Ancien panneau de la N5 à la sortie de Morez vers les Rousses (Photo: MV, avr. 2006).
Quelques extraits du livre La route blanche (Maurice Baldou, 1946, imp. Darantière): "La descente sur Morez offre un spectacle surprenant (...) la vue de tous ces viaducs au-dessus de la ville est saisissante. (...) La cité des lunetiers s'étend sur une longueur de deux kilomètres; de tous côtés des fabriques de lunettes affichent leurs marques et de véritables usines d'horlogerie laissent visiter leurs ateliers. On y construit de monumentales horloges comtoises, enluminées de fleurs et de sujets champêtres, avec de beaux balanciers visibles, ainsi que d'immenses horloges de clocher, de dimensions parfois extraordinaires."

Le site Internet de l'office du tourisme de Morez (lire)

Route vers la Suisse: L'axe commercial passant par Morez et le col de St-Cergue se développe dès le XVe siècle. Une nouvelle route Paris-Genève est construite entre 1754 et 1758; c'est grâce à l'influence de l'industriel Jean-Baptiste Dolard (dont il a été question plus haut) que cette route passe par Morez et non pas par Saint-Claude. Le tracé de la route a beaucoup varié, dans son histoire; la partie actuelle du Turu par exemple a été construite de 1839 à 1843.

Douzième étape: Saint-Laurent-en-Grandvaux-la Faucille
KM 457: MOREZ, C'EST A VOIR...
Bien calée au fond de sa vallée, la ville de Morez se proclame fièrement "capitale mondiale de la lunette". Il faudrait être myope, en effet, pour ne pas voir toutes ces anciennes fabriques de binocles, dont l'origine remonte à 1796. Et dire que tout a commencé avec un clou...

La rue principale de Morez sous le cagnard de juillet (Photo: Marc Verney, juillet 2006).


Affiche dans le centre de Morez. (Photo: MV, avr. 2006)
Quelques mots sur Morez: au tout début, la ville, en raison de sa position encaissée au fond du val de Bienne n'était qu'un site où étaient installés de nombreux moulins. Certains étaient spécialisés dans la fabrique de clous (tréfilerie). C'est ainsi qu'en 1796, un certain Pierre-Hyacinte Caseaux a réalisé une première monture avec un gros clou de sa fabrication. La lunette était née!! La réalisation industrielle n'arrive que plus tard, au milieu du XIXe siècle. Cet essor est dû à l'opiniâtreté de Pierre-Hyacinte Lamy, qui ira vendre sa production jusqu'à la foire de Beaucaire. A partir de là, le succès des lunetiers de Morez s'affirme et les entreprises sortent jusqu'à douze millions de paires par an. Aujourd'hui, concurrence asiatique oblige, la cité connaît une période de crise, mais veut garder son dynamisme: un musée de la Lunette tout neuf a été bâti en face de la mairie, place Jean-Jaurès (ouvert tous les jours de juin à août de 10h à 13h et de 14h à 18h, fermé le mardi et les jours fériés le restant de l'année).
Publicite peinte dans le bas-Morez. (Photo: MV, avr. 2006)
Le travail de l'émail est une autre spécialité de Morez. Cette activité est arrivée dans la cité à l'instigation des horlogers lorsqu'il a fallu installer des cadrans sur les horloges comtoises fabriquées dans la région. L'émail sert également de support publicitaire, et, sujet plus proche de ce site Internet, de signalisation routière. Morez a d'ailleurs longtemps été une ville leader en la matière. Ultime trace de ce passé routier, l'usine des panneaux de signalisation Girod, située à Bellefontaine, juste à côté. Il est dommage que Morez n'ait pas gardé de traces de ces anciennes signalisations qui s'affichent partout ailleurs sur les murs de la France-Comté. Pour les amateurs: la Maison de l'émail, 171, rue de la République.
En consultant le Guide littéraire de la France (Hachette), on découvre que Morez a été choisie par Jean-Baptiste Dolard (arrière-grand-père maternel de Lamartine) pour y installer plusieurs usines... et que la cité est la ville natale de l'helléniste Victor Bérard (1869-1931); on lui doit notamment Les Phéniciens et l'Odyssée, La résurrection d'Homère, La navigation d'Ulysse... Enfin, Morez a été décrite par Xavier Marmier (Les mémoires d'un orphelin) et John Ruskin (Praeterita).

A gauche, une ancienne fabrique de lunettes dans le bas-Morez. A droite, un des viaducs ferroviaires qui dominent la petite cité (Photos: Marc Verney, juillet 2006).