Dijon vu par Henri Boland, En douce France (Hachette, 1910): "Est-il bien nécessaire d'appeler l'attention sur Dijon? Oui, car si tout le monde y passe, comme sur le pont d'Avignon, trop peu de personnes s'y arrêtent, trop de touristes ne connaîssent de la capitale de la Bourgogne que sa gare, son buffet justement renommé, son pain d'épices et sa moutarde universellement célèbres. Il faut réagir contre cette paresse, dire et répéter que Dijon est une des villes intéressantes de France et qu'une grande journée y est employée à visiter les églises Saint-Bénigne, Saint-Michel et Notre-Dame, le musée avec les tombeaux des ducs de Bourgogne, les restes de la Chartreuse de Champmol, à se promener sous les ombrages séculaires du Parc puis dans la rue de la Liberté (...) où l'on rencontre le "Tout-Dijon" entre 5 et 6 heures du soir."

Le jardin Darcy. (Photo: MV, oct. 2005)

Dijon au XVIIIe siècle, vu par Claude Courtépée (savant, historien bourguignon): "La figure de la ville forme un ovale presque parfait qui a treize cent cinquante toises de circuit. On y entre par cinq portes: la porte Guillaume au nord-ouest, à laquelle aboutissent les deux routes de Paris par Auxerre; la porte d'Ouche, au sud-ouest, route de Lyon; la porte Saint-Pierre, au sud-est, qui conduit du côté de Besançon et de la Suisse; la porte de Bourbon, au nord-ouest, où se terminent les routes de Lorraine et d'Alsace par la France-Comté, de Paris et des Flandres par la Champagne. Dijon est, pour les cartes routières, un point central où aboutissent les principaux chemins royaux qui traversent la France. (...) On compte à Dijon cent rues, quinze places et 2266 maisons... (...) La plupart des rues sont fort larges et ornées de beaux bâtiments; le soin que l'on a de faire se renouveler le pavé et de l'entretenir en bon état de pavé d'équerre, fait regarder Dijon comme l'une des mieux pavées du royaume." (Source: La Bourgogne vue par les écrivains et les artistes, éd. Louis Michaud).

Neuvième étape: Dijon-Dole
KM 315: LE BON VIVRE A DIJON
Nous voici à Dijon, la capitale des ducs de Bourgogne... "Dijon est une délicieuse ville, mélancolique et douce. Je me suis promené sur les vieux remparts. L'automne leur va bien. L'automne est une saison charmante. Les arbres y sont dans toute leur beauté: on voit le feuillage comme en été et le branchage comme en hiver..." Victor Hugo, dans France et Belgique (1839) a bien compris l'essence de la cité: une belle fleur à effeuiller pétale après pétale...

Dijon, vue générale depuis la tour Philippe-le-Bon (Palais des ducs). Nous sommes dans les derniers jours d'octobre et pourtant une brume quasi estivale recouvre les toits de la vieille cité... Au premier plan, la cathédrale Saint-Bénigne et au fond de l'image: le quartier récent de la Fontaine-d'Ouche (Photo: Marc Verney, octobre 2005). Cliquez sur l'image pour continuer la promenade.

Quelques mots sur l'histoire de Dijon: la cité est fondée au IIIe siècle avant J.C. par les Romains sous le nom de Divio. Lors des invasions barbares s'y élève un camp fortifié, le castrum. Plus tard, au Moyen Age, Dijon est un assemblage de petits bourgs. En 1137, un terrible incendie détruit entièrement la ville, construite en maisons de bois. Les habitants engagent alors la construction d’une nouvelle et vaste enceinte conçue pour englober les faubourgs y compris l’abbaye Saint-Bénigne. Cette muraille contiendra l’essentiel de la vie urbaine jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Dijon devient alors un centre commerçant notable étant donné sa position géographique. La cité se couvre de paroisses. On évoque alors la "ville aux cent clochers".

A gauche, la place Darcy et la porte Guillaume (photo: MV, oct. 2005). A droite, le Jacquemart, fierté de Dijon, une horloge mécanique datant de 1383 ramené par Philippe le Bon de Courtrai (photo: MV, mars 2010).

Dijon connaît une renommée flamboyante avec la dynastie des ducs Valois de Bourgogne, Philippe le Hardi, Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire (1363-1477). Dijon devient un important centre artistique et politique. En 1513 à la suite du siège de Dijon par les Suisses, le gouverneur la Trémouille commande le renforcement de l’enceinte. Dans le centre-ville, Hôtels particuliers et maisons de riches bourgeois adoptent le style de la Renaissance italienne, interprété notamment par Hugues Sambin, artiste local.

Au XVIIIe siècle, la ville s'impose comme la capitale économique et politique de la Bourgogne. Point de convergence de sept routes royales, Dijon affirme son rayonnement. A l'époque, deux modifications urbanistiques majeurs fondent le Dijon d'aujourd'hui: la place Royale en hémicycle créée par Jules Hardouin-Mansart (actuelle place de la Libération), et la rue des Princes-de-Condé, aujourd’hui rue de la Liberté. En voyage de Paris à Genève, Rousseau s'arrête à Dijon le 9 juin 1754.

En 1851, le prince Louis Napoléon Bonaparte inaugure la ligne de chemin de fer Paris-Dijon-Lyon-Marseille. Cette réalisation importante, due à l’opiniâtreté du maire Victor Dumay et de l’ingénieur Darcy, déclenche le début du développement industriel et urbain de la ville. Il faut alors s'extraire des murailles. En 1867, un projet de plan d’urbanisme inspiré d’Haussman proposé par Degré et Jetot est décidé au milieu d’intenses polémiques. En 1977, Dijon emporte le titre envié de première ville écologique. Cette nouvelle politique urbaine manifeste un véritable acte de foi sur l’avenir des centres anciens. Elle se concrétise par la mise en place de programmes importants: constitution d’une ceinture verte, création de grands parcs autour du centre, réhabilitation du centre-ville, aménagements de quartiers nouveaux à l'échelle humaine... En 2006, c'est l'une des villes où il fait le meilleur vivre en France. En 2013, le centre est sillonné par les rails du tramway, un chantier qui a profondément modifié la physionomie des rues de la capitale des ducs de Bourgogne (Sources: ville de Dijon, Communauté de l'agglomération dijonnaise).

A gauche, la rue de la Liberté, la pricipale artère de la ville, arbore fièrement les couleurs des ducs de Valois-Bourgogne. A droite, toit bourguignon typique de l'hôtel de Voguë (Photos: Marc Verney, oct. 2005).
"Dijon, ville d'art. La Route Blanche, traversant Dijon au cours du grand voyage Paris Genève Mont-Blanc, est jalonnée par une étape intéressante entre toutes et qui doit retenir les voyageurs et les touristes au carrefour des routes. Si l'on se place plus spécialement sur le plan gastronomique et touristique, l'on peut dire que Dijon offre à ses visiteurs un aliment complet: on y trouve, en effet, réunies la nourriture artistique, la nourriture spirituelle et puis la nourriture tout court. (...) Qui pourrait résister à l'attrait d'un tel régime? Dijon donne toutes les espérances et toutes les satisfactions. Les voyageurs de la Route Blanche s'arrêteront à ce carrefour et marqueront par un séjour prolongé l'intérêt qu'ils y trouveront." Ces phrases sont extraites de l'ouvrage La Route Blanche (roman franco-suisse), Maurice Baldou, imp. Darantière, 1946)