque de les Parets, on  remarque, sur la carte d’état-major du XIXe siècle publiée par le Géoportail,  la grosse rectification de la côte de la Graillerie, qui fit, nous écrit George  Reverdy, «l’objet d’un projet présenté le 14 octobre 1834 et approuvé le 24  novembre». Le tracé, qui serpente entre le col de Les Parets et le pont de  la Graillerie fut préféré à un autre, passant par Lugagnac, pourtant «demandé  par Millau». Dans le coin, la construction du gigantesque viaduc de l’A75 a  définitivement relégué dans l'oubli les derniers kilomètres de la N9 autour de  la sous-préfecture de l'Aveyron. Et ce n’est pas plus mal pour l’amateur de  vieux bitume, on roule tranquille… 
      
        
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          | Ancienne plaque indicatrice à la sortie sud de Millau
            (photo: Marc Verney, octobre 2013). | 
         
       
      En 1959, la nationale historique rejoint Millau par  Aguessac. C’est là que la route «rencontre» le Tarn. Voilà donc Millau, au  milieu d'un bassin, sur la rive gauche du Tarn «que dominent, nous décrit le Guide Bleu 1954, les grandes falaises du causse du Larzac et du causse  Noir». Rien à dire, le spectacle est saisissant. Condatomagos, (ou  «marché du confluent» en gaulois), nous raconte le site millau-patrimoine.fr,  est «un important lieu de production de céramiques sigillées aux Ier et IIe  siècles de notre ère, implanté sur un sanctuaire gaulois. Le site initial est  situé à la confluence du Tarn et de la Dourbie, au pied des causses. Une voie  romaine les traverse en partie, entre Massif Central et Languedoc, reliant  Rodez, le chef lieu de la cité des Rutènes, à Saint-Thibéry où s’effectue la  jonction avec la voie Domitienne». Millau apparaît bien plus tard, aux  Xe-XIe siècles, la ville ignore tout de l’occupation antique. De son côté, Amilhau s’installe donc sur la rive droite du Tarn, dans une de ses boucles, autour de  la fondation du monastère et de l’église Notre-Dame de l’Espinasse. La ville  est fortifiée au IXe siècle. Entre le XIe et le XIIIe siècle, la cité passe  successivement sous domination des comtes de Provence, de Barcelone, des rois  d'Aragon et (enfin!) des rois de France en 1271. Lors de la guerre de Cent Ans,  la ville passe sous domination anglaise. Lors du retour à la paix au XVe  siècle, Louis XI rattache définitivement Millau à la couronne de France en  1476. Aux foires de l'époque, nous dit millau-patrimoine.fr, «se  négocient des fruits, du sel, des chaudrons, des draps, mais aussi du bétail,  des peaux, de la laine, produits de l’activité agropastorale des causses  alentours». Au XVIIIe siècle, l’intendant Charles Lescalopier transforme en  cours les fossés des anciennes fortifications, ce qui améliore la circulation;  l’un d'eux, au sud, est planté d’arbres et agrémenté de bancs. Au XIXe siècle,  un banquier, Achille Villa, devient maire de Millau de 1855 à 1865. Sous son  impulsion, la ville se développe et s'embellit: installation de l'éclairage au  gaz, création du parc de la Victoire, arrivée du train, réalisation de  nouvelles voies, dont l'avenue Gambetta, nous annonce le site vivreaupays.pro.  Au début du XXe siècle, Millau est la capitale française de la ganterie: on y  produit chaque année plus de 1,5 million de paires de gants grâce à l’activité  de 1200 gantiers et de 1500 gantières. 
      Mais le plus grand atout de Millau, au fil des années, c’est  son pont sur le Tarn, un des rares points de franchissement de la rivière. «Le  plus ancien document que l'on connaisse au sujet du pont Vieux, raconte le  site millau-patrimoine.fr, est une charte de 1156 par laquelle le  comte de Barcelone Raymond IV et son neveu le comte de Millau,  Raymond-Béranger, accordent à l’abbé de Sylvanès, Guiraud (1144-1161),  l'exemption de tous droits de péage "tant à Millau que sur le  pont"». Plusieurs fois détruit et reconstruit au Moyen Age et sous  l’Ancien Régime, le pont est définitivement emporté par une crue du Tarn en  janvier 1758; ne restent aujourd’hui que deux arches et le moulin (un point de  vue charmant). Le pont Lerouge, un nouvel ouvrage, approuvé par ordonnance  royale le 25 mars 1818 est bâti non loin du précédent à partir de juin de la  même année, voit-on sur le site patrimoines.midipyrenees.fr. Ce  nouveau franchissement est ouvert à la circulation en janvier 1821. On y  perçoit un droit de péage jusqu'en 1875. On l’élargit en novembre 1937 pour que  les véhicules puissent s'y croiser confortablement et les piétons circuler sur  ses trottoirs. Notre chemin escalade désormais le rebord du causse du Larzac…  (à suivre) 
      Marc Verney, Sur ma route, mars 2015 
       
      
        
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          | Le pont Vieux de Millau avait 17 arches sur le Tarn. Il n'en reste que deux
            (photo: Marc Verney, octobre 2013). | 
         
       
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