Panneau Michelin de la départementale 198 à Kerners (photo: MV, décembre 2023).
Vers la pointe de Kerners (photo: MV, décembre 2023).
Panneau touristique Michelin à Saint-Gildas-du-Rhuis (photo: MV, décembre 2023).
Carte de Bretagne au château de Suscinio. Le nord est en bas (photo: MV, décembre 2023).

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Détail amusant sur une maison à colombage de Vannes (photo: MV, décembre 2023).
Indication Michelin pour le tumulus de Gavrini à Larmor-Baden (photo: MV, décembre 2023).
Un rescapé vers les alignements de Carnac (photo: MV, décembre 2023).
Flèche Michelin dans Carnac-Bourg (photo: MV, décembre 2023).
Un autre Michelin à Carnac-Bourg situé en face du précédent (photo: MV, décembre 2023).

CONSTITUTION DU GOLFE DU MORBIHAN Le golfe du Morbihan, long de 20 km et large de 15 km, est une mer intérieure couvrant une centaine de kilomètres carrés (le mot breton Mor bihan, signifie «petite mer»). Son origine géologique remonte à l'ère quaternaire, à la suite des cycles de glaciation, au moment où les rivières d'Auray, du Vincin, du Marle et de la rivière de Noyalo ont creusé un profond estuaire pour rejoindre l'océan qui s'était retiré plus loin. Quand le dégel est intervenu, le golfe était constitué de marais dont le fond s'est affaissé il y a quelques millénaires et finalement envahi par l'océan. Cette évolution explique également que, depuis cette époque, de nombreux mégalithes se retrouvent sous l'eau à marée haute, tel le cromlec'h de l'île Er Lannic. Le golfe est parsemé de nombreuses îles (de 30 à 40 selon les décomptes) et îlots, les anciennes collines de la région. Un tiers de sa surface (environ 40 km2) est constitué de vasières découvertes à marée basse. Le golfe est séparé de la baie de Quiberon, partie occidentale de Mor braz, dans l'Atlantique, par la presqu'île de Rhuys et ne communique avec l'océan que par un goulet d'un kilomètre de large entre les pointes de Port-Navalo et de Kerpenhir.


Borne Michelin à la sortie de Carnac-Bourg en direction de La Trinité-sur-Mer (photo: MV, décembre 2023).


Les belles régions françaises...
MORBIHAN: UN TOUR AU GOLFE
Le golfe du Morbihan, allez, c’est dit… c’est la «Côte d’Azur» bretonne… Au sud de Vannes, mille îlots parsèment une étendue liquide enserrée entre deux presqu’îles aux contours tourmentés. Marée basse, marée haute… l’œil s’éblouit de couleurs et de sensations au fil des randonnées autour de la «petite mer». Je vous propose de faire le tour en images de cette région forte en émotions, très touristique l’été venu… D’ailleurs, le golfe fait partie du club très fermé -fondé en 1997- des «plus belles baies du monde». Bien sûr, nous n’oublions pas la vocation première du site Sur ma route, qui est, notamment, de documenter les anciennes signalisations...

A Port-Navalo (photo: Marc Verney, décembre 2023). En cliquant sur l'image vous allez au pays bigouden.

Notre voyage débute à Port-Navalo, placé à l’embouchure du golfe du Morbihan, tout au bout de la Presqu’île de Rhuys. Le spectacle est grandiose, là se rejoignent le Mor Braz (la «grande mer») et le golfe du Morbihan (la «petite mer»). Un tour à la pointe de Bilgroix s’avère tout à fait nécessaire pour admirer la féerie des eaux qui s’entremêlent. Port-Navalo est un ancien port de pêche côtière. C’est ici, nous dit le Guide du Routard Bretagne-Sud, qu’était basée «au XIXe siècle, l’importante flotte de bricks et goélettes de transport d’Arzon». Un premier phare, qui date de 1840, est édifié sur les hauteurs du petit port. Le feu actuel, «mis en activité en 1895, est établi sur une tour cylindrique de 19 mètres», lit-on sur la page Wikipédia qui lui est consacrée. Une jolie promenade en fait le tour. Par la suite, on rejoint Arzon par la rue Centrale, ancien tracé de la R.N.780 historique, créée en 1933, qui reliait Port-Navalo à Vannes. Entre Port-Navalo et Arzon, elle est issue du chemin vicinal d'intérêt commun n° 98 (IC98), précise Wikisara. «La paroisse d'Arzon devait exister au VIe siècle, raconte bretagnesite.com, puisque saint Gildas y venait en procession avec ses moines, à l'endroit appelé aujourd'hui Crouesty». Un endroit que le saint ne reconnaîtrait plus de nos jours puisque le Port-du-Crouesty est le plus grand port de plaisance de Bretagne, avec plus de 1400 bateaux amarrés… Nous suivons, pour notre part, la départementale 198, qui nous emmène en direction de Kerners, où l’on peut admirer la chapelle Saint-Nicolas, joliment entourée de pins, ce qui donne au lieu un petit air provençal, dit le Guide du Routard Bretagne-Sud (il y a même un boulodrome). Bon, nous n’avons pas été totalement «transportés» du côté de Marseille… mais nous avons apprécié les nombreux panneaux Michelin qui survivent encore au sein du bourg.

Vue sur le golfe du Morbihan depuis la pointe de Bilgroix (photo: Marc Verney, décembre 2023).
Belle brochette de panneaux Michelins à Kerners (photo: Marc Verney, décembre 2023).

A quelques encablures, voilà le moulin à marée de Penn-Castel. C’est l’un des mieux conservés en Bretagne: même si les bâtiments actuels datent du XVIIe siècle, il existe depuis au moins depuis le XIIe siècle. L'endroit fonctionnait donc autrefois «avec la marée, dit le site morbihan.com. Des vannes dissimulées par la chaussée amenaient l'eau retenue dans l'étang à se déverser sur les roues situées au sous-sol du bâtiment». Classé en 1933, le moulin fut un restaurant célèbre dans les années 1950 et 1960. Depuis le Net, on peut remonter au nord vers le charmant port du Logéo. «Avant 1789, relève l'Association de sauvegarde du Logeo (aslogeo.org), les gabares de Rhuys y déchargeaient les marchandises des voiliers qui mouillaient dans la baie à l’abri des vents d’ouest. Les produits chargés étaient essentiellement du vin, de la fine de Rhuys, du bois et du sel. À l’époque cinq douaniers étaient chargés du poste des douanes». En 1896, on construit la grande cale actuelle, et le vapeur de 16 tonneaux Ville de Vannes, construit en 1894 à Kingston (Royaume-Uni), pouvait y accoster. On redescend maintenant dans le sud de la presqu’île en direction de Saint-Gildas-de-Rhuys. La commune s'est d'abord nommée Saint-Gildas, du nom de Gildas (Gweltas), un moine venu d'outre-Manche vers 536 et qui y a fondé un monastère. Bientôt ravagé par les raids vikings, le monastère renaît de ses cendres: en 1008, un groupe de moines venus de l'abbaye de Fleury relève ou reconstruit totalement les bâtiments. Mais les moines ne sont pas disciplinés: selon le philosophe Abélard, qui devient l’abbé de Rhuys en 1125 (après sa célèbre aventure avec Héloïse), ils «étaient cruels et sans frein dans leur licence»… Aujourd’hui, on peut visiter l’abbatiale et ses chapiteaux romans, une rareté dans la région. Sur la côte, on retrouve le sentier GR34 et la pointe du Grand-Mont. La zigzagante D198 nous ramène vers Sarzeau. Le bourg, nous conte le Guide du Routard Bretagne-Sud, est «né de la volonté des ducs de Bretagne de créer un contre-pouvoir à la puissance monastique de Saint-Gildas». De fait, voilà l’une des attractions majeures de ce mini road trip breton: le château de Suscinio. Après un premier manoir édifié entre 1213 et 1237, par Pierre de Dreux, un projet de bâtiment plus conséquent apparaît vers 1240. Le château est à son apogée aux XIVe et XVe siècles alors que les ducs de Bretagne aiment à chasser dans la forêt adossée au domaine. En 1599, une violente tempête emporte toitures et cheminées (Wikipédia). Prosper Mérimée visite les ruines du château en 1835 et parvient à le faire classer dès 1840 sur la première liste des monuments historiques. Suscinio, désormais en ruine, est acquis en 1965 par le département du Morbihan qui y mène d’imposants travaux de restauration.

Dans le centre de Saint-Gildas-de-Rhuys (photo: Marc Verney, décembre 2023).
Le prestigieux château de Suscinio, peu à peu restauré par le Conseil départemental du Morbihan (photo: Marc Verney, décembre 2023).

On remonte vers Vannes par la départementale 780 (ex-R.N.780). L’ancienne chaussée de cette petite route nationale traversait les villages de Saint-Armel et de Noyalo. Au Pont-de-Noyalo, la R.N.780 historique passait sur une digue du XIXe siècle jouxtant un moulin à marée (de 1830) placé sur le ruisseau du Plessis. Au Poteau-Rouge, on emprunte la R.N.165 multivoies jusqu’à Vannes. A la sortie pour le Poulfanc, on peut suivre la direction de la presqu’île de Séné. Ce petit morceau de terre qui pointe «en forme d’hameçon» au sud de Vannes est attachant à plusieurs titres: l’est, marécageux, avec d’anciennes salines, s’ouvre sur une réserve naturelle de 530 ha créée en 1966 idéale pour admirer des milliers d’oiseaux migrateurs (des sentiers balisés –avec observatoires- parcourent le site). Au sud de la presqu’île, voilà les pointes du Bill ou du Passage, qui offrent de magnifiques promenades le long des rives du golfe. Dans le coin, lit-on sur le site vannes-bretagne-sud.bzh, l’anse du Mancel était un espace très animé au XIXe siècle: elle abritait une communauté unique d’éleveurs, de paludiers et de douaniers. «Au cours des années 1830, l’anse est asséchée pour être convertie en terres agricoles. Une digue, appelée le  "Grand Pont", a été renforcée entre la presqu’île de la Villeneuve, située au passage de Saint-Armel, et la pointe du Bill à Moustérian. En 1925, une tempête a ouvert une brèche de 20 mètres dans la digue, qui a finalement été entièrement détruite en 1937 par une seconde tempête. La destruction des digues a entraîné la disparition des polders, qui ont été envahis à nouveau par la mer». Tout à l’ouest de la presqu’île de Séné, on trouve Port-Anna, où mouillent des sinagots, ces embarcations à voiles rouges typiques du Morbihan et dont l’usage était la drague des huîtres. On peut maintenant partir en direction de Vannes, chef-lieu du Morbihan et magnifique cité «d’art et d’histoire», héritière du peuple gaulois des Vénètes, soumis par César en 56 avant JC… «Fondée à la fin du Ier siècle avant JC, précise le site mairie-vannes.fr, la ville gallo-romaine s’étend sur la colline de Boismoreau, dominant un site de ria». En contrebas de la celle-ci, un port favorise son activité commerciale. A la fin du IIIe siècle, un site fortifié est bâti sur la colline voisine du Mené. Au Ve siècle, Vannes est le siège d’un évêché. La cité se développe et délaisse la colline de Boismoreau, site primitif de la ville gallo-romaine. Aux XIIe et XIIIe siècles, poursuit le site municipal, «l’ouverture de chantiers témoigne du renouveau urbain: reconstruction de la cathédrale, édification de la cohue (halle de commerce), entretien des remparts. Un réseau viaire est désormais bien structuré autour de ces édifices majeurs». A la fin du Moyen Age, Vannes est une des principales villes de Bretagne: l’enceinte urbaine passe de cinq à dix hectares et la cité s’étend vers le quartier du port. En 1485, le duc François II crée à Vannes le premier Parlement de Bretagne. C'est également là, en août 1532, que François Ier rencontre les parlementaires bretons pour décider d'un traité d'union perpétuelle entre France et Bretagne, ratifié quelques mois plus tard au château de Plessis-Macé en Anjou. Entre 1675 et 1689, l’exil du Parlement de Bretagne, qui doit quitter Rennes pour Vannes, donne l’impulsion à de nouvelles constructions, dit encore mairie-vannes.fr. Principal problème au XVIIIe siècle, l’envasement du port qui oblige la construction d’une écluse de chasse et l’aménagement de nouveaux quais. L’arrivée du chemin de fer en 1862 entraîne l’urbanisation des faubourgs; puis deux régiments d'artillerie s'y établissent après 1870. De petites industries et lotissements s’étendent à proximité de la gare, puis aux quartiers ouest. Peu touchée par la Deuxième Guerre mondiale, Vannes, bâtie en amphithéâtre au fond du golfe du Morbihan, s'étend encore dans les années 1960-70 avec la création de grands ensembles (ZUP) à Kercado et Ménimur. Parallèlement, l’aménagement de la rocade nord (R.N.165) modifie fortement sa structure.

Maisons à pans de bois dans le vieux centre-ville de Vannes (photo: Marc Verney, décembre 2023).

A VOIR, A FAIRE Une étape de choix: la ville de Vannes compte 272 monuments et objets classés ou inscrits aux monuments historiques! Tout d'abord, avec près des trois-quarts de ses remparts préservés, la muraille défensive de Vannes (bâtie du IIIe au XVIIe siècle) est une des mieux conservées de Bretagne malgré la destruction de plusieurs segments au XIXe siècle. En 1912, la porte Prison est classée au titre des monuments historiques, bientôt suivie par l'ensemble du patrimoine militaire. A partir de 1950, la mairie crée un jardin à la française au pied de la partie orientale de la muraille laissée jusqu'alors en friche. Principale entrée de la vieille ville de Vannes, il faut débuter la visite par la porte Saint-Vincent, qui donne sur le port, et ensuite remonter la rue Saint-Vincent. Le chef-lieu du Morbihan possède un important patrimoine de près de 220 maisons à pans de bois, parmi celles-ci, à l'angle des rues Noé et Pierre-René Rogue, une demeure porte l'un des emblèmes de la ville: l'enseigne Vannes et sa femme, surmontée des bustes d'un couple en pierre peinte. Deux musées à ne pas négliger, le musée des Beaux-Arts (la Cohue) et le fameux tableau d'Eugène Delacroix, le Christ sur la croix, le musée d'Histoire et d'Archéologie situé dans Château-Gaillard (en travaux en 2024). A voir également, la cathédrale Saint-Pierre de Vannes, l'église Saint-Patern, la chapelle Saint-Yves. Promenades sur le port de plaisance.

Le mignon Port-Anna tout au au bout de la presqu'île de Séné (photo: Marc Verney, décembre 2023).

Notre tour du golfe du Morbihan se poursuit en direction d’Arradon et de la pointe du même nom. Notre itinéraire, la D101, suit en partie le tracé d’une voie antique qui desservait Locmariaquer. On passe le Vincin sur un pont du XIXe siècle en pierres de taille (granite) et moellons. Nous voici sur la «route de la côte du Vincin». En face de l’Île-aux-Moines et de l’île d’Arz, voilà Arradon et sa pointe rocheuse qui montre le bout de son nez au milieu des eaux du golfe. Le bourg, caché au milieu des terres, est resté longtemps une commune rurale avec son paysage de bocage et un habitat rural dispersé. Malgré quelques villae agricoles construites à l'époque gallo-romaine, le bord de mer n'est devenu très recherché qu'à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, notamment au niveau de la Pointe d'Arradon. En 1882, lit-on sur la page Wikipédia du village, «la commune d'Arradon demande la création d'une jetée pour permettre aux bateaux à vapeur d'y accoster, ce qui n'était pas possible jusque-là. Des travaux destinés à améliorer la cale dite de "La Carrière" sont effectués à plusieurs reprises dans les premières années du XXe siècle, principalement pour y faciliter l'accostage des bateaux de la Compagnie vannetaise de navigation qui, "pendant la belle saison y transporte chaque année de nombreux touristes"». La même page relate ce témoignage datant de 1912 qui permet de se rendre compte de l'état des routes à l'époque: «Deux routes s'offrent pour rejoindre la pointe d'Arradon (...). Elles se réunissent au-dessous du bourg d'Arradon, au village de Poulmare. Dès le commencement de l'hiver, la première devient impraticable pour les autos (...) si bien que je passe le plus souvent par la route d'Auray. (...) De Poulmare à la pointe, ce n'est plus qu'une fondrière, ayant des ornières de 20 à 30 centimètres, tant et si bien que je vais être obligé de louer une remise au bourg si je ne veux pas mettre mon auto en pièces». Quant à la pointe d’Arradon, ce fut, avant d’être un lieu touristique majeur, une carrière de pierre. «Une partie des pierres de la cathédrale de Vannes vient de là. Ainsi que de la pointe du Trec'h, à l'Île-aux-Moines, qui se trouve juste en face. Il s'agit en fait de la même veine de pierre : un granite très fin, facile à travailler. L'exploitation de la carrière d'Arradon s'est achevée en 1914», dit Alfred Groleau dans l'article «Le port d'Arradon, un lieu de vie et d'histoire», publié en avril 2013 dans le quotidien Ouest-France. Par le Moustoir, la D101 prend la direction de Baden. Au niveau du moulin à marée de Pomper, édifice appartenant au duc Jean V en 1430, on peut emprunter la D116 jusqu’à Larmor-Baden. C’est de ce village que partent des bateaux desservant l’île de Gavrinis, où l’on trouve l’émouvante «chapelle Sixtine du Néolithique», un cairn funéraire de plus de 6000 ans aux dimensions impressionnantes: haut de huit mètres pour un diamètre de cinquante mètres, il est traversé par un couloir de quatorze mètres de long conduisant à la chambre funéraire. Et 24 des 29 dalles de granit qui composent ce couloir sont gravées de spirales, de demi-cercles concentriques… autant de compositions énigmatiques et dont le message est encore non élucidé de nos jours…

Vers le pointe d'Arradon (photo: Marc Verney, décembre 2023).
Paysage de mer à la pointe d'Arradon (photo: Marc Verney, décembre 2023).

De retour sur la D101, notre promenade nous fait remonter le long de la rivière Auray jusqu’au port du Bono. Positionné sur la Sal, un affluent de l’Auray, ce havre «croquignolet» recèle une pépite aux yeux de l’auteur du site Sur ma route, un vieux pont suspendu de 1840 qui a supporté la circulation de la départementale 101 jusqu’en 1969 et l’inauguration du pont Joseph-le-Brix. Jusqu’au XIXe siècle, il n’y avait ici qu’un passeur qui emmenait les habitants de Baden aux marchés d’Auray. Un premier plan, lit-on sur les panneaux explicatifs (archives départementales du Morbihan) apposés aux abord de l’ouvrage, «est présenté le 25 août 1835 par M. Laurent, ingénieur des ponts et chaussées, au Conseil municipal d’Auray». Le 22 mai 1837, «une ordonnance de Louis Philippe approuve le projet comportant une subvention de 10 000 francs et la mise en place d’un droit de péage», découvre-t-on sur le site lebono.fr. Mais le pont, mis en service en 1840, s’avère «peu rentable faute de chemins valables», poursuit le site municipal. C'est vraiment ballot, «il n’existe pas de route permettant aux chariots, charrettes, voitures d’emprunter le pont pour se rendre à Auray»... Le classement du chemin qui y conduit ne sera fait qu’en 1849! Fragilisé par les tempêtes, il est, de plus extrêmement vulnérable aux ravages du temps en raison d’un tablier en bois nécessitant «beaucoup d’entretien». Totalement rénové en 1870, il est encore renforcé en 1925, afin de faire face aux exigences de la circulation automobile naissante: 50 voitures par jour… En 1965, on refait le platelage et on limite la charge maximum autorisée à quatre tonnes… Réparé en 2005, il est désormais totalement interdit aux voitures et c’est un bonheur d’en fouler les vieilles planches au dessus de la Sal… «Cet ouvrage, âgé de plus de 170 ans, est l’un des deux derniers représentants de ce type en France», conclut lebono.fr. A quelques minutes de là, voici la ville d’Auray et son formidable quartier Saint-Goustan.

Le vieux pont suspendu du Bono, un délice pour les piétons (photo: Marc Verney, décembre 2023).
Panneau Michelin dans le centre d'Auray (photo: Marc Verney, décembre 2023).
Le quartier Saint-Goustan et son vieux pont (photo: Marc Verney, décembre 2023).

Le port de Saint-Goustan, en contrebas de la ville d’Auray, a été, aux XVIe et XVIIe siècles, «le troisième de Bretagne par le trafic», nous dit le Guide du Routard Bretagne-Sud. A l’époque, la ville d'Auray, raconte la page Wikipédia du port, «importe du vin, du sel, du cuir, du fer et de l'acier de Biscaye. En retour, elle exporte du froment, du seigle, de l'avoine, du beurre, de la viande, du poisson, du drap et de la toile. Le pays d'Auray est, à l'époque, un producteur excédentaire de céréales». Jouxtant la jolie place Saint-Sauveur, le quai Benjamin-Franklin, œuvre du XVIIe siècle, porte maintenant ce nom en hommage au célèbre diplomate, physicien et ingénieur qui débarque à Auray, le 4 décembre 1776, pour appeler les Français à soutenir les Américains dans leur guerre d'indépendance. En effet, des vents contraires ont empêché son navire de remonter jusqu'à Nantes. On peut remonter vers le centre-ville par le «pont Neuf» et la rue du Château. La première mention d’un ouvrage en pierre permettant de traverser le Loc’h (autre nom de la rivière d’Auray) remonte au XIIIe siècle. «Jusqu’au XIXe siècle, écrit la ville d’Auray sur les panneaux explicatifs installés sur les rebords de la structure, ce pont est un ouvrage essentiel pour le réseau routier de la Bretagne sud. Les diligences de Vannes empruntent la rue Neuve, franchissent le pont et remontent la rue Pavée (actuelle rue Philippe-Vannier) pour gagner la place de la Mairie». Enjeu politique aussi, lit-on sur ces panneaux: en 1795, «les chouans et les républicains vont s’affronter pour son contrôle». L'un des leaders chouans, partisans du retour de la royauté, Georges Cadoudal, est d'ailleurs natif de Brec'h, à côté d'Auray. Au sortir d’Auray, nous empruntons désormais –vers le sud- l’ancienne R.N.168 (D768), «de Quiberon à Saint-Malo par Pontivy», dont les travaux du XIXe ont été réalisés de 1839 à 1846 vers Kergroix et Plouharnel (Wikisara). Mais ce qui nous amène vers Carnac, par la départementale 119, ce sont les incroyables alignements mégalithiques connus dans le monde entier… marqueurs indélébiles dans le paysage d’une civilisation vieille de 6000 ans. Il y a, sur la commune, quatre alignements distincts qui s’allongent sur quatre kilomètres. L’œil, ahuri, glisse sur les milliers de pierres, fichées dans le sol… Pourquoi, comment? Voilà les questions qui s’imposent immédiatement au visiteur. Une visite à la maison des Mégalithes, proche des alignements du Ménec, offre un début de réponse! Mais attention, si la visite est libre d’octobre à mars, les dégradations liées au tourisme de masse imposent des limitations lorsque l’été survient… Mais notre préféré est l’alignement de Kermario…

A VOIR, A FAIRE Il n’y a pas que les alignements de menhirs (Ménec, Kermario, Kerlescan…), mais aussi le cairn de Kercado, le géant du Manio (un menhir de 6 m), le tumulus Saint-Michel (table d’orientation)… En été, cinq plages accueillent les baigneurs.

Les fameux alignements de Carnac (photo: Marc Verney, décembre 2023).

De Carnac, nous prenons la direction de l’est par l’ancienne R.N.781 (D781). Passée l’anse de Kerdual, nous atteignons la Trinité-sur-Mer, fief de la course au large; le célèbre Eric Tabarly en avait fait son port d’attache. Il ne faut pas se fier à l’apparence moderne du port et des bâtiments alentours. Détaillé sur le site internet de la localité (latrinitesurmer.fr), un circuit dans le pittoresque vieux village débute de la place du Voulen (parking). La Trinité s'étire sur 800 mètres en bordure de la rivière de Crac'h dont le vaste estuaire, bien abrité, accueille de nombreux parcs à huîtres. La route nous emmène maintenant en direction de Locmariaquer, fin de notre balade autour du golfe du Morbihan. Pour ce faire, il nous faut franchir la Crac’h sur le pont de Kerisper. Un premier ouvrage, de type Eiffel, y a été édifié en 1899. Constitué d'arches en pierres à ses deux extrémités, sa cage métallique de 100 mètres de long a surplombé les flots jusqu’au 8 août 1944, date à laquelle tout a été dynamité par les troupes allemandes. La structure actuelle, nous dit un article du Télégramme en 2011, est un «pont en arc, de 203 mètres de long, construit de 1956 à 1958». De l’autre côté, voilà Saint-Philibert. C’est au carrefour du Chat-Noir que l’on s’oriente vers Locmariaquer. Le village est mondialement connu pour trois mégalithes impressionnants, le tumulus d’Er Grah, du Ve millénaire avant JC, le Grand Menhir brisé, quatre morceaux d’un monolithe mesurant à l’origine plus de vingt mètre de long pour un poids de près de 300 tonnes… et la Table des Marchands, un dolmen construit aux alentours de 4000 avant JC dont plusieurs dalles sont gravées de signes parfaitement symétriques. La pointe de Kerpenhir marque la fin de notre équipée autour du golfe du Morbihan… En face, voilà Port-Navalo… la «boucle est bouclée»!

Marc Verney, Sur ma route, mars 2024

La table d'orientation du tumulus Saint-Michel montre une carte couvrant une grande partie du golfe du Morbihan et de la presqu'île de Quiberon toute proche (photo: Marc Verney, décembre 2023).

SOURCES ET DOCUMENTS: Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959); carte n°63 Vannes-Angers, Michelin (1942); Guide du Routard Bretagne-Sud, Hachette (2021/2022); «Le port d'Arradon, un lieu de vie et d'histoire», Nathalie Jay, Ouest-France (28 avril 2013); «Pont de Kerisper. Inauguré 53 ans après sa construction!», Le Télégramme (2 octobre 2011); aslogeo.org; bretagnesite.com; golfedumorbihan.bzh; latrinitesurmer.fr; lebono.fr; mairie-vannes.fr; morbihan.com; vannes-bretagne-sud.bzh; Wikipédia; Wikisara; le Géoportail de l’IGN.

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