La ville de Metz, que nous avons déjà visitée lors de notre voyage sur l’ancienne nationale 3 de Paris en Allemagne est le point de départ de notre balade sur la R.N.57 de 1959. Le passé de la ville, capitale du peuple celte des Médiomatriques, précise le site metz.fr, est prestigieux: si la colline Sainte-Croix, le site originel de la ville est fortifié dès 110 avant JC, la Metz gallo-romaine connaît un fort développement urbanistique au IIe siècle. C’est la position stratégique qui avantage l’ancienne Divodurum: lors du règne des Flaviens, peut-on lire dans l’Histoire de Metz, le limes (la frontière entre Rome et les barbares), qui court du Rhin au Danube s’appuie sur des bases arrières comme Metz qui, dès lors, jouent un rôle logistique majeur (ravitaillement des légions en grain, fourrage, produits métallurgiques, céramiques…). Détruite par les Huns d'Attila en 451, capitale du royaume franc d'Austrasie, elle fut le berceau des Carolingiens. Après le règne de Charlemagne, intégrée au Saint-Empire romain germanique, la ville est gouvernée par des évêques qui exercent des droits souverains. Encore beaucoup plus tard, aux XVIIe et XVIIIe siècles, la ville de Metz, rattachée à la France en 1648, reste un carrefour stratégique capital. «Metz couvre l’Etat», déclare même Vauban, qui s’y connaissait en matières de places fortes. Alors, il fait de cette cité le véritable pivot fortifié de la politique royale vers l’Est. Ses plans, dressés en 1676, sont exécutés entre 1728 et 1749. «Parallèlement, écrit encore metz.fr, c'est sous l'impulsion du Maréchal de Belle-Isle, gouverneur de la cité, que la ville s'embellit au XVIIIe siècle, s'aère de places et de promenades (place de la Comédie, place d'Armes, Esplanade), s'orne de bâtiments de style classique français (hôtel de ville, théâtre, palais de Justice)». Le développement industriel et la vie culturelle de Metz sont stoppés par la guerre franco-allemande de 1870 et un nouveau siège de la ville qui se termine par la capitulation et l'annexion à l'Allemagne de 1871 à 1918. Sous l'impulsion de Guillaume II, qui veut faire de la ville une vitrine de l'Empire, la ville se transforme, se libère de ses remparts, gagne de larges avenues, une gare stratégique est construite, des bâtiments de style néo-roman, néo-gothique, néo-renaissance... voient le jour. Mais Metz, qui fait face au camp français de Verdun, conserve un rôle militaire essentiel en accueillant une garnison de 20.000 hommes. «Rendue à la France le 19 décembre 1918», raconte aussi le site municipal, Metz subit une seconde annexion à l'Allemagne de 1940 à 1944 avant d'être difficilement libérée fin novembre 1944 par le XXe corps américain de la IIIe armée de Patton, commandé par le général Walker.
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R.N.3:
REJOUER LES TAXIS SUR LA MARNE
La route nationale 3 relie Paris à l'Allemagne
en passant par Verdun et Metz. terres de batailles, paysages bucoliques et vieilles
pierres y sont légion...(lire) |
On quitte Metz par la «rue de Pont-à-Mousson» (Chausseestrasse de 1871 à 1918, Nanzigerstrasse de 1940 à 1944). Sous le nom de «route de Nancy à Metz», son tracé est bien visible sur la carte de Cassini (XVIIIe siècle) publiée par le site de l’IGN. Sur cette route, «de 1816 à 1823, les pavés, dans les rues de Metz et dans la traverse de Montigny, indiquent les Mémoires de l'académie impériale de Metz, ont été exécutés en quartzite de Sierck». L’origine de la voie, écrit le Républicain lorrain dans l'article «Montigny-lès-Metz: la rue de Pont-à-Mousson, une artère historique de la ville» remonte à l’époque gallo-romaine: «Cette voie romaine permettait alors de relier le pont de Moulins sur la Moselle à la porte Serpenoise, en passant par Montigny, suivant le tracé actuel de la rue de Pont-à Mousson. Elle permettait de rejoindre Durocorturum (Reims) capitale de Gaule Belgique». A l’orée du XIXe siècle, les routes en Lorraine sont bien souvent déjà tracées. En 1800, nous narre l’Histoire de la Lorraine, la région disposait de nombreuses routes rayonnant autour de Nancy, Lunéville et donc, Metz. Répondant à une logique commerciale, de grandes transversales ont été établies, comme celle des Flandres à Besançon. D’ailleurs, les livres anciens évoquent –dès 1587- un itinéraire postal partant de Metz afin de desservir Fontenoy, Pontarlier et Genève. «Dans un état de 1732, cette route figure comme présentant une belle chaussée de Metz à Pont-à-Mousson», disent les Mémoires de l'académie impériale de Metz (1857). Sous l’Empire (1871-1918), dit Wikisara, la route n°57 était référencée dans la région Elsass-Lothringen en tant que Staatsstrasse Nr.22 de Metz à Besançon. On suit la direction de Pont-à-Mousson (D657 aujourd’hui). Il est nécessaire d’emprunter la «route de Jouy»; nous voici sur la rive droite de la Moselle, une rivière que nous allons (presque!) suivre fidèlement jusqu’à Epinal. A Jouy-aux-Arches, premier bourg d’importance rencontré sur le chemin, la route est dominée par les vestiges d’un impressionnant aqueduc romain construit à partir du IIe siècle; il alimentait en eau potable la cité de Metz. Il reste seize arches de cet ouvrage de 26 m de hauteur, et qui, à l’époque, mesurait plus d’un kilomètre de long. Ces ruines gallo-romaines nous montrent la place considérable de l’Empire romain dans la région: Jouy se trouvait également non loin du tracé de la grande voie Lyon-Metz-Trèves, un axe commercial et stratégique essentiel pour Rome. On répare la traversée du village de Jouy-aux-Arches en 1841, dit Wikisara.
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Plaque Michelin apposée sur la rambarde du pont sur la Moselle à Pont-à-Mousson. Photo: Marc Verney,
avril 2012. |
De Jouy-aux-Arches au lieu-dit la Lobe, la route, «établie sur la rive droite de la Moselle et exposée fréquemment aux inondations, a été changée, portée plus avant dans les terres et dirigée d'un seul alignement jusqu'à Corny entre 1776 et 1778» racontent les Mémoires de l'académie impériale de Metz. Plus tard, écrit le même ouvrage de 1857, «la traverse de Corny, qui présentait un passage dangereux, a été améliorée». C’est dans les parages de Corny-sur-Moselle que tombent de nombreux soldats américains et allemands en septembre 1944 lors des combats pour la libération de Metz. Le village fut d’ailleurs détruit à plus de 80% par l'armée américaine lors de dures batailles qui aboutissent à la libération de la région le 22 novembre suivant. «Plusieurs baraquements provisoires, construits dans l’urgence après-guerre, remplacèrent jusque dans les années 1960, l’église et les maisons détruites lors des bombardements américains. Sur l’emplacement du château, dont il ne reste que la gloriette, sont aujourd’hui construits les équipements sociaux, culturels et sportifs», lit-on sur le site Wikipédia. Voilà la Lobe, commune d’Arry; on y trouvait, depuis 1825, un relais de poste, transféré depuis le hameau voisin de Voisage. La route n°57 pénètre maintenant en Meurthe-et-Moselle. Ce fut, par ici, la frontière entre France et Empire allemand de 1871 à 1918. On passe Vittonville, puis Champey-sur-Moselle, ancien village de pêcheurs, où, écrit Wikipédia, on fit, en 1779, «un pont de 10 pieds d'ouverture et de 19 pieds de hauteur sur le ruisseau qui se jette dans la Moselle». La route s’approche de Pont-à-Mousson, qui est à un peu plus de six kilomètres de là. Notre chemin croise le lieu-dit le Haut-Pont, près duquel passait jadis la Moselle, puis les fermes de Ponce, Bel-Air et de Saint-Michel. La D657 d’aujourd’hui entre dans Pont-à-Mousson par la «route de Metz». Un pont sur la Moselle y est certainement édifié dès le XIe siècle, remplaçant le passage antique de Dieulouard situé plus au sud. D’après l’ouvrage Pont-à-Mousson, le pont est élargi en 1739 par l’intendant de Lorraine La Galazière, puis sauvé de la destruction en 1814 par les habitants eux-mêmes qui enivrent le soldat chargé de la destruction! Un nouvel ouvrage est réalisé en 1925, mutilé en 1940, totalement ravagé en 1944; le pont actuel a été inauguré le 24 juillet 1949. La cité, d’abord modeste, se développe sous la tutelle des comtes de Bar. Pont-à-Mousson est finalement rattachée au duché de Lorraine en 1480. Nous franchissons la Moselle pour nous diriger vers la belle place Duroc. Celle-ci, en triangle et bordée de maisons à arcades (XVIe-XVIIIe siècles) marque le centre de la cité. En 1572, raconte le site abbaye-premontres.com, «la ville est marquée par l’installation de l’université de Lorraine». Celle-ci restera à Pont-à-Mousson jusqu’en 1768, date de son transfert à Nancy. Plus tard, au XIXe siècle, la ville connaît un renouveau industriel, avec l'installation en 1856 des fonderies de Pont-à-Mousson, encore en activité aujourd’hui. La cité est connue dans toute la France grâce… aux plaques d’égout qui portent le nom de la ville (aujourd’hui, c’est Saint-Gobain canalisations qui gère le site). Au centre-ville, le tracé de la route royale n°57 est modifié en 1847 à la faveur des travaux de construction de la ligne de chemin de fer Nancy-Metz. Le Bulletin des lois de la République française (1886) indique que l'on construit «un trottoir le long de la route nationale n°57 entre la sortie de Pont-à-Mousson et l'usine métallurgique Haldy-Roecklinger et compagnie». Nancy est à moins de trente kilomètres. Au sortir de Pont-à-Mousson, la route de Blénod a été réalisée de 1724 à 1728 par le comte de Hautey. Nous voici à Dieulouard. Pour le site internet du tourisme en Meurthe-et-Moselle, c’est ici que la grande voie romaine de Lyon à Trèves par Metz traversait la Moselle, obliquant vers Toul (D411). La cité, installée sur la basse terrasse alluviale de la rivière était divisée en îlots reliés par de frêles ponts de pierre et de bois. La ville a vu passer Jeanne d’Arc en 1429. D’après la Notice historique sur Scarpone et Dieulouard, la future libératrice de la France, en route pour Nancy, a suivi la voie romaine de Toul à Dieulouard pour aller prier devant la statue de Notre-Dame des Grottes. Au XVIIe siècle, placé sur les axes desservant Metz, Toul et Nancy (la forêt de Haye n’est percée pour la route Paris-Strasbourg qu’au début du XVIIIe siècle), Dieulouard a eu à subir les affres des occupations française, lorraine, allemande, suédoise… «Ce n'est qu'en 1727 que la grand' route a été commencée pour se rendre de Dieulouard à Nancy sur la rive gauche de la Moselle et de la Meurthe», indiquent les Notices sur l'ancienne ville de Serpanne et le pays serpannais de Laurent Mansuy en 1817.
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Vue sur le pont de Pont-à-Mousson depuis la place Duroc. Photo: Marc Verney,
avril 2012. |
La R.N.57 historique poursuit son chemin par Belleville et Marbache. A dix kilomètres de Nancy, voici Pompey. Géographiquement, nous sommes à côté du lieu où la Meurthe (qui traverse Nancy) se jette dans la Moselle. C’est là, nous dit l’encyclopédie Wikipédia que l'évêque Euchaire aurait été massacré avec 2000 chrétiens en 362. Vieille terre viticole, Pompey est surtout connu pour avoir hébergé l’aciérie qui a produit en 1887 les 8000 tonnes d’acier qui serviront à construire la Tour Eiffel. Hélas, l’activité des hauts fourneaux, commencée en 1874, s’achève définitivement en 1986 avec les premiers soubresauts de la crise de la sidérurgie française. Il faut maintenant passer la Moselle. «Depuis des siècles, les petits villages de Pompey et de Frouard se regardaient par-dessus la rivière de la Moselle observant ainsi les bateaux de transport emprunter cette belle voie d’eau», écrit Lucien Geindre dans l'article «Passages de Moselle» (etudes-touloises.fr). Chacun d’eux était établi au pied d’une forteresse ayant pour seigneur et maître le duc de Lorraine, rive droite, et le comte de Bar, rive gauche. Un bac a fonctionné entre le XIIIe et le XVIIe siècle, «remplacé par un pont en bois en 1697», dit encore l'historien. Un premier pont de pierre s'effondre, un second lui succède en 1790 après un long chantier. Il est la cible de tirs allemands infructueux en 1914; en 1939, le Génie français fait sauter deux arches puis les bombardiers américains, en septembre 44, coupent encore une arche et demie. Enfin, après la guerre, «un nouveau pont de 160 mètres de longueur, mis en service en mai 1950, comptera trois arches surbaissées, deux piles et deux culées», découvre-t-on sur le site etudes-touloises.fr. De Frouard, la R.N.57 historique (D657) prend la destination de Champigneulles. Le nom de la petite cité n'est mentionné qu'au XIVe siècle, écrit le site champigneulles.fr, qui mentionne l'ouvrage Champigneulles et le Val Saint-Barthélémy et Lucien Geindre. «C'est au début du XVIIIe siècle que Champigneulles subit de grandes transformations, lit-on encore dans ce texte. Le comte de Fontenoy fait bâtir un château, entouré d'un immense parc (château du Bas). Un moulin à blé s'implante, ainsi qu'une faïencerie située entre le château et la papeterie. Tous ces travaux apportent un regain d'activité et attirent de nombreux ouvriers et artisans». La rue de Nancy suit le canal de la Marne au Rhin. Plusieurs interventions ont été réalisées au fil du temps sur cette portion, dit Wikisara: des «réparation en 1838» sur la «rampe de la Tuilerie de Champigneulles» suivies d’autres «réparations» en 1840. En tous cas, la vocation industrielle de la région saute aux yeux: sur la carte d’état-major des années cinquante publiée par le Géoportail de l’IGN, il n’y est fait mention que de «forges», «brasseries», «carrières», «mines»…
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Plaque de la R.N.57 à Marbache. Photo: Marc Verney,
avril 2012. |
Après avoir longé Maxéville, la «route de Metz à Besançon» entre dans Nancy par la rue de Metz (logique!). Nous voici dans le «faubourg des Trois-Maisons». L'endroit, dit le site nancy-focus.com, «a été pendant longtemps le secteur des jardins des maraîchers de Nancy. Situé à l'emplacement de l'ancien village de Saint-Dizier, il a été détruit en 1588 et 1591 parce qu'il gênait la défense de la ville, et entièrement rasé sur l'ordre de Charles III, sauf trois maisons qui ont subsisté, donnant le nom au faubourg». Ce sont trois auberges, précise le site francebleu.fr, «qui permettent aux voyageurs arrivés trop tard quand les portes de la ville sont fermées, d’être a l’abri pour se reposer et se restaurer en attendant de pouvoir entrer dans Nancy». Pour le site de l’office du tourisme de cette ville, c’est «un gué sur la Meurthe –utilisé par les hommes et les bêtes-, la proximité de la giboyeuse forêt de Haye, le passage de la voie nord-sud la plus praticable et de l’axe de circulation est-ouest du sel (qui) ont certainement décidé (au XIe siècle) le duc Gérard à établir une petite place forte du nom de Nanciacum». Au XIIe siècle, Nancy devient la capitale du duché de Lorraine, relevant du Saint-Empire. Mais la cité ne profite pas de la relance du commerce, à cette époque (C’est la commune voisine de Saint-Nicolas-du-Port qui domine). Il faudra attendre la fin du XVIe siècle et la création de la Ville-Neuve de Nancy par Charles III pour que la cité prenne un nouvel essor. La ville sera rattachée à la France en 1766, après le règne du duc Stanislas Leszczynski, qui aura embelli son centre avec la réalisation de la belle place Stanislas (1752-1756). Dans les rues de Nancy, ce lent développement au fil du temps se ressent: en 1699, nous dit La France de l’Est et l’Europe, du Moyen-Age à nos jours, le pavé de la ville était en si mauvais état qu’il incommodait fortement les passants et «le charroi». Pour l’éclairage des rues, le duc Léopold fait placer, tous les 28,46 m, dès 1715, 250 lanternes suspendues à des cordages dans les axes les plus fréquentés. Les chandelles étaient allumées entre le 24 octobre et le 24 mars au «tintement de la cloche de guet». Pour se repérer, des noms de rues sont gravés sur les murs des maisons à partir de juillet 1736. Entre 1750 et 1755, «Stanislas Leszczynski transforme définitivement la ville en confiant à Emmanuel Héré le projet de construction de trois places monumentales réunissant la ville vieille et la ville neuve en un seul et unique espace urbain», écrit le site nancy.fr. La ville devient définitivement française en 1766. «En 1852, la ligne de Paris à Strasbourg met Nancy à huit heures de la capitale, contre trente à quarante heures de diligence», écrit Wikipédia. En 1871, écrit encore cette encyclopédie en ligne, «la ville reste française et connaît alors une période de prospérité et un nouvel âge d'or culturel: en effet, de nombreux optants (Alsaciens, Meurthois et Mosellans, soit qu'ils refusent, soit qu'ils ne peuvent conserver la nationalité allemande) choisissent de s'y installer, parmi lesquels un grand nombre d'intellectuels et d'industriels».En 1959, on traverse Nancy par les places Carnot et des Vosges jusqu’au «faubourg Saint-Pierre».
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R.N.4:
ALLER REJOINDRE LES CIGOGNES
La N4 file plein est vers Strasbourg... Terres de Champagne,
de Lorraine et d'Alsace, nous voilà! D'ailleurs, voilà
encore un bout de macadam qui va nous rappeler des pans entiers
d'histoire de France... (lire) |
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R.N.74:
DE L'EAU DANS LE VIN...
En
1959, la route nationale 74 relie l'Allemagne à Paray-le-Monial
(Saône-et-Loire) en passant notamment par Sarreguemines, Nancy,
Langres, Dijon, Beaune... (lire) |
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La ville de Nancy et sa région, dessinées sur la table d'orientation émaillée évoquant la bataille de Lorraine en 1914. Un must pour les amateurs d'histoire! Photo: Marc Verney,
avril 2012. |
La route nationale 57 d’antan (supplantée en grande partie par l’A330) quitte maintenant Nancy en direction de Richardménil et Flavigny-sur-Meuse. D’interminables banlieues commerciales tuent le regard, au fil de ronds-points normalisés. Ce n’était pas tout à fait le cas avant, comme l’écrit le Guide Bleu de la France automobile en 1954: «La N57, par de fortes ondulations, passe de la vallée de la Meurthe dans celle de la Moselle»… D’après le site art-et-histoire.com, le pont de Flavigny, qui permet à la route nationale de Metz à Besançon de franchir la Moselle a été construit en 1734. Composé de 11 arches en maçonnerie, il avait été cependant bâti sur des fondations mal stabilisées, et de nombreux affaissements se produisirent. En 1848, le projet d'un nouveau pont en maçonnerie de 6 arches en anse de panier est présenté. L'assemblée nationale vote d'ailleurs des crédits, le 10 juin de cette année, pour la reconstruction du pont de Flavigny-sur-Moselle, écrivent les Annales des ponts et chaussées. Lors des combats pour la libération de Nancy en 1944, des destructions intervinrent sur cet ouvrage. Il faut désormais suivre la D570. Lorsque le duc Stanislas s’établit à Lunéville en avril 1737, il souhaite l’établissement de liens postaux avec le sud des Vosges. Ces créations coïncident, nous narre L’Histoire des postes en Lorraine, avec l’achèvement, aux environs de 1758 d’une nouvelle chaussée entre Nancy et Charmes. Celle-ci, en remplaçant des chemins trop sensibles aux crues, permet la transmission de nouvelles jusqu’à Plombières-les-Bains en transitant par les relais de Flavigny, Roville-devant-Bayon, Charmes, Igney, Xertigny. Sur cette chaussée, les travaux, voulus par l’impitoyable intendant Chaumont de La Galaizière, menés par la terrible corvée, qui accable les habitants des alentours, sont forts pénibles, lit-on dans l'ouvrage Les travaux publics et le régime des corvées en Lorraine au XVIIIe siècle de Pierre Boyé: «Le voisinage de la Moselle rend le sol marécageux; les corvéables enfoncent donc des pilotis et établissent un pavage spécial. Au moyen d'arches de maçonnerie, ils favorisent l'écoulement des eaux tombant des collines voisines. Dès décembre 1756, le registre des Ponts et Chaussées mentionne l'achèvement de 14 ponceaux d'une arche et de cinq de six pieds, tous en pierre de taille, jetés sur la chaussée de Ménil-Saint-Martin à Roville. En 1757, dix-sept autres seront nécessaires; trois encore l'année suivante; finalement, trois nouveaux aqueducs en 1759.(...) La montée de Richardménil, la traversée de ce village et de celui de Neuviller nécessitent des travaux d'art. Il faut y construire plusieurs grands murs de soutènement pour maintenir les terres». L’ancienne nationale longe qu plus près le canal de l’Est, branche sud (construit de 1875 à 1882 pour désenclaver les Vosges après l'annexion de l'Alsace-Moselle), qu’elle traverse par deux fois avant Crévéchamps, dont la Grande-Rue est évitée au fil du XXe siècle. Voici maintenant Neuviller-sur-Moselle, où se trouvait justement le château de l’intendant Chaumont de La Galaizière (tiens, tiens…). Après Roville-sur-Bayon, où l’on remarque, rive droite, l’ancienne route de Nancy à Bayon, par Ville-en-Vermois (actuelle D112), il reste quatorze kilomètres à faire jusqu’à Charmes.
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Gros plan sur une plaque indicatrice à Nomexy. Photo: Marc Verney,
avril 2012. |
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Une autre plaque de cocher à Charmes. Photo: Marc Verney,
avril 2012. |
La petite ville de Charmes (Vosges) est rapidement atteinte. L’ancienne nationale est vide, avec peu de trafic, car il existe désormais une voie rapide entre Nancy et Epinal. Si l'origine de Charmes remonte à l'époque gallo-romaine, les péripéties tragiques de son histoire frappent les esprits: pillée et détruite une première fois en 1475 par le duc Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, alors en guerre contre le duc de Lorraine; elle est à nouveau ravagée en 1635 par les Français, en guerre contre Charles IV. Après de nouvelles destructions en 1870, Charmes sera à nouveau incendiée le 5 septembre 1944, par les Allemands, qui se retirent de France. Inaugurée par le président Vincent Auriol, la ville sera, en 1952, la première cité reconstruite d'après-guerre (ville-charmes.fr). Là, dans les environs immédiats, s’est déroulée la bataille de la trouée de Charmes au début de la Première Guerre mondiale , du 24 au 26 août 1914 . Peu connue, elle s'est achevée par une victoire de la IIe armée française, aux ordres du général de Castelnau, sur la VIe Armée allemande de Rupprecht de Bavière. Un monument spectaculaire, situé sur une butte dominant la ville retrace, avec force détails, les péripéties de ce combat qui a sauvé Nancy de l’occupation allemande et grandement aidé à la future victoire sur la Marne. La route poursuit son chemin le long de la Moselle. Il reste une vingtaine de kilomètres à parcourir jusqu’à Epinal, terme de notre première étape. Nous atteignons Nomexy, traversée par les rue de l’Eglise et d’Alsace (D157 désormais). La voie continue à raser au plus près, le canal de l’Est jusqu’à Igney. Puis voici Thaon-les-Vosges. En 1724, signale le site thaon.com, «la route d'Epinal à Châtel qui passait au nord sous le village de Thaon et gagnait directement les côtes de la Héronnière, fut fortement endommagée par les eaux et remplacée par la grande chaussée d'Igney à Thaon» qui est encore la R.N.57 historique. Au XIXe siècle, on évoque encore des projets routiers dans le secteur: la Situation des travaux de 1846 parle «de la rectification des côtes de Thaon et de Chavelot, les indemnités de terrain sont soldées en presque totalité. Les ouvrages d'art et les terrassements sont à peu près terminés. On s'occupe du cassage des matériaux pour la confection de la chaussée». Peu après, la «route de Metz à Besançon» arrive aux portes d’Epinal. Sa chaussée franchit une fois encore le canal de l’Est (branche sud, dite aussi canal des Vosges) puis la branche d’Epinal -de la même voie d’eau- dont on peut voir le pont-canal franchissant la Moselle, édifié de 1882 à 1885. Golbey est la dernière localité avant Epinal. La D157 y emprunte la rue de Lorraine. En 1861, voit-on sur le site golbey.fr, la localité «est un village de 600 habitants, dont les activités sont essentiellement rurales. Vingt ans plus tard, l’amorce de l’industrialisation et surtout les travaux pour la voie ferrée de Mirecourt et le canal de l’Est, multiplient par deux la population qui atteint alors près de 1200 habitants. Au début du XXe siècle, de nombreuses usines textiles s'implantent et créent une concentration industrielle spectaculaire». Au XXIe siècle, la vocation industrielle du lieu reste d'actualité. L’entrée dans Epinal, terme de notre première étape, se fait par le faubourg de Nancy. (Continuer la promenade)
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R.N.66:
DE BAR A BALE
La route nationale 66 historique de 1959 relie simplement Bar-le-Duc en Lorraine à Bâle, aux portes du Jura suisse. Une belle promenade à faire en toutes saisons (lire) |
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R.N.460: VOSGES SUR SAONE
En 1959, la R.N.460 relie Dijon à Epinal en passant par Champlitte, Bourbonne-les-Bains et Darney, soit 170 kilomètres d’une belle chaussée ondulante (lire) |
Marc Verney, Sur ma route, juin 2024
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R.N.57: CERISES SUR COMTE (II)
Deuxième partie de notre voyage sur la RN57 de 1959 en direction de Besançon... (lire) |
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