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Borne Michelin exposée dans un entrepôt de la Direction des routes non loin de Neufchâtel-en-Bray (photo: MV, mars 2025). |
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«Vers RN29», une indication restée à Montreuil-en-Caux malgré le déclassement (photo: MV, mars 2025). |
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Vue générale du bourg de Saint-Saëns, photographié depuis la table d'orientation (photo: Marc Verney, mars 2025). |
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Plaque de rue inhabituelle à la sortie de Poix-de-Picardie (photo: Marc Verney, mars 2025). |
LOCALITES
traversées par la R.N.29 (1959):
Ecalles-Alix
(N13bis)
Yerville
Bourdainville
Tôtes (N27)
Saint-Victor-l'Abbaye
Beuzeville-la-G.
Le Quesnay
Saint-Saëns
Maucomble
Les Hayons (N15)
(N28 au-delà de Neufchâtel)
Mortemer
Illois
Aumale (N15bis)
Le Coq-Gaulois
Lignières-Châtelain
Caulières
Eplessier
Poix-de-Picardie (N1)
Quevauvillers
Clairy
Salouël
Pont-de-Metz
Amiens (N16)
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Route de Rouen à Amiens (photo: MV, mars 2025). |
D'AUTRES RESSOURCES autour de la nationale 29 historique:
-la page Wikipédia consacrée à cette route (lire).
-la page Wikisara (lire).
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Fronton des Grands garages de Picardie dans le centre d'Amiens. Quand l'endroit est devenu l'hôtel Royal avant-guerre, cette ornementation est restée (photo: MV, mars 2025) |
AMI
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d'auteur. Pour toute autre utilisation, contacter l'auteur de Sur
ma route. Merci de votre compréhension... |
A VOIR, A FAIRE
Yvetot: on est encore sur l’ancienne R.N.13bis, mais, avant de suivre la D929, on peut s’arrêter dans ce bourg pour y admirer l’église Saint-Pierre. C’est à l’intérieur de ce bâtiment en béton des années cinquante que se trouve tout l’intérêt de la visite: des vitraux modernes de Max Ingrand qui évoquent toute l’histoire religieuse de la Normandie.
Tôtes: Gustave Flaubert et Guy de Maupassant comptent parmi les personnalités ayant séjourné à l'auberge du Cygne de la ville. Ce relais de poste jouera un rôle dans les écrits de l'un (Madame Bovary) comme de l'autre (Boule de suif). A 11 km au sud-est, le village de Clères et son château Renaissance, où l’on trouve un vaste parc animalier et botanique.
Saint-Saëns: promenades dans la forêt d’Eawy, toute proche.
Neufchâtel-en-Bray: l’église Notre-Dame, dont la plus ancienne partie date du XIIe siècle, le musée Mathon-Durand, installé dans une maison normande de la fin du XVIe siècle, dédié aux arts et traditions populaires, invite à découvrir le patrimoine du pays de Bray. Nombreuses promenades dans la campagne alentours. Le neufchâtel est le plus ancien des fromages AOP de Normandie!
Aumale: une promenade pédestre fait découvrir les richesses du bourg, l’abbaye, les halles, les vieilles ruelles, l’église et la chapelle du Cardonnoy. A Blangy-sur-Bresle, quelques kilomètres au nord, le manoir de Fontaine accueille le musée du Verre (déjà, au IIe siècle, une verrerie gallo-romaine est installée en forêt d’Eu par la famille Frontinus).
Poix: l'église Saint-Denis, son originalité, écrit ville-poix-de-picardie.fr, tient dans «les 44 clefs de voûte pendantes, d’une plongée de 90 cm à 1.20 m. Sculptées sur leur pourtour, elles représentent tantôt des saints, tantôt des armoiries».
Amiens: sa cathédrale Notre-Dame, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, édifiée au XIIIe siècle; le quartier Saint-Leu, et ses jolies maisons; le verdoyant parc Saint-Pierre; les hortillonnages, de riches jardins maraîchers entourés de canaux à deux pas du centre-ville; le musée de Picardie; la maison de Jules Verne, qui évoque l’atmosphère de tous ses fabuleux romans… |
SOURCES ET DOCUMENTS: Atlas des grandes routes de France, Michelin (1959); carte n°52 Le Havre-Amiens, Michelin (1968); carte n°55 Caen-Paris, Michelin (1976); Bulletin des loi du royaume de France, premier semestre de 1846, imprimerie Royale (1846); Correspondance de M. le Préfet au département de la Seine-Inférieure, imp. de P. Periaux (1817); Guide du Routard Picardie, Hachette (2011-2012); Guide Vert Normandie, Michelin (1957); Histoire de la ville d'Aumale, Ernest Semichon, Auguste Aubry, libraire (1862); «La voie Bavay-Rouen: découvertes récentes», Lydie Blondiau et Pierre Leman, Revue du Nord (2006); Le bourg et paroisse de Saint-Saen, abbé Bernardin de Mathan, L. Durand et fils (1963); «Rouen et les voies antiques de Haute-Normandie», Pierre-Côme Duval, Annales de Normandie (1984); «Tôtes: l'Auberge du cygne, un plongeon dans l’histoire», Ghislain Annetta, Le Courrier cauchois (11 août 2017); Yerville à travers les âges (T.2, du Consulat à la Quatrième République), Pierre Andrieu-Guitrancourt, Bretteville frères (1859); mairieaumale.free.fr; pontdemetz.fr; quevauvillers.fr; Wikipédia; Wikisara; le Géoportail et l’option «remonter le temps» de l’IGN.
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Grandes routes de France...
R.N.29: LE NORD ENTRE EN SEINE (I)
La route nationale 29 a eu une histoire quelque peu mouvementée… En 1824, c’est tout d’abord «la route de Rouen à Valenciennes et à Mons» (Belgique). Elle ne débute qu’après Neufchâtel-en-Bray, s’extrayant rapidement de la R.N.28 historique. Puis, en 1933, on lui rajoute le tronçon entre Yvetot et Neufchâtel. Elle est donc redéfinie comme «la route du Havre à Valenciennes et à Mons». En 1973, son tracé est lourdement modifié pour rejoindre Saint-Quentin et La Capelle en utilisant d’autres routes nationales, dont la n°30. Parallèlement, le numéro de celle-ci est alors attribué à la partie Bapaume-Valenciennes de la R.N.29. Le tout est déclassé au début des années 2000 avec la grande loi de décentralisation du 13 août 2004. Comme à l’habitude, nous suivrons la chaussée de 1959, aidés de notre Atlas des grandes routes Michelin. Notre première étape nous emmène de la Normandie à Amiens, soit 128 kilomètres environ.
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La R.N.29 historique traverse une bonne partie de la Seine-Maritime. Ici, vers Saint-Saëns (photo: Marc Verney, mars 2025). En cliquant sur l'image, vous suivrez bientôt la deuxième partie du trajet... |
En quittant Yvetot sur l’ancienne R.N.13bis (D6015) en direction de Rouen, on rencontre bien vite un vaste rond-point qui dessert aussi bien l’autoroute A150 que la départementale D929. C’est là (sur la commune d'Ecalles-Alix) que se situe l’amorce de la nationale 29 historique qui prend tout d’abord son élan vers Yerville. Le trait est visible sur la carte d’état-major 1820-1866 publiée par le Géoportail de l’IGN. En 1817, on lisait dans la Correspondance de M. le Préfet au département de la Seine-Inférieure: «On s'occupe du tracé de deux nouvelles routes départementales», dont «l'une d'Yvetot à Neufchâtel». D'ailleurs, on peut découvrir sur le site yerville.fr, que, dans le courant du XIXe siècle (vers 1822…) «la construction des routes Yvetot–Neufchâtel-en-Bray et Barentin–Veules-les-Roses, va sortir Yerville de son isolement et l’ouvrir vers l’extérieur». Cette nouvelle chaussée,«tracée bien droite, ombragée dans la campagne de grands peupliers, souhaitée par l'état-major de nos armées permet un roulage à la fois plus direct et plus important dont bénéficie le commerce local», écrit en 1859 Pierre Andrieu-Guitrancourt dans l'ouvrage Yerville à travers les âges. De Yerville à Tôtes, il y a douze kilomètres et la route de 1959 n’est pas si droite… A la hauteur de Bourdainville, les «virages de Varvannes», qui coupent la modeste vallée de la Saâne seront «rectifiés» en 1986, dit Wikisara. La D929 entre dans Tôtes par la «route du Havre». La ville, où passe la grande route de Rouen à Dieppe (R.N.27 historique), a vu la construction en 1611 de l'auberge du Cygne, fondée sous le nom de l'hôtel de l'Ecu d'Orléans, qui sera un relais postal (sous Louis XIII) et un lieu où ont séjourné diverses personnalités, dont Napoléon Ier. Guy de Maupassant et Gustave Flaubert, rapporte encore Wikipédia, se sont inspirés du lieu pour leurs écrits (Boule de suif, Madame Bovary). Peu à peu, «l’établissement s’est transformé en une auberge renommée et a continué à être exploité. Le lieu a connu un vif succès avant et après la guerre dans les années 1940-1950 avec un cuisinier qui possédait une étoile au Michelin», raconte «Tôtes: l'Auberge du cygne, un plongeon dans l’histoire», un article du journal Le Courrier cauchois écrit par Ghislain Annetta, le 11 août 2017. On quitte Tôtes par la rue du Général-Leclerc qui devient plus loin la «route d’Amiens». Le village suivant est Saint-Victor-l’Abbaye, «organisé autour de son ancienne abbaye bénédictine, dont l'église est construite à proximité d'une motte féodale», relate Wikipédia. A la sortie du bourg, la rue Guillaume-le-Conquérant nous propulse en direction de Saint-Saëns, dans le verdoyant pays de Bray.
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R.N.13bis: BELLE MISE EN SEINE
La R.N.13bis est la "route d'en bas", celle qui atteint Rouen par la rive gauche de la Seine, puis se rend au Havre par Yvetot et Bolbec... (lire) |
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Vers Bourdainville (photo: Marc Verney, mars 2025). |
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Peu avant Tôtes (photo: Marc Verney, mars 2025). |
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R.N.15:
UN TOUR DANS LA MANCHE...
La route de Paris à Dieppe file droit dans un bouton...
avant de tomber dans la Manche! Ce n'est pas une plaisanterie, voyez
plutôt... En route pour 135 km d'aventures. (lire) |
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R.N.28:
SUS AU NORD!
De Rouen à Bergues, c ’est la «course au Nord», au milieu de paysages de bocage, de «plat pays» sillonné de canaux, de villages de brique... (lire) |
Aux portes de la forêt d’Eawy, la localité de Saint-Saëns, qui puise ses lointaines origines dans un ermitage fondé par un moine de Jumièges, se tapit discrètement au fond du vallon de la Varenne. En 1959, un virage très serré au Mont-Miret nous fait descendre au niveau du centre-ville par la rue du Docteur-Vassaux. Célèbre pour sa variété de chou, appartenant à la famille des choux cabus, cultivé jusqu’à la moitié du XXe siècle, Saint-Saëns a vécu de l'industrie de la tannerie entre le XIIIe et le XIXe siècle. C’est la rue du Huit-Mai-1945 qui prend la direction de Maucomble; peu après, la R.N.29 historique de 1933 s’interrompt sur l’ancienne nationale 28 (D928), dont la chaussée a été utilisée –en partie- pour le contournement moderne de Saint-Saëns (1982). La route de Rouen à Saint-Omer et Dunkerque va nous emmener, au-delà de Neufchâtel-en-Bray, à la partie la plus importante de la R.N.29 historique, dont l’amorce se situe à la plaine de la Mare, à 4,5 km du centre du petit bourg. La voie est dessinée jusqu’à Amiens sur la carte de Cassini (XVIIIe) publiée par le Géoportail de l’IGN. Après le lieu-dit Maison-Rouge, la D929 atteint Mortemer. Au début du XIXe siècle et auparavant, à la sortie du village, on y descendait la «vieille côte» matérialisée sur la carte par un chemin qui zigzague dans la forêt Impériale pour rejoindre le lieu-dit la Bouverie. La rectification intervient à la suite de l’ordonnance royale du 16 février 1846 évoquant à l’époque ce qui était «la route royale n°29, de Rouen à Valenciennes». Une longue ligne droite file jusqu’à Illois (hameau de Cuignet) et traverse le bois de la Route; notre chaussée se trouve désormais à l’aplomb du bourg d’Aumale, «enchâssé» dans la vallée de la Bresle, et dans lequel on entre par l’avenue du Maréchal-Foch. Avant l’entrée, la côte de Bretagne, nous dit Wikisara, a été rectifiée en «1864». Petite cité autrefois très industrieuse, Aumale fut renommée pour ses étoffes, tanneries, faïences... «Au XVIIe siècle notamment, l’industrie textile se développe», signale le site mairieaumale.free.fr, les troupes royales étaient habillées en serge d’Aumale, sorte d'étoffe légère faite de laine. Du début au milieu du XIXe siècle, l’industrie de la faïencerie et de l’industrie du cuir se développent. En 1957, écrit le Guide Vert Normandie, la localité «est un centre laitier important». Comme beaucoup d'autres villes, Aumale a souffert des vicissitudes de l'histoire: pillée par les troupes bourguignonnes de Charles le Téméraire en juillet 1472, maintes fois ravagée par les maladies, elle est lourdement bombardée par les Allemands le 20 mai 1940; l'incendie dure plus de deux semaines et détruit une grande partie de la ville. L'ouvrage d'Ernest Semichon, Histoire de la ville d'Aumale, revient sur la réalisation de notre voie: «En 1760 et 1765, nous trouvons les devis des ouvrages à faire pour la construction d'une chaussée en pavé de grès dans les différentes rues de la traverse de la ville d'Aumale, qui formaient l'ancienne route de Rouen en Picardie». En ce qui concerne «la grande roue de Rouen à Amiens, aujourd'hui route impériale, n°29», l'ouvrage mentionne que l'on «construisait, en 1772, cette route à la montagne de Digeon» aux limites avec la Somme.
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Plaque de cocher à Saint-Saëns. Elle ne porte pas le n°29 puisque le tronçon Yvetot-Neufchâtel n'a été inclus dans la route nationale que dans les années trente (photo: Marc Verney, mars 2025). |
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L'ancienne R.N.29 après Neufchâtel-en-Bray. Les automobilistes ne sont pas les seuls usagers de la chaussée (photo: Marc Verney, mars 2025). |
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Au lieu-dit Le Coq-Gaulois. La route entre dans le département de la Somme (photo: Marc Verney, mars 2025). |
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R.N.1: LES PETITES ANGLAISES
La R.N.1 de 1959 relie Paris à Calais en passant par Beauvais, Abbeville, Boulogne... Une charmante virée sur la route des petites anglaises! (lire) |
Si la montée de la «montagne de Digeon» à la sortie d’Aumale est aujourd’hui plus facile, il faut cependant noter qu’administrativement, c’est la R.N.15bis –de Grandvilliers au Tréport- qui y passait en 1959, et cela jusqu’au carrefour du Coq-Gaulois. Sur la page Wikisara de cette chaussée on note que les «abords et le traversée d'Aumale» sont réalisés en «1846». On entre dans le département de la Somme non loin du carrefour du Coq-Gaulois, la R.N.29 historique (D1029) coupe la plaine de l’Orme en direction du village de Lignières-Châtelain, qui porte le nom de Lignières-en-Chaussée durant la Révolution française. On est à neuf kilomètres de Poix-de-Picardie, notre prochaine étape. Voilà Caulières, puis Eplessier, où il faut éviter d’emprunter la moderne déviation de 1989 (Wikisara). La chaussée ancienne y suit la rue Principale (D189), puis la «route d’Aumale» jusqu’à la rue Porte-Boiteux à Poix. Nous voici dans une ville-carrefour, avec les itinéraires historiques de Paris à Calais et de Rouen à Amiens… Et qui a donc souvent subi les violences des envahisseurs: en 1346, quelques jours avant le désastre de Crécy, Edouard III d'Angleterre pille et brûle la cité; plus tard, rebelote en 1472, le colérique Charles le Téméraire, mis en échec devant Beauvais avec le concours de Jeanne Hachette, assouvit sa rage sur les pays voisins et incendie la petite cité qui n’avait rien demandé à personne... On quitte la cité par l’avenue de la Gare et la «route d’Amiens» (D141). A dix kilomètres, voilà Quevauvillers, long village-rue qui se distingue (en 2025) par la conservation de deux panneaux en ciment Michelin de la R.N.29 non loin de la mairie, chaussée Thiers. Le village, dit le site quevauvillers.fr, est apparu «à l’époque romaine». Son premier nom fut Equitum Villa (résidence des cavaliers). «C’était, dit encore le site municipal, un relais de cavalerie dont la création était rendue nécessaire par l’apparition d’une voie romaine reliant Amiens (Samarobriva) à Rouen (Rotomagus) vers le Ier siècle». Celle-ci, dont on ne trouve pas trace sur la carte de Peutinger a été cependant signalée par l’érudit picard Dom Grenier, voit-on dans l’article «La voie Bavay-Rouen: découvertes récentes», Lydie Blondiau et Pierre Leman.
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Entrée dans le bourg de Poix-de-Picardie (photo: Marc Verney, mars 2025). |
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Bel ensemble Michelin à Quevauvillers (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Plus loin, après le lieu-dit Maison-Blanche, au pied du village de Clairy-Saulchoix, se trouvaient deux «auberges», signale la carte d’état-major 1820-1866 publiée par le Géoportail de l’IGN. Sur l’une d’entre-elles, on peut admirer une plaque de cocher de la route n°29 très bien réhabilitée (on dit rechampie). «L'emplacement du lieu, écrit Wikipédia, au bord d'un plateau dominant la voie normale de passage d'Amiens vers Rouen le prédestinait à avoir un château fort assurant la surveillance de cette liaison». Et, en effet, continue l'encyclopédie en ligne, «une butte élevée marquait encore, à la fin du XIXe siècle, l'emplacement d'un château féodal». Amiens n’est plus qu’à une dizaine de kilomètres. On passe tout d’abord le bourg de Salouël, devenu au fil du temps une banlieue d’Amiens. Puis on traverse la rivière Selle, un affluent de la Somme au niveau de Pont-de-Metz. L’ouvrage, modeste, nous dit le site pontdemetz.fr, était cependant à péage: «Un arrêt du Conseil d’Etat du Roy du 8 mars 1746 porte confirmation du droit de péage. Le droit de travers a cessé d’être perçu après l’abandon des droits seigneuriaux en 1789». Puis la rue de Rouen, longue et sinueuse, s’introduit dans la ville d’Amiens par le faubourg de Beauvais. Celui-ci, à vocation essentiellement agraire à l'origine, se développe au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Fortement touché par les bombardements allemands de 18 et 19 mai 1940, le faubourg, «structuré par les rues de Rouen et de Paris, est constitué majoritairement de maisons individuelles en brique de type "maison amiénoise"», précise Wikipédia. Et voici le centre d’Amiens, cerclé par les boulevards, bâtis au début du XIXe siècle sur l’emplacement des anciens remparts de la ville. La cité antique d'Amiens (Samarobriva, littéralement pont sur la Somme) se développe rapidement au Ier siècle pour devenir l'une des plus vastes cités de la Gaule romaine. Point d'accès privilégié sur l'axe allant de Lyon à Boulogne-sur-Mer, la ville comptait alors près de 25.000 habitants (plus que Lutèce!). Pillée par les Normands, elle est réunie au royaume de France en 1185 par Philippe Auguste et dotée d'une enceinte fortifiée. Le XIIIe siècle est faste: c'est la naissance de l'industrie textile à Amiens avec, parallèlement, le commerce de la waide, «l'or bleu» de la ville, une petite fleur jaune, qui adore les sols calcaires de l'Amiénois. Broyée et longuement séchée, elle permet d'obtenir un magnifique pigment bleu teintant les tissus... Jusqu’au XIVe siècle, l'argent ainsi récolté par ce négoce a considérablement enrichi la ville, ce qui a contribué au financement de sa belle cathédrale, la plus grande de France!
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La plaque de Clairy. Notez les indications en milliers de mètres (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Touchée par la guerre de Cent Ans, Amiens est occupée par les Bourguignons jusqu’en 1471. Libérée de ce joug par Louis XI, elle accueille les artisans chassés d'Arras pour avoir soutenu la cause de Charles le Téméraire. Ceux-ci introduisent en ville la sayetterie, draperie légère bon marché, qui utilise de préférence des laines espagnoles plutôt que les laines anglaises plus coûteuses. Après une période sombre due aux guerres de Religion, avec «la paix revenue, dit le Guide du Routard Picardie, la fabrication des textiles reprend de plus belle. Aux XVIIIe et XIXe siècles, le monopole de la fabrication du velours (dit d’Utrecht) va considérablement développer Amiens». En mars 1597, les soldats espagnols, qui possèdent l'Artois, s'emparent de la ville. La réaction d'Henri IV est rapide: des fantassins et des cavaliers investirent Amiens du côté nord afin de couper tout convoi provenant des possessions espagnoles. Mais il faudra six mois à l'ingénieur Errard de Bar-le-Duc pour reprendre Amiens, qui sera fortement fortifiée. La paix ne revient qu'en 1659 avec la signature du traité des Pyrénées où Louis XIV obtient le comté d'Artois et différentes places flamandes. Après la Guerre de succession d'Espagne, la Picardie, en paix, peut se consacrer à l'embellissement de sa capitale. En 1738, le port d'amont est construit, ce qui provoque une première brèche dans les remparts. Puis, en 1746, à l'ouest de la ville, une promenade et un plan d'eau sont aménagés à La Hotoie par l'intendant, Jacques-Bernard Chauvelin, raconte Wikipédia. En 1767, le nom des rues est indiqué à chaque croisement et un numéro attribué à chaque immeuble. Parallèlement, l'éclairage public est amélioré, les lampes à huile à plusieurs becs se substituent aux lanternes à chandelle. A la fin du XVIIIe siècle, le développement de la concurrence et l'évolution de la mode obligent l'industrie textile amiénoise à se diversifier. L'industriel Alexandre Bonvallet fonde dans le faubourg Saint-Maurice, la manufacture d'impression sur étoffe amiénoise, six autres manufactures similaires se créent entre 1775 et 1779. L'industrie amiénoise se tourne aussi vers un autre type de production. En 1762, Honoré Matifas introduit à Amiens la fabrication de velours de coton. Trois ans plus tard, dit Wikipédia, Morgan père et fils s'associèrent avec Delahaye pour créer une manufacture de velours de coton et de velours d'Utrecht (velours d'ameublement). Deux siècles durant, Amiens sera la capitale française du velours. A la fin de l'Ancien Régime, le chemin vers Albert (notre R.N.29…) était suivi, chaque mardi par un chariot qui mettait huit heures à faire les 28 kilomètres du trajet...
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Plaque de cocher dans la rue de Rouen, à Amiens (photo: Marc Verney, mars 2025). |
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Entre architecture gothique et Art déco, on est gâtés à Amiens (photo: Marc Verney, mars 2025). |
Peu avant la Révolution française, Amiens est en crise. La production textile est en fort recul, ce qui est lié à la mode des cotonnades mais aussi aux importations de textiles anglais favorisées par le traité de libre-échange franco-anglais. Des milliers de chômeurs doivent être embauchés, en janvier 1789, pour des travaux de voirie. En mars 1790, Amiens est le chef-lieu du département de la Somme. Au début du XIXe siècle, la ville est toujours enserrée par des remparts qui limitent son extension. Les activités industrielles, teintureries, tanneries, tissage et l'habitat ouvrier se concentrent dans le quartier Saint-Leu, en bord de Somme. Les faubourgs de Noyon, de Beauvais, de La Hotoie, de Hem, Saint-Maurice et Saint-Pierre gardent un aspect champêtre et restent peu peuplés, décrit Wikipédia. Sous la Restauration et la monarchie de Juillet, la ville est un perpétuel chantier. De 1814 à 1848, François-Auguste Cheussey, architecte de la ville d'Amiens, transforme radicalement la ville médiévale en ville aérée. Il fait restaurer la cathédrale, percer des rues, et surtout niveler les fortifications à la fin des années 1820. Celles-ci sont remplacées par une ceinture de larges voies dits «boulevards intérieurs». Le Second Empire est pour la Picardie une période de prospérité avec le développement de l'industrie et le prolongement du réseau ferré: en 1867, c’est la mise en service de la ligne Amiens-Laon et de la ligne Amiens-Rouen après Paris-Lille en 1846. En 1872, l'écrivain Jules Verne s'installe à Amiens, la ville natale de son épouse. Elu en 1888 au conseil municipal, il fut un partisan déterminé de la construction du cirque municipal, inauguré le 23 juin 1889 pour le centenaire de la Révolution française, raconte Wikipédia. Il meurt à Amiens le 24 mars 1905. La ville est brièvement occupée par les Allemands, du 31 août au 10 septembre 1914. Elle sera un carrefour logistique fortement bombardé où passèrent de nombreuses troupes notamment britanniques, australiennes, canadiennes et des tonnes de matériel militaire. En 1924, la demande municipale de dommages de guerre est rejetée par l’Etat et la reconstruction reste cantonnée au redressement de certaines rues et à l’alignement de nouveaux immeubles. Le 20 mai 1940, les chars allemands pénètrent dans Amiens, malgré une féroce résistance française, et, cette fois, l’armée nazie y restera jusqu’au 31 août 1944, jour de la libération de la cité par les Britanniques. Le 18 février 1946, la ville adopte le plan de reconstruction de Pierre Dufau, mais le fait notable de cette époque est la réalisation, entre 1949 et 1952, de la Tour Perret (signée de l’architecte du même nom), située en face de la gare du Nord, et qui fut en son temps le plus haut gratte-ciel d'Europe de l'Ouest. Aujourd’hui, la cathédrale, les hortillonnages, le quartier Saint-Leu, véritable «petite Venise du Nord», font d’Amiens une ville bien agréable à visiter… On quitte la ville par le pont sur la Somme canalisée (ouvrage de 1967) puis le boulevard de Beauvillé et l’avenue de la Défense-Passive.
Marc Verney, Sur ma route, mai 2025
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R.N.16:
LE COEUR AU NORD
La RN16 de 1959 relie Pierrefitte-sur-Seine à Dunkerque en passant
par Creil, Clermont, Amiens et Doullens. Nous voilà à la rencontre des Ch'tis! (lire) |
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R.N.29: LE NORD ENTRE EN SEINE (II)
La deuxième partie de la R.N.29 historique nous fait passer par les terribles champs de bataille de la Somme et le nord industriel. Historique! (lire) |
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